Cher Monsieur Julliard,

Au nom de tous les membres de l’Instance nationale pour la réforme de l’information et de la communication, je tiens à vous exprimer notre profonde déception, suite à la position partiale et unilatérale prise par Reporters Sans Frontières (RSF), le 27 juin 2011, concernant le dossier de Radio Kalima.

Etant donné que vous n’avez pas jugé utile de demander, préalablement, notre avis, je me permets de porter à votre connaissance les précisions suivantes:

A l’INRIC, nous nous sommes gardés de polémiquer, publiquement, avec le promoteur de Radio Kalima, malgré les accusations et les critiques injustes dont nous avons fait l’objet de sa part, à plusieurs reprises, et souvent à travers les médias affiliés à l’ancien régime.

En réalité, le promoteur de Radio Kalima n’a pas déposé de dossier auprès des autorités, comme la plupart des autres candidats à l’obtention d’une fréquence FM. Il s’est contenté d’une simple demande sur une feuille volante où M. Omar Mestiri réclame une fréquence radio et une licence de télévision. La demande date du 5 avril 2011.

Le 12 avril, le candidat a déposé, auprès du Premier ministère, un projet de convention entre Radio Kalima et l’Etat. Fort d’une soi-disant «promesse» du Premier ministre de lui octroyer cette fréquence «dans quelques jours», M. Mestiri n’a pas jugé utile de présenter, comme tous les autres candidats, un dossier spécifiant le type de radio qu’il compte lancer (communautaire, commerciale, régionale, nationale…), ni un business plan qui garantit la pérennité de son projet, ni une grille des programmes, ni une présentation du management et de l’équipe éditoriale…

Quand on sait que l’INRIC a eu à examiner 74 demandes, la plupart appuyées par un dossier bien détaillé, M. Mestiri a, peut-être, estimé qu’il était au-dessus de la mêlée et qu’il pouvait se passer de tout examen, comme jadis les proches de Ben Ali obtenaient, en dehors de tout cadre légal, des fréquences FM, un bien public précieux et, qui plus est, très rare en Tunisie.

Le 18 avril, l’Instance a publié un communiqué dans lequel elle demandait aux candidats de compléter leurs dossiers en indiquant les éléments nécessaires et, pour plus de transparence, les critères qui seront pris en compte dans l’examen de ces dossiers.

L’instance a dû insister longtemps auprès du promoteur de Kalima pour qu’il complète son dossier. Ce dernier n’a daigné «reconnaître» l’Instance qu’après que certains de ses partenaires internationaux lui aient fait comprendre ce qu’il gagnerait à accepter de passer par les nouvelles procédures, objectives et transparentes, mises en place par l’INRIC. C’est ainsi qu’il a demandé à être reçu par le bureau de l’Instance. La réunion a eu lieu, le 21 avril, au siège de l’Instance, en présence de trois de ses collaborateurs. Le dossier de Kalima n’a, finalement, été déposée que le 24 mai au soir.

Deux jours plus tard, l’Instance a lancé les audiences avec les candidats, qui ont présenté leurs projets respectifs devant une commission élargie où sont représentés, outre les membres de l’Instance, des représentants d’autres institutions concernées (ONT) et des personnalités du monde médiatique et de la société civile. C’est ainsi que M. Mestiri a présenté son dossier, le 26 mai, et a répondu à des questions relatives à certains aspects éditorial, technique et financier.

L’étude finale des dossiers a commencé le 28 mai. Et il a fallu recueillir les rapports des membres de la commission élargie, les compiler, attribuer des notes aux dossiers selon des critères dûment établis par des experts et dégager la liste des dossiers éligibles à une fréquence afin de la remettre au gouvernement provisoire.

S’il y a eu un retard dans l’examen des dossiers par l’INRIC, ce retard incombe d’abord aux promoteurs eux-mêmes, qui n’ont pas présenté de dossiers complets, et particulièrement à celui de radio Kalima.

Kamel Labidi
Président de l’Instance nationale indépendante pour la réforme de l’information et de la communication (INRIC)