Les articles publiés dans cette rubrique ne reflètent pas nécessairement les opinions de Nawaat.

Nous avons assisté à une révolution d’une fierté, d’une dignité et d’un patriotisme inégalés. Ce cri, cette clameur audibles sur le globe entier appelaient à la restauration d’une dignité et d’une liberté confisquées à la Tunisie entière. Toutes les classes sociales sans exception aucune se sont révoltées contre la dictature obscure d’un pantin manipulé par une mante religieuse, le tout relayé par un système gangréné dont quelques rares rouages ont été épargnés.

Hélas, la révolution grandiose menace d’accoucher d’une souris. En effet, l’annonce faite par l’ex premier ministre, affublé d’un tortionnaire recherché par interpol à sa droite, non constitutionnelle a été la première erreur dramatique. Les autres ne le seront pas moins.

Une fois le gouvernement constitué, la défense a été confiée à celui qui a dépouillé les domaines publics au profit des rapaces dont les noms illustrent les journaux du monde entier. L’armée qui a garanti la stabilité du pays devra donc se mettre au garde à vous face à un malfaiteur.

Ainsi, sans discontinuer ce gouvernement a volontairement mis en place des symboles visant à humilier un peuple dont la grandeur n’est plus à démontrer.

Un ministre des affaires étrangères qui affirme fièrement son appartenance au parti monopolistique malgré sa démission préalable des responsabilités qu’il occupait en son sein.

Un premier ministre qui affirme être en contact avec le président déchu en fuite. Un premier ministre qui affirme n’être pas au courant de la mise en coupe du pays, qui affirme avoir peur comme nous tous, qui affirme avoir été écarté des affaires…qui affirme son incompétence en somme.

Un ministre de l’intérieur qui fustige et fait la morale aux libérateurs et qui ne s’en prend pas ouvertement aux milices qui menacent la stabilité.

Les équipes dépêchées de Paris pour améliorer la communication d’un gouvernement aux abois n’arrange pas grand chose.

Au delà de leurs compétences certaines et de leur patriotisme ces consultants apprennent sur le tas et multiplient les erreurs de communication aggravant la situation chaque jour.

A aucun moment il n’a été recommandé à ceux qui prétendaient gouverner de parler au peuple face à face, sortir de leurs bureaux à la casbah et parler à ceux qui vivent dans des conditions misérables, à ceux qui n’ont plus rien à défendre sauf leur dignité, à ceux qui n’ont plus rien à perdre que leur révolution.

J’ai un moment pensé à soutenir le gouvernement de transition malgré mon haut le cœur dans le but de faire reprendre à la vie son cours, en parlant à mes concitoyens à la casbah et ailleurs j’ai eu honte.Il ne suffit pas de pleurnicher en direct, il faut être en prise avec la misère et les tripes parlent alors d’elles mêmes.

Comment expliquer cette incompréhension majeure? Par le fait de se réfugier dans un bureau et de se plaindre de n’être pas protégé de la populace pendant que l’on travaille.

Votre travail c’est de vous rendre compte et de vivre le drame de millions de gens laissés pour compte dans ce pays et auxquels vous entendez confisquer l’espoir aujourd’hui.

Avec quel mépris a t on considéré ceux qui nous ont libérés? A aucun moment, il n’a été fait d’autocritique sur le silence complice durant des années du pillage de ce pays et de la mise en coupe réglée de toute la société.

Les remaniements successifs et tout aussi inefficaces font l’effet d’un cautère sur une jambe de bois.

L’aveuglement continue!

Comment des femmes comme Radhia Nasraoui, Sihem Bensedrine, Sanaa ben achour et tant d’autres ne figurent elles pas dans ce gouvernement? Nous avons des figures de la société civile qui peuvent gérer le pays.

A l’indépendance ce pays a été géré par des novices de la politique, leur volonté, leur intégrité et leur amour du pays leur a donné des ailes.

Laissez nos talents s’exprimer, arrêtons de tourner en rond et de répéter: sans les véreux, le pays va sombrer! Nous ne sombrerons pas sans vous, bien au contraire.

Nous voulons enfin rompre avec un passé qui nous révulse. Révulse!