Pour prendre l’exemple du blog collectif de Nawaat, nous ne sommes, tel qu’indiqué dans « l’à propos de blog », inféodés à aucun parti politique, ni mouvement ni ONG d’aucune sorte. Pourtant, le blog respire, mange et suinte à chacun de ses recoins la politique. Et pour cause, nous avons eu droit à toutes les étiquettes, mais en vain tant nous sommes inclassables. La seule étiquette qui unit les participants au blog de Nawaat, c’est celle qui consisterait à relever que nous militons avec vigueur pour nos droits fondamentaux et que nous aspirons à des changements politiques profonds en Tunisie en faveur d’une vraie démocratie respectueuse de la personne humaine. Et la censure est au centre de nos préoccupations.
Or, et pour revenir aux derniers événements en matière de lutte contre la censure en Tunisie, la confusion constatée entre l’aspect « apolitique » et la non-inféodation à un quelconque parti ou mouvement politique est intellectuellement et méthodologiquement malhonnête. La lutte contre la censure est, en effet, l’un des piliers de tous les combats politiques. Cette lutte est politique par sa nature, par son contenu et par ses moyens d’expression. Et parmi ces moyens d’expression, l’organisation de manifestations en la forme de réunions pacifiques sur la voie publique ou sur internet incarne un moyen de revendication dont le caractère politique ne saurait être nié par quiconque ayant un minimum de lucidité.
Faut-il du reste rappeler que l’on ne manifeste pas dans la rue pour se faire entendre par « Titus, le sublime », roi des primates des Grands Lacs africains, mais bel et bien par des politiques. Or, prétendre qu’une manifestation, politique par nature, est « apolitique », s’avère en réalité le meilleur moyen de l’inféoder politiquement à un parti en particulier et à lui promettre l’allégeance éternelle… à lui, et à aucun autre ! .
En outre, reprocher à tout parti de s’intéresser à ces revendications populaires contre la censure sous prétexte de vouloir l’instrumentaliser est une attitude singulièrement malsaine. Certes, craindre l’instrumentalisation et être alerte pour ne pas être roulé dans la farine par l’opportunisme politique de certains est de bonne guère. En revanche, vouloir à tout prix stériliser le champ politique par un hypocrite slogan « apolitique » est aussi malsain que l’opportunisme partisan contre lequel on désire lutter.
Et tant qu’à faire, j’attire l’attention sur un fait qui pourrait échapper à certains : toute entreprise de mobilisation populaire, quelles que soient ses revendications, suppose le leadership d’un individu ou d’un groupe qui prend en charge l’organisation et l’animation de cette mobilisation. Or, ce leadership est politique de par l’influence sociale tout comme le poids médiatique qu’il accorde à ses auteurs. Ce leadership est politiquement, professionnellement et électoralement monnayable (pardon pour le cynisme de mes propos). Celui qui dit le contraire est un menteur.
Et face à l’adhésion populaire en matière de manifestations politiques, il y a le choix entre trois attitudes :
– soit monnayer la mobilisation de tous les manifestants contre la censure, et ce, au plus offrant en terme politique (c’est-à-dire en soutenant ouvertement tout parti à l’écoute et qui propose concrètement la prise en charge politique des violations de nos libertés fondamentales, quel que soit son bord politique) ;
– soit la frivolité de l’attente « apolitique » jusqu’à ce que Titus agisse (pourtant, il est bel et bien mort Titus) ;
– soit « péter un plomb » en taxant tous les partis politiques d’opportunisme et croire pouvoir faire soi-même le travail en gravissant les marches du palais de Carthage (et ce, via le raccourci de la rue d’Angleterre, de l’avenue Habib Bourguiba ou de je ne sais quel support web).
De ces trois cas de figure, le premier servirait l’intérêt des Tunisiens, le deuxième l’intérêt politique exclusif de ceux qui prétendent que la lutte contre la censure est apolitique, et pour le troisième, il s’agit d’une instrumentalisation la plus hypocrite qui soit !
Jusqu’à ce jour, j’ai préféré ne pas m’exprimer sur l’étiquette « apolitique » des dernières manifestations contre la censure. Pourtant en privé, je n’ai cessé de pester combien c’était absurde. Et aujourd’hui, je dis non seulement que c’est absurde, mais qu’il faut également stigmatiser de tels discours comme s’adressant à des mineurs et des incapables, et non à des citoyens majeurs et politiquement responsables.
Il y a près de deux ans déjà, parmi les échanges que j’ai eus avec mes amis de Nawaat et qui n’ont rien de confidentiels, j’affirmais que la mobilisation contre la censure était en voie d’être gagnée. Mais pour que cette mobilisation ne demeure pas stérile à l’avenir, on se doit sur nos supports comme celui de Nawaat à contribuer à la politiser. Parce que ce combat est politique ou il n’est pas. Et c’est vrai que depuis quelques années je ris jaune à chaque fois que je vois des initiatives contre la censure dont les initiateurs les présentent comme apolitiques. Quelle hypocrisie en somme qui consiste à prendre le leadership d’une manifestation politique par nature (la mobilisation du public pour la défense d’un intérêt commun) et de prétendre que ce qu’ils font est apolitique. N’étant plus très jeune, cela me fait songer à tous ces noms issus de la société civile qui étaient très entreprenants en matière de mobilisation « apolitique ». Et lesquels noms avaient, dès que l’occasion s’était présentée, capitalisé sur ces positions de leadership (au sein de la société civile) pour faire leur entrée au sein de certaines instances partisanes puis faire un revirement à 180° en matière de revendications légitimes. Je ne suis pas en train de critiquer la passerelle honnête, normale et naturelle entre la société civile et l’activité politique partisane. Ce que je critique c’est l’hypocrisie qui consiste à faire de la politique tout en prétendant le contraire.
Et pour finir, je précise que mes propos ne visent ni Slim, ni Yassine. Bien au contraire. S’agissant de Slim notamment, et pour avoir suivi certaines de ses réactions, il me semble qu’il a été exemplaire. Je dirais même remarquable. Je lui dis bravo tant pour ce qu’il a fait, mais aussi et surtout pour la manière avec laquelle il l’a fait.
Astrubal, le 23 mai 2010.
PS: Tous mes billets postés sur Nawaat depuis quelque temps l’ont été grâce à la gentillesse des membres de Nawaat qui l’ont fait à ma place. Pour des raisons indépendantes de ma volonté, je ne peux malheureusement me connecter sur Nawaat en tant qu’admin sans mettre en danger la sécurité du blog. Mon incapacité à répondre aux commentaires relève du même souci. Aussi, je réitère mes excuses si je n’arrive pas à réagir à temps aux commentaires. Mais, promis, je répondrai à chacun des commentaires dès que la situation le permettra. Pardon encore et merci pour votre indulgence.
eh bien…
Asdrubal, je te fais grâce des remarques sur la forme, sache juste que ce pavé était pénible à lire.
Sur le fond maintenant: il y a 2 possibilités.
Soit tu es incapable de voir l’intelligence stratégique de l’approche dites “apolitique”, soit tu n’en a pas l’intérêt.
Au vu de ton registre d’expression, plus émotionnel et excessif que de raison, je pencherai vers la seconde hypothèse.
A toi de faire ton analyse, ça n’est ici ni le lieu ni le moment de faire de la psychologie de comptoir.
Je préfère apporter un éclaircissement à cette sombre polémique.
Connais-tu Jeremy Bentham ? C’est un mec très cool qui a théorisé la doctrine de l’utilitarisme vers la fin du 18e siècle.
Fast forward. L’objectif est de choisir la solution qui présente le moindre coût.
Mais tiens donc, quel est le coût du fait de se définir comme “politique” ?
C’est simple, cela va effrayer les gens qui seront alors tétanisés par la peur du tyran dont on menacerait ouvertement le règne. Cette méthode, parce qu’elle remet en cause tout le régime, toute l’administration, brusquera tout et tout le monde. Et surtout, c’est une décision mauvaise et irréversible.
Bref, la confrontation frontale dans toute sa crétinerie.
Et l’approche apolitique alors ?
Elle a le mérite de dédramatiser. “Sayeb saleh” est un slogan rafraichissant. Cela change du registre grave, ce qui rend la contestation plus acceptable à endosser par le peuple.
N’oublions pas qu’il est biberonné à la peur dès le berceau.
Aussi, attaquer Ammar (personnage fictif) est 1000x plus acceptable que d’attaquer Ben Ali, il faut voir les choses pour ce qu’elles sont. Et sans l’appui du grand public, nous n’irons pas loin.
Obtenir un Internet Libre, c’est obtenir un espace de débat et de contestation pour la suite des évènements. C’est une étape intermédiaire nécessaire avant de viser des objectifs encore plus ambitieux.
C’est bien beau de vouloir aveuglément respecter les idées, appeler un chat un chat, mais les idées, seules, ne changent pas le monde. Il faut les confronter à la réalité, être flexible, faire des calculs, en somme, être pragmatique.
Sans un minimum de sens pratique, rien ne changera.
Merci pour les fleurs. Je veillerais à en faire bon usage :)
excellente analyse de malek404
@Slim Amamou :
Les fleurs … c’est occasionnel et ça se fane assez vite :) En revanche, l’estime se forge à l’appui des épreuves, c’est pour cela qu’il est durable. Et toi t’as gagné l’estime des Tunisiens…:)
@Malek404 (à ne pas confondre avec Malek de Nawaat)
Ce que je te propose c’est de reprendre le bon vieux Jeremi. Alors ce soir, installe-toi devant ton bureau et juste en face de toi, mets côte à côte les photos de Zouheir Yahyaoui, Aymen Rezgui, Slim Amamou, Faouzi Sadkaoui et Zouheir Makhlouf … pour ne citer qu’eux. Relis et imprègne-toi bien de Bentham en levant de temps à autre les yeux vers les photos en face de toi. Peut-être finiras-tu par saisir la profondeur de la pensée de Bentham. Ne t’arrête pas en si bon chemin, fait un petit tour ensuite par Lacan et reviens sur David Easton et chercher le rapport avec Yadh Ben Achour et Mohamed Talbi. Puis imprègne-toi de Abdelwahab Bouhdiba en essayant de saisir Kelsen. Et si tu penses comprendre où je veux en venir, t’as tort. Car pour cela, il faudra que tu passes par Walter Lippmann en le superposant aux travaux de Larbi Chouikha.
Pour le reste, quand tu écris : « n’oublions pas qu’il [le Tunisien] est biberonné à la peur dès le berceau…», je réponds qu’il faut «stigmatiser de tels discours comme s’adressant à des mineurs et des incapables, et non à des citoyens majeurs et politiquement responsables. »
Ne pas comprendre que la politisation du combat contre la censure va dans le sens de l’histoire, c’est ne pas comprendre qu’il s’agit de quelque chose qui dépasse de loin la personne de Ben Ali. Dans la décennie à venir, cette politisation sera au cœur du combat politique, aussi bien contre les rédempteurs «Mauves», que «Verts » ou de quelque couleur qu’ils soient.
Certains peuvent crier au tabou politique, peu importe. Le but de mon billet est on ne peut plus clair : contribuer à la politisation (au sens citoyen du terme) de cette lutte. Je ne peux pas être plus direct, malgré les tabous. Qu’aujourd’hui je sois susceptible de ramer à contre-courant vis-à-vis de l’opinion majoritaire des Tunisiens sur internet, c’est très possible. Mais depuis le temps, je me suis habitué à ramer à contre-courant. Je n’écris pas pour plaire, mais pour contribuer à un meilleur avenir pour mes enfants et pour mes semblables. Que dans ma démarche je puisse me tromper, l’avenir le dira.
Cela étant, même minoritaire, ce n’est pas grave. Je continuerai à soutenir toute action avec laquelle je partage des dénominateurs communs. Et si demain tu entreprenais une quelconque action citoyenne (et pour peu que tu sois honnête) tu pourrais toujours compter sur mon soutien… mais sans complaisance :). Pour le reste, on aura toujours le temps de se convaincre de la pertinence de telle ou telle stratégie. Ce qui importe, c’est de ne pas pratiquer la politique de la chaise vide (de certains).
Cordialement
Astrubal, le 24 mai 2010.
Bonsoir, une phrase m’interpelle grandement, w j’aimerai en savoir plus sur él i9tira7 élli wraha : “N’oublions pas qu’il est biberonné à la peur dès le berceau”. Donc d’après ta logique, étounsi est un sous-homme, et él mouhima mta3 les éclairés (ya3ni ceux dont le courage leur permet de déceler la peur des autres) de la nation est de ménager la sensibilité de ce tounsi ? té9taré7 de materner la3béd ya3ni ? d’aider la3béd béch yotlbou él 7orréya mté3hom par une nuance verbale ? ce serait pas toi par hasard qui n’assume la légèreté de ton analyse, que tu revendique ? en voulant la justifier par la soit disant peur des autres et l’inférer à l’utilitarisme ?
w bélléhi n7éb na3réf de quel tounsi tu parles ? mthabét ta3réf le peuple tunisien ?
chwaya i7tiraaaaam lé néss !!!!!
Par ailleurs, je cite : “L’objectif est de choisir la solution qui présente le moindre coût”. A ta place j’aurai mis “qui présente le maximum de confort” plutôt que “moindre coût”, khatér ce terme me semble plus approprié.
Puis, je ne vois pas le lien entre cette nuance verbale et l’utilitarisme.
wa a5iran, je cite : ” .. en somme, être pragmatique. Sans un minimum de sens pratique, rien ne changera.”. Je dirai pour répondre que même déclarée apolitique la manif fut interdite, donc on peut se poser des questions quant à son pragmatisme qui va changer la face du monde et les données du jeu.
@Astrubal
“reprocher à tout parti de s’intéresser à ces revendications populaires contre la censure sous prétexte de vouloir l’instrumentaliser est une attitude singulièrement malsaine” ..
je pense qu’il faut rajouter à “parti” le mot “tunisien” car visiblement, les partis français qui souhaitent soutenir cette “action apolitique” sont les bienvenus.
http://manif22mai.wordpress.com/2010/05/20/communique-de-soutien-a-la-manifestation-par-alternative-liberale/
salam.
bravo pour la remarque tounséya, il parait qu’on accepte le soutien des politiques français mais pas des Tunisiens !
Intéressante discussion, intéressants personnages…
Je vous avoue avoir l’impression d’être devant un mur de mauvaise foi, plutôt qu’un mur d’incompréhension. Et l’incompréhension me va très bien parce qu’elle se résout, mais la mauvaise foi, par contre, c’est une autre paire de manches.
J’ai écrit et je maintiens que le peuple tunisien est éduqué à craindre les risques et les fuir. La philosophie du “pour vivre heureux, vivons cachés” ou dans sa forme locale “a5ta rassi wadhrab” est largement répandue.
Je ne confond pas ce que j’aimerai que la Tunisie et les tunisiens soient -un peuple dynamique et créatif qui poursuit le Juste et le Beau- avec ce que la Tunisie et les tunisiens sont, à savoir, un peuple désabusé et craintif, parce qu’on lui a donné de bonnes raisons de l’être.
@Asdrubal:
Mon raisonnement sur la résolution par étapes ne t’atteint pas.
Ton méli-mélo de références académiques ne m’atteint pas non plus.
Bravo pour ton utilisation de la connaissance, à savoir enlever de la clarté au débat, alors même que mon intention était de lui apporter un “éclaircissement”
@tounséya:
à “chwaya i7tiraaaaam lé néss !!!!!” je répond “samaaaaa7ni, mais si je vois la vérité pour ce qu’elle est, c’est pour analyser les vraaaaaais problèèèèmes !!!!!”
Je ne vais pas vous répondre point par point, je respecte vos opinions mais je préfère dire que nous ne sommes pas câblés pareil.
Nous ne tomberons pas d’accord. Pas aujourd’hui. Il faut attendre de voir l’issue de la stratégie sayeb saleh. Et pour votre gouverne on ne juge pas une stratégie au bout d’un mois, et on ne la juge pas non plus sur des objectifs qu’elle ne poursuivait pas.
Bonne nouvelle !
Vous pouvez aussi **agir** selon vos convictions, à savoir de politiser directement le débat afin de s’assurer le soutien populaire nécessaire au changement de la Tunisie.
Allez-y bille en tête.
Je ne pense pas que ça réussira, mais allez-y.
Je n’y crois pas, mais je vous soutiendrai.
Les deux actions vont dans le même sens, dans l’état actuel des choses, multiplier les pistes d’action ne peut pas faire de mal.
Malek404: billahi arrêtons de juger les intentions des gens. On est ici pour débattre d’un sujet qui nous touche tous, on n’est pas des ennemis à ce que je sache. Personnellement, j’ai soutenu et je soutiendrai encore sayeb saleh et toutes les initiatives qui vont dans le sens de notre libération, tout en gardant le droit d’émettre mes critiques et de prendre distance des méthodes ou discours que je considère comme nuisibles à la cause. D’ailleurs je me suis tu pour ne pas parasiter la manif et je l’ai soutenue. Je n’ai commencé à parler qu’après la manif.
Quand tu dis que “Les deux actions vont dans le même sens, dans l’état actuel des choses, multiplier les pistes d’action ne peut pas faire de mal.” , je suis d’accord avec la première partie de cette affirmation, la deuxième est assez égocentrique à mon sens, car en fait ce que tu demandes c’est d’abandonner nos visions de la chose et toute la lutte qu’on a mené contre la censure depuis des années pour adopter la méthode de sayeb saleh ! Tu trouves logique ça !En toute cordialité pour que mes propos ne soient pas mal compris: qui es tu pour décider que l’étape actuelle nécessite, selon toi, une approche apolitique? est-ce que tu es le porte-parole de sayeb saleh ou est-ce que tu parles au nom des gens qui ont manifesté à l’avenue Habib Bourguiba? ne trouves-tu pas arrogant de vouloir unifier tous ceux qui avaient manifesté ici et là sous l’étiquette apolitique? N’est-il pas plus sage de les laissé apprécier leur geste selon leur conscience?
Personne, ni toi, ni moi ni aucun autre n’a le droit de parler au nom d’un combat mené depuis des années et où les initiatives naissent et renaissent. Maintenant, si ton autosuffisance te dit que ta stratégie est la meilleure, ce qui est de ton droit, n’oblige personne à penser de même.
La cause de la liberté d’expression ne se limite pas à Internet, elle est au sein de la chose politique en Tunisie. Si tu veux l’apolitiser, c’est ton choix, et c’est le notre de la politiser et d’aller à contre-courant, ce que d’ailleurs nous faisons depuis belle lurette et on l’assume. On n’est pas ici pour caresser le Tunisien dans le sens du poil.
On n’oblige personne à admettre le fait que le combat de la censure doit être politisé, mais lorsque certains veulent orienter sayeb saleh vers l’apolitque, on ne va pas avaler ça. Du tout !
@Sami:
Demande à quelqu’un qui comprend le français de t’expliquer la phrase “multiplier les pistes d’action ne peut pas faire de mal.” parce que ça veut dire tout le contraire de “abandonner nos visions de la chose et toute la lutte qu’on a mené contre la censure depuis des années pour adopter la méthode de sayeb saleh”. Tout le contraire.
Le reste de ton message a une pertinence nulle puisque tu m’attaques sur quelque chose que je n’ai pas dit.
merci pour la politesse ! et t’es aussi libre d’ignorer le message, ou ignorer le débat tout entier !
pour le reste, oui tu as raison, c’est ma faute; j’ai cru lire “Les deux actions vont dans le même sens, dans l’état actuel des choses, multiplier les pistes d’action ne peut que faire de mal.” J’ai barré le passage relatif à cet argument.
“Tunisie censure : La confusion de l’aspect « apolitique » avec la « non-inféodation » ne peut être que malhonnête”
Je suis d’accord. Pour ce qui me concerne je ne me sui pas identifié à cette action pour cette raison.
Je dirais que chacun son combat.
Refuser l’afficher une orientation politique c’est accepter la victoire de la dictature qui t’autorise à faire tous ce que tu veux temps que tu ne touche pas au pouvoir confisqué.
@tounséya : Merci…, je ne l’avais pas vu. Autrement je ne me serais pas privé de mentionner ce fait et non sans une certaine malice, je l’avoue. Car je trouve que c’est révélateur d’une orientation qui mène droit vers des contradictions pouvant être insoutenables.
@Malek404 : Je pense qu’il est inutile de revenir sur le fond de ton avant-dernier commentaire. Je partage tout à fait les réflexions de Sami. Et évidemment, je t’entends presque dire « le contraire m’aurait étonné ».
Et quand tu écris :« l’incompréhension me va très bien parce qu’elle se résout, mais la mauvaise foi, par contre, c’est une autre paire de manches », ça montre à quel point tu ne t’exprimes que pour prêcher ce dont tu es convaincu plutôt que d’échanger pour faire avancer le débat. Au point où nous en sommes, je pense qu’il est inutile de poursuive ce dialogue de sourds. Pour autant, je persévère à être constructif en te proposant la chose suivante. Si tu as Skype, organise une conférence en invitant quatre ou cinq personnes autour du thème « Les manifestations contre la censure doivent-elles être apolitiques ? ». Cette conférence devra être enregistrée. Parmi les personnes que tu inviteras, tâche d’être équilibré dans tes choix. Surtout, n’invite pas Slim, ni Yassine. Laisse-les en dehors de ce débat. Ils seront plus utiles en ne prenant pas parti sur cette question. Ensuite, et c’est là où ça devient intéressant, crée un blog et publie la conférence en invitant les gens à réagir et à émettre leurs opinions sans aucun tabou ni une quelconque police de la pensée. Mais, d’ici là, de grâce, ne décrétons pas ce que les Tunisiens doivent en penser.
Toujours aussi cordialement
Astrubal
J’ai lu avec un grand intérêt le post d’asdurbal . Eh oui, je suis d’accord avec toi : Une manif contre la censure est par essence politique, prétendre le contraire relève de l’absurde mais de la à prétendre leurrer les masses pour leurs intérêts cela relève du malsain voire du dangereux. Le « pavé » que tu as écrit est une analyse sérieuse et honnête sur le mouvement contre la censure. Sérieux et honnêteté sont deux préalables indispensables à toute discussion politique. Pour rester sérieux est-il possible d’imaginer une toile libre avec par exemple une rue confisquée ou un audio-visuel muselé . J’en doute à moins de croire à un cyber don de la part du pouvoir et de l’accepter. Honnête, il nous faut l’être d’abord pour trancher avec l’hypocrisie du régime et d’autres figures de la place politique et puis et surtout pour entamer un partage de la discussion sans en censurer les intervenants. La peur est légitime pour nous tous. Par contre la dépolitisation est le fléau qu’on se doit de combattre pour pouvoir prétendre à n’importe quelle liberté.
Il reste un point essentiel de ton analyse que je trouve sujet à débat. Parmi les éventualités que tu as envisagées pour ce mouvement tu as proposé le choix de le monnayer aux partis politiques qui le soutiendraient. J’ai compris ton choix dans un sens stratégique. Or il existe à mon sens, plusieurs écueils à ce destin. D’abord ces partis (deus trois voire quatre) n’ont ni pas par leur passé ni dans leurs demarches actuelles fait preuve de l’intention ou de la capacité a susciter ou à proposer un débat ou ils soumettent vraiment leurs propos à l’analyse et à la critique. Ces partis font le bruit de fond du silence ; et c’est mon avis. Le deuxième danger est celui, bien sur, de récupérer sous le mode partisan un mouvement populaire, car deléguation du pouvoir est un mal qui nous rong. Le parti qui fera le boulot gagnera à renforcer ses seules idées alors qu’il s’agit d’instaurer un débat entre plusieurs idées. Le troisième point qui me semble important à souligner est que notre petite et précaire vie politique souffre d’immobilisme, un debat non partisan peut générer de nouvelles formes et structures de lutte, rater ces occasions pour revenir aux modes traditionnels partisans avec les mêmes partis et les mêmes méthodes serait stériliser une vie politique déjà pas très féconde. Pour moi la possibilité que tu n’as pas évoqué et qui je l’avoue et peu probable dans les conditions actuelles c’est la voie par la quelle une discussion publique politique assumée engendre sa propre forme. Discuter de la censure est certe politique mais ne gagne rien à devenir politicien. Les membres de chaque parti peuvent tout au plus y participer en tant que citoyen et si leurs expériences de luttes sont profitables il est de leur devoir de les soumettre au mouvement et non d’en profiter. Laisser la vie politique renaitre d’une naissance naturelle est le seul gage de sa viabilité. Endosser les mêmes habits partisans ne rendra que plus contrôlable la revendication. Le but n’est pas carthage mais la tunisie !
@Malek404: Donner des leçons sur le côté lâche et peureux des tunisiens quand on écrit avec un pseudo, c’est quand même un comble! Puisque tu fais la différence entre les tunisiens comme ils sont et comme ils devraient être, on te propose de commencer par toi. C’est un moindre coût selon bentham si on dit qui tu es? Au moins tu pourras assumer tes idées, vis-à-vis du peuple que tu traite de lache et de la police politique qui passe ces journées à lire tous ces commentaires.
eh bien je vois que j’ai à faire à une charmante petite clique bien soudée.
Je n’avais pas compris qu’ici les commentaires servaient à abonder dans le sens de l’auteur, ni même à voir systématiquement ses propos déformés. La mauvaise foi continue, mais tous ceux qui auront lu attentivement verront que j’ai été cohérent, courtois, et en aucun cas coercitif.
en quelques mots:
@Sami: il aurait fallu barrer bien d’autres parties de ta diatribe contre moi. Tu m’as mal lu, la présomption d’innocence s’applique toujours donc je te crois, mais dans le reste de ton message, tu as continué à assumer que je voulais *obliger* les gens à adopter ma vision des choses. Alors que c’est tout le contraire. D’ailleurs, tu avances que je défends l’apolitisation du débat, alors que pas du tout, je défends le fait de le présenter comme apolitique (occulter le politique car en Tunisie c’est tabou) histoire de faciliter un engagement citoyen massif. Je répète. Massif. Pas seulement les 5% d’optimistes qui n’ont pas peur de prendre de risques.
Similairement, ****mais sans rapport direct à part l’analogie du mode de pensée****, c’est ce qu’on fait avec quelqu’un de pathologiquement susceptible, on use de diplomatie. C’est un peu d’huile dans les rouages, yamin 3ach pour la suite, je dis, et j’ai toujours dis, que ça à l’air malin comme début. Je répète. Début.
A ce stade ci, tu as déjà surement trouvé 2 ou 3 façons de déformer mes propos pour m’attaquer par la suite.
@Asdrubal: Tu arrives à rester constructif dans ton propos et je t’en remercie. j’y reviens.
Une simple remarque sur une Nième déformation de propos.
Je parle de résoudre l’incompréhension, et tu assimiles l’incompréhension au fait de prêcher plutôt que d’échanger. Saches que pour la plupart des gens, résoudre une incompréhension, c’est se comprendre, échanger pour comprendre l’argumentaire de l’autre, qu’il soit différent ou concordant.
Pour la conf skype, j’aime beaucoup. Mais je ne suis pas compétent pour ce type d’organisation (c’est une affaire de carnet d’adresse) et je pense que c’est un débat qui intéresse relativement peu de gens. J’essaye de me rendre utile autrement. De plus, pour refléter ce que je dis, le thème devrait plutôt être « L’amorçage des manifestations contre la censure ont-elles plus de chances de réussir en se **présentant** comme hors de la politique? »
@Mehdi B.R : Si je donne des leçons, merci de citer les passages en question. Je choisis soigneusement mes mots et fait mon possible pour être clair. Je n’ai pas donné de leçon, je défend pourquoi je trouve la démarche actuel intelligente et pourquoi je pense qu’elle peut réussir. Aussi être peureux, c’est par exemple avoir peur d’une coccinelle, c’est différent d’avoir peur, un réflexe somme toute raisonnable quand on a des raisons valables (les geôles tunisiennes, une entreprise de destruction économique, sentir un rapport de forces fortement à l’avantage de l’autre partie, ce sont des raisons qui peuvent être considérées comme valables).
Je fais la différence entre ce que les tunisiens sont et ce qu’ils devraient être, pour dire que si on s’adapte à ce qu’ils sont, on peut encore obtenir des résultats, et que les changements plus fondamentaux pourront venir après. Le reste de ton message n’est pas pertinent puisque tu essayes de retourner contre moi des propos que je n’ai pas eu.
Persévères, tu peux, si tu le veux, continuer à déformer mes propos, sortir des citations de leur contexte, mentir, me faire un procès d’intention, ou encore, invoquer Hitler. Tout bon dialogue de sourds finit par invoquer Hitler.
@La Clique:
Vous aurez le “dernier” mot.
Mais pas de la façon que vous espérez.
Franchement je suis un peu découragé pour répondre à tous ce qui a été dit pendant cette discussion très tendue à mon gout :)
Pour couper court à cette joute verbale stérile sur des subtilités rhétorique je vais publier ici deux extraits des conversassions du groupe de l’organisation de l’opération “Nhar 3la 3ammar”. Je peux les publier parce que ses discussions étaient publiques :
Le premier est de Slim Amamou alors qu’on discutait de…l'”apolitisme” supposé de cette manifestation :
“Reality check : réveillez vous c’est de la politique qu’on est en train de faire là. La politique c’est nous. Depuis quand la politique c’est dégoutant? Pourquoi on devrait s’en défendre ou exclure ceux qui font de la politique autrement? (d’une manière classique par exemple)”
le deuxième est de moi :)
“il faut être naïf pour penser que cette manif va être perçue comme apolitique par les flic…il faut aussi être naïf pour croire qu’une manif en Tunisie peut être apolitique…”
Le troisième c’est tout simplement ce qui est écrit sur le blog et sur la page fb pour présenter la manif. Se ne sont pas des extraits mais le paragraphe complet. j’ai beau chercher le mot “apolitique”…:
“La manifestation est indépendante de tout parti politique ou association. Elle sera pacifiste. Son but est de demander l’arrêt définitif de la censure sur Internet et la réouverture de tous les sites censurés.”
et c’est pour ça que je trouve regrettable qu’on parte dans des procès d’intentions…
il y a eu des maladresses et des sur-réactions de certaines personnes mais qui ne faisaient qu’exprimer leurs propres opinions et à ce que je sache il y ont bien droit :)
Pour répondre à @tounsya dont la remarque sur les soutiens étrangers me rappelle le discours des petits nazillons rcdistes. concernant ce communiqué de soutien sur le blog, il a été posté par erreur, il était censé l’être sur une page qui regrouperait tous ce qui a été écrit sur la manif…mais bon encore une fois un procès d’intention….
Pour le reste je préfère écrire un billet que j’espère apportera qq chose à ce débat…
Je me permets d’ajouter ma réponse au débat: http://scoubidou.posterous.com/sayeb-salah-politique-ou-pas-pouf-pouf
TOUT ACTION EN tunisie tient du politique forcément, c’est la dictature qui l’impose, j’ai lu sur
“18.TOUT ACTION EN tunisie tient du politique forcément, c’est la dictature qui l’impose, j’ai lu sur
Comment by Anonymous ”
Censure? OU AUTOCENSURE???
Ceci dit, c’est un texte lourd, plagié et sans aucune perspective ni projection, qu’il fallait peut-être proposer avant la manif, aprés, il n’a aucune valeur, surtout quand il s’inspire d’autres textes publiés en temps et en heure.La fulgurente attaque contre MALEK404, parcequ’il est d’un autre avis, et c’est tant mieux d’ailleurs, par ceux apelle à juste titre la clique, est stupide, quand on manque d’argumentaires, sur ce site, c’est l’union sacrée, d’une façon aveugle et stupide.Enfin c’est cela aussi les tares claniques de certains qui se disent démocrates.