A ma connaissance, jamais personne n’a essayé de faire une étude anthropologique des comportements humains sur le net. N’étant pas anthropologue, je n’ai pas la prétention de le faire. Par contre, ma longue expérience en connarologie m’a permis de dresser ces portraits humoristiques des comportements communs sur le plus célèbre des réseaux sociaux.

En effet, en cinq ans et plus de 500 millions de membres, Facebook est devenu l’un des moyens les plus fiables pour mesurer la connerie de l’homo sapiens de base, en d’autres termes : vos contacts. Au début des années 2000 certains spécialistes connarologues et spéléologues d’excréments intellectuels (les publicitaires si vous préférez) ont émis l’hypothèse selon laquelle on avait atteint les limites du possible en matière de connerie. Le communisme, les religions, le racisme, la téléréalité, les boys-band, les soap-operas, la techno, les ados, les vieux, les actifs, les chômeurs, la finance internationale, la gauche, la droite, le conflit israélo-palestinien, la publicité, tant d’innovations radicales en matière de connerie qui ont révolutionné notre époque et changé à jamais la vie de nos contempourris (les plus couillons d’entrevous ne m’excuseront pas ce néologisme mais je les emmerde). On se demandait ce qu’on pouvait faire de mieux.

Et bien grâce à l’inspiration d’un mec de ma génération qui a inventé un des plus beaux instruments (Facebook) de mesure de la connerie humaine, pour la première fois, on vous a donné le pouvoir de communiquer vers le monde entier sans aucune censure. Et cela a révélé qu’à l’instar de l’univers, votre connerie et la mienne n’avaient probablement aucune limite.

Me voilà tout rassuré.

Afin de soutenir cette théorie, je vous propose donc un petit exercice de typologie des comportements virtuels de nos contacts. Je m’excuse par avance pour ceux qui s’y reconnaitront. Je tiens également à vous signaler que cette liste est loin d’être exhaustive. Je vous invite donc à la compléter. Ceci a pour ambition d’être un travail collaboratif.

1) L’étaleur de vie privée

C’est le plus commun et le plus fréquent des individus sur Facebook. Ce réseau a été créé pour lui et il s’y sent comme une mouche à merde sur un étron. Sa page est couverte de la mélasse que constituent ses statuts : “X est très content de la soirée qu’il a passé hier :-)”, “X ne se sent pas bien et est malade :-(“, “X aime les sushis il vient d’en manger un :-)”, “X remercie Y de lui avoir prêté ses écouteurs”, “X a passé une super journée hier”… Ceux-ci reflètent bien souvent la détresse de sa solitude. N’ayant pas l’occasion de partager ses rares moments de joie avec des imbéciles en chair et en os, il se sent obligé de polluer vos actualités avec le vide que constitue sa vie privée.

Attention les symptômes de ce comportement s’aggravent avec l’acquisition d’un Smartphone qui entraine mathématiquement la multiplication de ces statuts.

2) Le sentimentaleux gluant

Sa niaiserie est affligeante. Son activité consiste principalement à poster des cœurs”<3<3<3!!!!!!!!!!!!!" et des "je t'aime ma chériiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiie<3". Il se distingue également en postant de grandes citations philosophico-bidons ("la beauté de l'âme est à l'intérieur pas dans l'exterieur" sic) dont la syntaxe est aussi vacillante que la pensée exprimée, des vidéos de Lara Fabian accompagnées de ":-))))))))))))))))) c tro vrééé" et enfin "likant" des groupes du style : "Aimer c'est faire un Pact avec le diable, Perdre l'etre Aimer c'est metre les pieds en Enfer !!!!!!!!!" re sic. Il lui arrive parfois de polluer le wall de ses congénères en postant :" si tu é ma vré copine je te le poste sa sur ton walle. Si tu ressoit sa par 5 amie tu sera la meilleur des amies dans le monde" re re sic. 3) Le voyageur

Lorsqu’il est quelque part, le voyageur veut qu’on le sache. Il veut qu’on le suive à la trace. Cela donne des statuts du style “at NY”, “back to paris”, “london calling”, “en vacance à la plage”, “California Dreaming”, “welcome to Miami”, “s’épile à fond avant de partir au soleeeeeeeeil!” et bien d’autres. Il poste 2850 photos du pays qu’il visite au cas où ses contacts ne sauraient pas où il se trouve. Le voyageur s’ennui. Bien souvent il regrette d’être parti. Ses amis virtuels lui manquent. Alors il préfère passer son temps sur Facebook à dire qu’il est à Athènes plutôt que de visiter l’Acropole.

4) Le triste

Le triste s’est fait largué par sa copine ou son copain. Le triste crie son désespoir aux oreilles distraites. Le triste nous emmerde. Le triste nous les brise. Le triste poste des statuts tout en finesse du genre : “les hommes sont tous des salops !!!!” ou les “les femmes sont toutes des putes sauf ma mère par respect, quant à ma sœur j’en sais rien…”. Le triste change souvent son “relationship status” passant invariablement de “it’s complicated” à “single”…   5) Le météorologue Il est l’incarnation virtuelle de tous les connards qui vous tiennent la jambe dans la rue durant 1h en s’étonnant qu’il fasse froid en janvier et chaud en aout. Ses statuts vous indiquent donc le temps qu’il fait là où il est. Le météorologue virtuel a la politesse de ne pas nous tenir la jambe et le gout de nous en faire une belle.

6) L’angliciste

Il postera tous ses statuts en anglais, se coupant automatiquement de la partie de son auditoire ne maitrisant pas la langue de Shakespeare. Après tout, ils ont déjà fort à faire avec celle de Molière, il ne faut donc pas trop leur en demander. L’angliciste pense généralement qu’il fait partie de l’élite Facebookienne. Un rapide regard sur le contenu de ses publications suffit pour le démentir. Dans ses contacts il a souvent un grand copain…

7) Le cultivé

Cuistre de son état, il confirme l’adage selon lequel, la culture moins on en a plus on l’étale. Même si la plupart de ses contacts sont complètement largués, il s’évertuera à aller chercher les références les plus obscures pour jeter de la poudre aux yeux de l’imbécile ordinaire. Et puis comme disait Pierre Desproges “qu’importe la culture, quand il avait écrit Hamlet, Molière avait-il lu Rostand ? Non !”. Particularité de ce profil : le cultivé, lui aussi très solitaire perd son temps à écrire des notes que personne ne va lire étant donné qu’elles dépassent généralement trois lignes.

8) Le débordé

Le débordé utilise généralement Facebook sur son lieu de travail pour dire à quel point il croule sous le boulot. C’est d’ailleurs probablement pour cette raison qu’il est débordé.

9) L’absent

Son activité sur Facebook est pratiquement inexistante. Il pousse parfois le mauvais gout jusqu’au fait de ne pas avoir de photo de profil. Les rares fois où il se manifestera, ça ne sera pas pour des envolées lyriques (au ras de pâquerettes) ponctuées de fautes d’orthographe mais pour de basses raisons matérielles. Par exemple : “Cherche appart à Paris” ou “Vend 206 quasi neuve prix à débattre”. Bref il confond Facebook avec la rubrique des petites annonces.

10) L’analphabète

Un petit peu d’étymologie : les moins cons d’entrevous l’auront remarqué, dans “analphabète” il y a à la fois “anal” et “bête”. Ce n’est quand même pas par hasard.

L’analphabète est de loin le pire des contacts sur Facebook car non seulement il vous pollue mais en plus son niveau d’orthographe est celui d’une huitre attardée. Il massacre toutes les langues qu’elles soient maternelles ou étrangères. Non content d’être seulement analphabète il combine avec habilité (et c’est bien la seule qu’on puisse lui reconnaitre) sa pauvreté d’esprit avec ses lacunes linguistiques au point d’écrire sa devise “oeuil poure oueil dant pour dant” (traduction nécessaire : œil pour œil, dent pour dent).

Une devise de cirque-onstance tant il est sur que dans ce combat quotidien, l’orthographe et son intelligence sont les tristes victimes d’une cécité et d’une perte de dentition.

11) Le footballeur

Souvent le prolongement du précédent, il est légitime de se poser la question de savoir s’il est même possible de mesurer son QI tant son intelligence semble inexistante. Son activité principale est de faire des copier-coller de résultats de foot dans son statut et de publier des actions de match. Ensuite il entre dans débats aussi rageurs qu’inutiles sur les erreurs arbitrales avec les imbéciles lui servant de contacts et partageant la même passion. Il possède nombre de points communs avec le suivant…

12) Le Youtubeur

A lui tout seul, il fait de la concurrence ou augmente le trafic (tout dépend du point de vue) des sites de partage de vidéos. En effet, il poste tout et surtout n’importe quoi. Cela va de la vidéo du chat qui se fait sodomiser par un lapin jusqu’au dernier clip de Shakira en passant bien sur par les vidéos politiques reflétant des opinions nauséabondes. Sur ce dernier point, n’ayez surtout aucune rancœur lorsque l’un de vos contacts poste une vidéo faisant l’apologie du nazisme, de l’islamisme ou d’un quelconque autre mouvement en “isme”. La plupart du temps, il n’a pas compris le contenu et vu le nombre de vidéos pourries qu’il poste se serait remettre en question son statut de Youtubeur. Après tout, lui aussi vit la même solitude que les homos sapiens décrits précédemment sinon où trouverait-il le temps de publier autant de conneries ? Ses vidéos postées sont un appel au secours, un appel au prochain profil…  

13) Le commentateur

Celui-ci est un peu le sauveur de tous les précédents. En effet il justifie et légitime à lui seul l’existence de tous les autres. Ecriraient-ils autant de conneries s’il n’existait pas encore plus imbécile qu’eux pour les lire ? Il est probable que non et qu’ils se contenteraient de mâchouiller leur chewing-gum imaginaire dans leur étable. Fort heureusement le commentateur est là. Il est la clé de voute du monument virtuel érigé à la gloire de la connerie humaine et de la médiocrité ambiante.

Si quelqu’un écrit un truc con sur Facebook (vous excuserez le pléonasme), le commentateur ne se contentera pas de “liker”, il réussira à surenchérir par une connerie bien plus énorme. Surveillant fébrilement l’activité des bovins lui servant de contacts il possède un 6ème sens qui lui fait repérer les plus belles conneries pour pouvoir les commenter.

C’est un héros, peut-être même un dieu donnant sa bénédiction à la connerie des pauvres mortels. Il mérite votre respect. Sans lui vous n’existeriez pas. Il est le reflet de votre médiocrité et de la mienne.