Les articles publiés dans cette rubrique ne reflètent pas nécessairement les opinions de Nawaat.

Autant je suis pour la rupture avec le régime de 23 ans, autant je suis pour la rupture avec les préjugés et les calomnies sans fondement.

Je suis contre cette redondance des médias désignant les familles des Ben Ali et des Trabelsi dans le fourre tout à la fois complexe et élémentaire des pestiférés. Je trouve cette confusion médiocre et touche aux nombreuses personnes ayant un nom de famille similaire sans être de la même cuvée.

J’ai une amie qui porte le nom de Trabelsi. Elle est brillante. Elle fait partie du management d’une institution financière et travaille en méritant salaire. Mon autre ami parle couramment cinq langues, et a longtemps travaillé comme guide touristique après ses études de médecine. Son nom de famille finit seulement par Ben Ali. Tous deux n’ont aucun lien de parenté avec la famille du président déchu.

Cet amalgame touche aussi les enfants portant un nom de famille de Trabelsi ou de Ben Ali. Et quant à parler des enfants de la famille du président déchu, dire qu’ils ont profité du système serait à mon sens les condamnés indûment pour leur lien de parenté. La Révolution est faite d’icones, des icônes de Dignité et de Liberté. Je pense que la Révolution inscrit aussi une rupture avec les icônes de la malversation, de la suspicion et du délit d’opinion.

Ce débat n’est pas évoqué. J’ai souhaité en parler et le placer à sa juste valeur, à son juste mérite, non pas comme une déculpabilisation mais dans une construction citoyenne où La Tunisie a besoin de toutes ses ressources et de toutes ses valeurs. Condamner pour des choix politiques ou relationnels reviendrait à briser la justice institutionnelle et assouvir la justice de rue. Il est vrai que les énergies des Révolutions n’ont pas de contenants, mais je pense qu’il est important avant de construire une démocratie, de distiller le respect de la personne sur des bases républicaines, des bases accordant aux institutions leurs rôles, aux gouvernants leur obligations et aux citoyens leur droit. A ce débat, les partis politiques s’en lavent les mains. Ils n’en font pas de commentaires et pourtant, sauf erreur ou omission je ne vois que ceux qui dénoncent et qui promettent non pas dans la construction de société, mais dans la destruction des priorités. La preuve, la relance de l’emploi ne fait l’objet ni de table ronde, ni de table ovale.

Dans le même ordre d’idée, je souhaite évoquer aussi les personnes ayant appelé à la candidature de Ben Ali en 2014 et la censure qui leur est faite. A ce jeu, et tirant le fil on pourrait voir qui a voté pour la liste du RCD et soutenu son unique candidat en 2009 et … en 2004. En tirant un peu plus on peut aussi voir quels ont les personnes qui ont dit ‘OUI’ au référendum de 2002 et ainsi de suite jusqu’à remonter … remonter je ne sais où. Mais finalement que cherche-t-on ? A créer une prison provisoire, sans barrière, de supposés soupçonnés coupables pour leur affiliation ou leur opinion ? Je souhaite que la justice institutionnelle face son travail pour faire sortir le bon grain de l’ivraie.

Le Rassemblement Constitutionnel Démocratique n’est pas seulement un système fait d’hommes et de femmes. C’est aussi une manière de fonctionner, une manière de penser et de dénoncer, de recourir à la perversion, de soudoyer grand et petit pour rassasier une cupidité débordante de ses chefs. Je pense que le mépris a déjà dévasté des pans de notre moralité et ces tirs mettant en difficulté des personnes sont à mon sens à inscrire dans des règles de droit à la liberté.

Comme dans toute chose, il y a ceux qui gagnent et ceux qui perdent, les perdants ont déjà perdu, les humiliés davantage serait à mon sens cause perdue. Et quant aux gagnants, les femmes et les hommes qui se sont abstenus, qui ont milité pour les droits de l’Homme, qui ont défendu des valeurs de liberté et qui ont dénoncé les dépassements sans pour autant que leur voix n’ai rencontré l’écho de la vérité, ils sont à mon sens à lever haut et fort comme gage de responsables devant l’histoire de leur nation.