L’information de la semaine, à savoir le lancement en Tunisie et en avant-première mondiale du nouveau bolide de la marque Porsche, n’a dû échapper à personne. L’information, lancée par « TAP Propaganda », a aussitôt été reprise par l’ensemble des journaux en ligne, chacun y mettant un peu du sien pour donner à ce micro-évènement une dimension nationale, presque patriotique…

Mais de quoi s’agit-il au fait? Une marque positionnée sur le marché de l’automobile de luxe, en manque de ventes, lance un nouveau modèle dans un contexte mondial marqué par la crise économique et par une chute vertigineuse des ventes mondiales de voitures, qu’elles soient luxueuses ou pas. Mais en Tunisie, l’information est présentée comme étant un évènement d’envergure : « une prouesse qui témoigne, si besoin est, d’une forte conviction du constructeur allemand dans les potentialités du marché tunisien, le savoir-faire et l’efficacité commerciale de son concessionnaire tunisien ». Le concessionnaire en question n’est autre que la société Ennakl…

Quelles sont donc ces fameuses potentialités du marché tunisien pour vendre cette machine qui sera facturée au prix indécent de 250 000 DT (140 000 €), soit plus de 1000 fois le SMIG tunisien ? D’après le concessionnaire tunisien, ce « fort potentiel » est estimé à 40-50 ventes par an. Ce qui représenterait un Chiffre d’Affaires d’environ 7 millions d’€ par an pour le constructeur, soit moins de 0,5% de son CA mondial, si l’on se base sur les résultats du groupe au cours des 9 derniers mois (4,6 milliards d’€). Pas si fameux que cela le potentiel finalement…

Le Directeur Commercial de la marque, quant à lui, se montre plus prudent sur « le potentiel du marché tunisien », et préfère invoquer « la stabilité économique du pays » et « ses performances économiques appréciables » pour justifier le choix de notre pays. Comme si le monsieur s’apprêtait à commercialiser des centrales nucléaires pour justifier la prise en compte de critères politiques et économiques pour choisir où il va lancer son produit en premier…

Beaucoup de bruit pour rien, donc. Ou presque…Car ce qu’il faut retenir de ce grand pas en avant vers le progrès et la modernité que vient de réaliser la Tunisie, c’est bien entendu «La stratégie avant-gardiste et visionnaire de notre président- directeur général, M. Mohamed Sakher El Materi, et ses excellentes relations avec les membres du directoire de Porsche A.G nous ont fait bénéficier d’une confiance certaine auprès de cette marque prestigieuse ».

Dans l’art de la récupération politique, rien ni personne ne pourra rivaliser avec la propagande tunisienne !

Carpe Diem