Les articles publiés dans cette rubrique ne reflètent pas nécessairement les opinions de Nawaat.
Photo par Hamideddine Bouali

Lire la première partie de cet article

Lire la deuxième partie de cet article

Par Dorra Ismaïl, Wafa Khlif,

3ème Entrée

Le totalitarisme n’a aucune chance face au droit, à la justice et à la réflexion

Où est le libre arbitre ? Est-on obligé de penser comme d’autres veulent nous l’imposer ?

Est-on dans un nouvel Islam clérical où des Imams et des Cheikhs prétendent prêcher le vrai du faux, le juste du partial, le bon du mauvais, le musulman du non musulman…?

Prendraient-ils leurs concitoyennes et concitoyens pour des objets téléguidés ? Se mettraient-ils à la place de leur divinité pour dicter la marche à suivre ? L’attitude à prendre ?

Ne serait-ce pas blasphématoire ?

Qu’est-ce qu’une appartenance religieuse, politique, clanique ou autres ? Pourquoi l’appartenance mènerait-elle vers le non-sens ? Comment privilégier une non-appartenance par une approche intégrative ?

Le travail doit se faire en transparence et d’une manière logique et factuelle et ce, point par point jusqu’à démanteler toute idéologie obscurantiste. Exemple : la polygamie, le droit à l’héritage, les modalités du paraître ou encore la pratique religieuse. Comment dans le contexte d’aujourd’hui, les tunisiennes et les tunisiens comprennent-il tous ces points ? Les interprètent-ils ? Les mobilisent-ils ?

Le sens même du mot Charia, en langue arabe, signifie le processus, le cheminement, la progression vers. La compréhension intrinsèque qui en est faite aujourd’hui, par ces obscurantistes, serait-elle erronée pour être orientée vers un sens plutôt dogmatique, figée et sacralisée ?

Toutes ces questions et plusieurs autres restent floues, entachées d’interprétations politiques et souvent rendues taboues par ceux qui les instrumentalisent. Ouvrons un réel débat. Chargeons des personnalités intègres de la société civile pour qu’elles réfléchissent et qu’elles débattent de ces questions dans l’espace public. Essayons de dépasser les compréhensions unilatérales, uni-céphalées et surtout temporelles pour dégager la substance des événements et de ce qu’ils relèvent d’intemporel. Laissons l’intérêt public se prononcer devant les coalitions dominantes (genres, situations, partis, lignées, etc.).

Ne laissons pas des questions en suspens. Réduisons les zones d’ombres qui servent de leviers d’influence et d’outils de manipulation pour des organisations totalitaires et obscurantistes comme Ennahdha, RCD, islamophobes ou similaires. Si les objectifs diffèrent, les uns prônant la légitimité religieuse, les autres le matériel, les moyens et les finalités quant à eux sont les mêmes : empêcher les individus de penser par eux-mêmes et réinventer leurs propres cheminements à la fois quotidiens et existentiels.

Toute appartenance, quelle qu’elle soit, est une exclusion et mène inévitablement vers l’extrémisme.

Sommes-nous exclusivement Numides ? Puniques ? Vandales ? Arabes ? Turques ? Musulmans…? Ne sont-ce toutes ces composantes qui constituent notre Etre selon des durées et trajectoires diverses ? Pourquoi les différencier ou les hiérarchiser ? Ne sommes nous pas tous descendant(e)s des AMAZIGHS, “être libre” en tamazight, probablement notre langue connue la plus lointaine.

Nous avons été traversés par plusieurs croyances, religions, traditions, rites, saveurs, épices et rationalités. Comment aujourd’hui vouloir effacer toutes ces différences pour n’en garder qu’une étiquette artificielle et univoque collée par les uns et par les autres (extrémistes de tout bord) ?

Qu’est-ce qu’être musulman en Tunisie ? Comment se fait ce processus identitaire et quelles durées socioculturelles et historiques intègre-t-il : la durée socioculturelle du moment de Kouthaïb et du contexte sociopolitique de son parcours prophétique, celle des salafistes et des événements de la discorde, celle de l’après discorde, celle des mu’tazalites, des hanafites, des exégèses de tous bords, des re-présentations coraniques et des hadiths a posteriori, et, et, ou, ou, et/ou, … dans chacun de ces cas, quelles compréhensions de ces durées entendons-nous intégrer, « re-vivifier » ou réfuter ?

Qu’est-ce qu’une Mosquée ? Quel rapport au territoire, aux formes de signalétiques urbaines et sémantiques entretient ce bâtiment à caractère religieux ? Etait-il pensé à partir du ‘fiqh’ musulman ? Les principes liés à son contexte d’émergence et d’évolution dans la durée, sont-ils d’actualité aujourd’hui et comment ? D’où viennent ses principes…? Est-il un lieu de culte de Dieu ou de personnes ? Est-il l’extension des certains bureaux politiques ? Toutes ces questions mettent en exergue la complexité des enjeux que recèlent les choix, que nous faisons souvent, d’une manière rapide, superficielle et irréfléchie.

Enfonçons les portes fermées. N’ayons pas peur.

Plusieurs mouvements obscurantistes comme Ennahdha en Tunisie, le Front National en France, les salafistes en Egypte, les Wahhabites en Arabie Saoudite, les Scientologues aux USA, le parti de droite populiste en Suisse,… nous poussent dans nos derniers retranchements : réfléchir à des pistes de réflexion qui nous sont singulières et non pas brandir des discours importés et dénués de sens.

Le totalitarisme, qui exclut, n’a aucune chance face au droit, à la justice et à la réflexion, qui englobent et qui intègrent.