René Naba analyse les événements en Tunisie pour le Jeune Indépendant.
Le Jeune Indépendant : Ces immolations, fait nouveau dans le monde arabe, malgré l’interdit religieux qui paraît ne pas fonctionner, c’est quand même haram ?
René Naba : Certainement haram ! Et douloureux. Il y a beaucoup de choses haram dans le monde arabe qui sont transgressées : la corruption, l’arbitraire, l’autoritarisme, le terrorisme d’Etat, l’incompétence, le népotisme… Haram pour haram, l’immolation est une forme de protestation non pas bureaucratique, mais dans la propre chair du protestataire, au prix de sa vie. Mohamed Bouaâzizi, l’étincelle déclenchante du soulèvement en Tunisie, a fait des siennes. Il a incorporé la dernière stance de l’hymne national de son pays : Namoutou fayahya lwatan. Ce n’est pas le premier dans le monde arabe. Ceux qui vivent la mémoire collective arabe se souviennent parfaitement d’Ahmad Djaâfar Kassim, le premier en novembre 1982 qui a implosé savie contre le quartier général israélien à Tyr, au Sud-Liban, entraînant dans sa mort 40 Israéliens et près de 150 blessés. A un degré moindre, au péril de sa vie, Montadar Al Zaydi a bravé la première puissance planétaire de tous les temps avec une vieille savate. Le monde arabe leur est redevable de sa dignité.
Ce phénomène a un effet, comme disent les Occidentaux, domino. Malheureusement, il touche l’Algérie. Aujourd’hui, on en est à la 7e victime. En tant qu’ami de l’Algérie, quel est votre regard ?
Il est impropre de parler d’effet domino. Il est malsain de copier passivement les analyses occidentales. En ce qui concerne l’Algérie, c’est en tant qu’ami de l’Algérie et de son histoire que j’interviens. Sans complaisance, mais en toute loyauté et fraternité. Le président Bouteflika, que j’avais connu autrefois personnellement plus audacieux et dynamique, doit sortir de son immobilisme, de crainte que son passé glorieux, de même que le passé glorieux de l’Algérie, tourne au passif. Il importe de mettre en adéquation les deux richesses de l’Algérie […], la rente pétrolière et la jeunesse algérienne. C’est-à-dire d’être en phase avec les aspirations profondes de ce qui constitue l’avenir de l’Algérie. L’Arabie saoudite et le Koweït ne s’y sont pas trompés. Le roi d’Arabie a débloqué, dans la foulée des événements, 700 milliards de dollars pour satisfaire son marché intérieur, le Koweït 400 milliards. Quiconque connaît l’Algérie sait que 200 à 300 milliards de dollars ne paraissent pas excessifs pour moderniser les infrastructures en piteux état et décongestionner Alger.
Effet domino ou effet boomerang ?
C’est un effet de contagion. Une commune situation de souffrance et de privation engendre une réplique similaire.
Il s’agit non pas d’un effet domino mais d’un effet boomerang. La défaite arabe de 1967 a provoqué la chute de la monarchie libyenne, la perte de la base américaine de Wheelus et la base anglaise de Ben Ghazi, entraînant la perte de la façade occidentale de la Méditerranée au bénéfice du camp arabe. Elle s’est prolongée par le coup d’Etat du Soudan et par celui de l’Irak.
Le traité de paix israélo-égyptien de mars 1979 a été compensé par la chute de la dynastie des Pahlévi. L’invasion américaine de l’Irak avec l’éviction d’un pouvoir sunnite dans l’ancienne capitale des Abbassides a provoqué un séisme dupliqué par l’élimination du chef du clan saoudo-américain au Liban, Rafic Hariri, le démembrement du Soudan, la chute du rempart de l’intégrisme de l’Afrique du Nord. Moubarak en Egypte et Saad Hariri au Liban doivent bien méditer les événements de Tunis et réfléchir aux conséquences de leur acte. La servilité à l’égard de l’Amérique ne constitue en aucune manière un gage absolu de pérennité. Que Moubarak garde en mémoire les précédents de Sadate et Saad celui de son père et avec les amis occidentaux, méditer sur le sort de Benazir Bhutto au Pakistan, de Chah Massoud en Afghanistan, etc.
Entretien réalisé à Paris par Samir Méhalla
René Naba, ancien correspondant de guerre dans le tiers-monde, un connaisseur du monde arabe – son prochain ouvrage sera : Hariri, de père en fils, hommes d’affaires, Premiers ministres, Harmattan février 2011 – nous livre son analyse sur la Tunisie et au-delà, son onde de choc dans le monde arabe.
[…] This post was mentioned on Twitter by Nawaat de Tunisie, salambofree. salambofree said: J-50: Tunisie : « Un effet boomerang, pas un effet domino » » Nawaat de Tunisie – Tunisia http://t.co/WbqaejF via @nawaat […]
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Je retiens ici deux phrases:
(Il est malsain de copier passivement les analyses occidentales)
et
(La servilité à l’égard de l’Amérique ne constitue en aucune manière un gage absolu de pérennité)
Ici les Tunisiens ne connaissent pas le boomerang mais plutôt le “dimino”, puissent certains s’en inspirer (de ces deux phrases).
yes i’m tunisian and get it: effet boomerang ou effet domino?.
the author doesn’t understand the words in my view either.
boomerang effect is:
a boomerang is a tool invented by the native of australia as a
hunting tool,it’s design is when thrown on object that’s hunted
will eventuate in return and that it will return to sender or hunter himself.
then become an expression in social terms as what you shall come back to hound you,or a karmirc returm as in bhuddisme.
exemple: zibla throw bourghiba out,he will be thrown out, or kill you get killed. .
domino effect is a collapse based on dependancy through proximity,
social resemblance or physical dependency,a kind of a ripple effect.
here perhaps a domino effect more relevant to what is taking place
through the maghreb or the middle east if what took place in tunisia
is imitated in those states.. yet to be seen but it might.