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Photo Louafi Larbi/Reuters

Par Assim

Chose qui interpelle ces derniers jours est la recrudescence des interrogations concernant la laïcité en Tunisie. Et dans la plupart des cas, je ne pus que lire des débats stéréotypés qui oscillent entre l’hypocrisie et la bêtise mal informée.

Mise au point.

Étant issu d’une formation scientifique, je ne porte pas à cœur la philosophie de l’arrogance qui s’entoure d’un halo mystérieux composé de citations en pagaille et de surenchère linguistique. Alors, je me limiterai au minimum utile dans la définition du terme et non du phénomène.

La laïcité est dans sa définition, l’opposé du clérical. Le clérical désigne la gouvernance par prétention divine et religieuse, la régence au nom du divin, mais il ne renvoi pas à la religion. La laïcité est donc une gouvernance dont la légitimité n’est pas divine. Il faut aussi souligner l’autre pan de laïcité, à savoir la liberté de croyance et des pratiques religieuses.

Voilà pour la stricte définition édulcorée.

Cette définition s’applique rarement, et si j’ai à citer un pays qui s’y conforme, ça serait la Suède où on peut trouver des piscines possédant des horaires spéciaux où les musulmanes peuvent nager en tranquillité.

Et si elle ne s’applique que peu, c’est parce que le phénomène prend le dessus. Le phénomène est la laïcité à la française, la laïcité des hypocrites. C’est cette laïcité qui entend défendre les valeurs de la définition en menant la chasse aux religions, et plus précisément la guerre ouverte à l’Islam. Ma note s’adressant aux Tunisiens et non aux Français anesthésiés par des médias de propagande biaisée, je ne vais pas décrire cette guerre. Cela serait une perte de temps, vu que vous en connaissez déjà les rouages. Je vais toutefois évoquer deux points.

Premièrement, le terme hypocrite d’Islamiste qui compte ET les terroristes ET les mouvances ultra modérées. A ce titre, je me demande bien pourquoi mes compatriotes ont oublié les termes musulman et musulmane. Assez de faire le jeu d’autrui, on dit مسلم et non إسلامي . Deuxièmement, j’aimerai dire que ces politiques français qui mènent la guerre au Niquab sont aussi hypocrites et vils que les Talibans qui l’ont forcé.

Revenons au cas Tunisien. J’aimerai m’adresser à deux types de discours. Celui de ceux qui défendent la laïcité en sa définition et en ses valeurs et celui des opportunistes, pâle copie de leur homologue français mais tout aussi hypocrite.

A ses derniers, je dirais que la Tunisie est arabe et que la Tunisie est musulmane dans sa société, que vous le veuillez ou non. Je ne sais si vos attaques sont basées sur un amour aveugle de l’occident ou sujette à des agendas douteux dont l’adjectif RCDiste n’est pas loin, mais je suis convaincu que vous n’irez pas loin. Vos attaques sont vaines et porter à sourire tellement c’est ridicule (cf la comédie de la gifle à l’aéroport). Vous essayez de vous attaquer à une identité, à ce quoi entre dans les composants de l’esprit tunisien. Cet esprit qui s’est finalement libéré, ne se laissera pas voler son identité.

Et vous êtes l’aspect hypocrite du débat.

Quant aux premiers, qui se posent en défenseur de valeur justes, je vous dirais que c’est tout à votre honneur. Si par conviction, vous défendez ce qui vous semble juste, alors on se doit de vous respecter.

Ceci dit vous êtes l’aspect inutile.

Je me permets de vous qualifier ainsi, car l’essence même de l’islam, les valeurs musulmanes qu’on nous a appris dans nos familles ou à l’école et ce malgré Ben Ali ou Bourguiba, sont ces mêmes valeurs que vous défendez, à savoir le respect des autres et l’égalité. Et si le Quran inculpe au croyant d’inciter autrui à l’Islam, il leur défend strictement de l’imposer. Plus frappant, il oblige le croyant à défendre autrui si sa liberté (de juif, de chrétien, etc) est menacée. Les hypocrites détournent toujours cette incitation et font l’impossible pour cacher la défense de l’imposition. Ne tombez pas dans un piège si grotesque.

En bref, la véritable société musulmane est garante de libertés et de diversités. C’est cette société qu’on a connu durant des siècles et où on a coexisté harmonieusement. Alors pourquoi l’attaquer ? C’est inutile.

Reste la question de la dissociation des organismes de l’état de la religion. Personnellement, j’aime dire que l’état reflète sa société. Si elle est caractérisée par une certaine mouvance, cette dernière se retrouvera immanquablement dans l’état. Mais si toutefois, on aimerait imposer un telle restriction pour la forme, et bien, c’est chose faite en Tunisie. Le code électoral interdit les références à la religion dans les partis politiques.

En outre, j’aimerai poser une nouvelle manière de visionner les choses. Je me demande pourquoi certains, en pensant à l’Islam, font immédiatement l’amalgame à l’extrême. Pourquoi ne peuvent-ils concevoir autre chose que l’application stricte de la Charia ? L’islamophobie initiée et entretenue par l’occident, sans doute, constituerai la bonne réponse. Alors un mot, cessez de remâcher ces clichés qui ne tiennent pas debout. Ne pouvez vous pas voir cette mouvance comme une simple inspiration ?

Tout parti s’inspire d’une certaine idéologie. Pour certains, c’est le marxisme, pour d’autre c’est le libéralisme et le fmi, et il y a ceux qui trouvent dans les textes sacrés solutions et concepts. Pourquoi devoir exclure aveuglement ces derniers sans même daigner les écouter ? Une diversité offrant une large gamme de choix, n’est ce là pas la meilleur solution pour éviter toute dérive ?

Pour finir, je ne sais que trop bien que l’harmonie parfaite n’est qu’utopie. Il y aura toujours des extrémistes et des actes peu glorieux. Ceci dit, pour y remédier, ça ne sera pas avec une guerre hypocrite ni avec de la diffamation et encore moins via des accusations aveugles qui exclut toute investigation. Si c’est un devoir de citoyen et de patriote de s’opposer à de tels actes, je rappelle que c’est aussi un devoir de croyant.