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Par Kamel Mahdhaoui.

L’histoire de Zouhair a commencé il y a très longtemps mais on n’en connait pas vraiment le début. En saurons-nous assez en regardant l’environnement où il a vécu et les éléments écrits ou visibles. Ces éléments sont certes vastes et détaillés mais ils ont été écrits en partie par ses amis et en partie par la dictature qui l’a obligé à se taire ? Tout cela n’est il ainsi que partiellement subjectif ou erroné ?

D’ailleurs son combat s’est réduit, pour ainsi dire, depuis le temps, en un problème de liberté d’expression. Cette liberté est devenue primordiale pour accéder à son rêve, son épanouissement et sa dignité.

On peut simplifier l’histoire en disant qu’il a été toujours plus ou moins mécontent et se sentait exclu par un pouvoir « central » plus ou moins désincarné vis-à-vis de la réalité qu’il vit comme beaucoup d’autres. Il est mécontent du rôle passif et des nombreux obstacles érigés dans les certitudes ou les habitudes.

On peut dire en somme que le pouvoir, en réalité peu central, a toujours été en sa défaveur de manière implicite ou explicite, sous une forme culturelle ou légale. Avec sa sensibilité, il a dessiné, il a écrit des poèmes. Avec son humour il a porté à la dérision tout l’artifice qui engloutit sa condition. C’est sa prière devant l’éternel et sa spiritualité intemporelle.

Dans les campagnes tunisiennes s’étend la vérité rien qu’à regarder les vestiges du passé et les grandes réalisations de l’indépendance. Dans les Villes se réduisent les nouzouhs du passé, du présent et de toujours.

A chaque domination, il a vu l’œuvre de la civilisation humaine se déployer sur son sol à sa vue mais souvent sans lui. A chaque époque il a tourné le dos, dans l’humour, parfois en se plaignant mais sans éviter l’incompétence de ses dirigeants.

D’Utique à Carthage, de Rome aux Byzantins, des Omeyyades aux Fatimides, des Zirides aux El Moahides et des Turques aux Français, il n’a regretté de n’être de la Tunisie qu’un sujet ou peu tant il en était sincèrement amoureux.

Jamais le deuil ne sera terminé, sauf pour la vie, tant que l’on meurt d’amour pour ses amis ou qu’on s’immole pour la dignité d’autrui. Je prie pour que Dieu nous pardonne de n’avoir pas entendu suffisamment Zouhair, Bouazizi, et les martyrs de tout lieu et tout temps.

Hommage à Zouhair Yahyaoui dit Ettounsi de Tunezine.

Hommage pour son combat pour la liberté sur Internet et pour la dignité.

Il nous a quittés le dimanche 13 mars 2005.

Kamel Mahdhaoui
Le 9 mars 2011.