Une des règles de base sur internet c’est de ne jamais répondre aux trolls. Une règle qui est encore plus pertinente dans la Tunisie d’aujourd’hui où l’essentiel est certainement loin de l’égo démesuré de certains nouveaux révolutionnaires. Mais parfois, faire une exception à la règle s’impose surtout que la mythomanie et la désinformation atteignent des proportions maladives.

Je vais donc prendre de mon temps pour répondre aux “accusations” délirantes de Yassine Ayari et à ceux qui, par amitié, par ignorance ou par crédulité, estiment que ces tissus de mensonges méritent qu’on s’y attarde.

Commençons par le plus aberrant pour arriver à cette histoire de “l’homme qui a dit non” que Ayari prétend avoir inventé de toute pièce et propagé dans l’univers “changeant le cour de l’Histoire non seulement en Tunisie mais aussi en Egypte” (je cite) . Selon ce monsieur, j’aurais donc refusé de valider cette version des faits car il aurait été “méchant” avec mon “mentor” le “présidentiable” Fares Mabrouk, qui “m’aide et me finance“! rien que ça.

Tout d’abord et comme ça a toujours été le cas, ma seule source de financement est mon travail. Ce fut le cas en France et c’est aujourd’hui le cas en Tunisie. Je ne sais s’il pourra en dire autant en nous expliquant de quoi il vit depuis qu’il est rentré en Tunisie.

Pour revenir à Fares Mabrouk, j’ai rencontré ce monsieur deux fois. La première était au mois de mars 2011, dans un café au lac où j’ai rejoint des amis qui se trouvaient à sa table, dont certains organisateurs du Tedx Carthage. Après les présentations de circonstance, les seuls échanges qu’on avait eu portaient sur les réserves que j’avais sur les deux premières éditions de Tedx. La deuxième rencontre a eu lieu début juillet, au concert “sharing the spring” à Enejma Ezzahra où il était venu au même titre que les quelques 300 autres spectateurs. Pas besoin je pense de dire que bien évidement les élucubrations de Ayari sont purs mensonges et relèvent plus du délire ou de je ne sais quel ressentiment que ce dernier aurait contre M. Mabrouk ?

M. Ayari prétend également (si j’ai bien compris sa phrase pour le moins mal fagotée) que je l’ai enlevé comme admin de la page Nhar 3la 3ammar (que j’ai créee par ailleurs). Cela aurait pu être le cas, surtout qu’il spammait la page avec ses vidéos délirantes, ce qui est contraire à la charte d’utilisation tacite que le groupe de coordination de nhar 3la 3ammar avait instauré mais cela aurait été fait après une concertation dans le groupe comme c’était le cas pour Nabil Farhat, après plusieurs avertissements sur son utilisation abusive de la page. Mais surtout depuis qu’il a fondé un obscur parti politique utilisant cette page pour des règlements de compte et pour y publier ses avis personnels sans les signer (encore une règle tacite non respectée).

Dernière chose sur Nhar 3la 3ammar. Juste après cet épisode et après m’être assuré qu’étant le créateur de la page je pouvais ne plus être admin, je me suis retiré cette fonction. Au risque de décevoir, je ne suis plus, depuis des semaines, administrateur de cette page et par la même occasion je ne peux pas être celui qui l’a supprimé. Il faut peut être chercher du coté de Rachid Ammar et le renseignement militaire, qui voudrait neutraliser un obstacle à leur coup d’état militaire.

En ce qui concerne le passage sur les personnes “pas clean” avec lesquelles je “dealais” et le charabia incompréhensible sur mon père docteur d’Etat et fils d’un porteur de la médaille de l’indépendance, il faut qu’il nous donne plus de détails. Personnellement, je ne parlerai pas du sien (allah yarhmou). Il doit déjà se retourner dans sa tombe en voyant son rejeton essayer de se faire un prénom, en illustrant ses délires mégalomaniaques avec des photos de sa tombe.

La dernière invention vaut son peasant d’or. Al Jazeera aurait financé “mon” meeting au Golden Tulip. Là encore, je ne sais pas si ce sont des problèmes de compréhension ou de mauvaise foi, le fait est qu’il faisait référence à la “3e rencontre de la communauté Creative Commons dans le monde arabe”. Un évènement qui visait à intégrer la communauté tunisienne dans le réseaux arabe.

Dans cette rencontre, des créatifs, artistes, blogueurs tunisiens ont rencontré leurs semblables venant des quatre coins du monde arabe, du Maroc au Qatar en passant par La Syrie et la Palestine. Il se trouve qu’AJ est l’un des partenaires de Creative Commons (Organisation non gouvernementale à but non lucratif) et qu’elle a effectivement été le sponsorise principal (mais pas l’unique) de l’évènement. Nawaat, qui utilise la licence CC pour son blog était le partenaire local de l’ONG. L’organisation logistique de l’évènement (hébergement, restauration, transport…) avait été confiée à une entreprise spécialisée payée directement par CC.

Mon rôle, en tant que coordinateur de l’évènement, était de sélectionner les participants tunisiens et l’organisation d’un concert gratuit. Que ce soit moi ou les collaborateurs qui m’ont aidé ou encore les artistes qui y ont participé (que je remercie au passage) l’ont fait à titre bénévole sans toucher la moindre rémunération. Durant l’organisation de ce meeting, il n’y a eu aucun lien direct entre Nawaat et AJ et encore moins un quelconque financement qui nous aurait été destiné.

A titre anecdotique, YA n’a pas été sélectionné pour y participer et qu’il avait fait part de son mécontentement auprès d’un membre de l’équipe qui nous l’avait fait parvenir. Pour éviter de le vexer, lui qui ne rate pas une occasion pour se plaindre d’être marginalisé, il a été rajouté à la dernière minute à la liste des participants. Bien évidemment, il a fait le déplacement accompagné d’une de ses groupies. Il ne s’était d’ailleurs pas gêné pour profiter, lui et sa “compagne”, des déjeuners offerts par la satanique AJ au Golden Tulip.

Notre choix de refuser tout financement jusqu’ici a été un choix stratégique. Notre démarche visait à promouvoir l’engagement au dépend des moyens. Le site et tous les frais qu’il engendre (hébergement de sites pour nos différents projets, noms de domaines, campagnes, déplacements etc…) sont, depuis sa création, financés par ses administrateurs qui avaient tous un travail. Le jour où Nawaat décidera de changer son mode de fonctionnement cela sera dans la transparence la plus totale concernant les partenaires et le mode de financement.

Enfin, pour terminer, le clou de cette polémique de bas étage: l’histoire de “l’homme qui a dit que l’homme a dit non”.

Revenons très rapidement sur cette période trouble. Début janvier, plusieurs témoignages remontaient du terrain indiquant que l’armée (dans ses éléments identifiables du moins) ne participait pas à la répression féroce que menait la police. Des sources militaires confirmaient ces témoignages. Une source militaire bien placée m’avait même affirmé que c’était une décision prise au plus haut de la hiérarchie militaire.

Cette thèse m’a été corrigé le 5 janvier par un haut gradé de l’armée à la retraite qui soutenait que le commandant en chef de l’armée de terre, avait en fait demandé un ordre écrit refusant d’exécuter l’ordre oral d’impliquer l’armée de terre dans la répression des manifestants.

Le 7 janvier j’ai reçu plusieurs messages privés sur twitter de la part de M. Ayari disant globalement la même chose, en y ajoutant la quotient de son père et en nommant Rachid Ammar, qui selon ses dires “serait à un an de la retraite et ne voulait pas être impliqué dans ce qui se passait”. Après cette dernière source, l’information semblait suffisamment crédible pour qu’elle soit publiée.

Aujourd’hui et 7 mois après les faits, YA décide de révéler, d’une manière très douteuse, qu’il était la seule source de l’information et qu’il l’aurait, selon ses dires, inventé de toutes pièces ! Comme je viens de l’expliquer, ceci est bien évidemment faux. Peut-être le croit-il sincèrement ? Mais pour plus l’honnêteté il aurait fallu avouer avoir délibérément tenté de manipuler l’opinion mais aussi avoir menti sur l’origine de cette information. Le fait d’avouer aujourd’hui être un menteur en reprenant à son compte ce qui se racontait dans les coulisses du pouvoir, bien qu’éthiquement condamnable, n’a rien d’extraordinaire. “Une gorge profonde”, ça trompe énormément.

Quelques jours plus tard, Maghreb confidentiel puis les médias français sortent des informations similaires faisant état du limogage de Ammar et de la tentative de le remplacer par le général Ahmed Chebir. Des journalistes avec lesquels je me suis entretenu à l’époque confirmaient cette version en se basant sur leurs propres sources. Croire que la presse internationale s’est basée sur mon tweet comme seule source d’information, est très flatteur pour moi et pour Nawaat (bien que cela ait joué un certain rôle dans la guerre psychologique qui se déroulait en Tunisie), mais ô combien impossible. Il faut souffrir de mégalomanie aiguë pour le croire. La vidéo dans laquelle il explique cette double supercherie se passe, quant à elle, de tout commentaire.

Aujourd’hui, il est certain que l’armée n’a pas agi comme un seul homme et que certains de ces éléments pourraient même être impliqués dans la mort de nos martyrs. Cependant, personne ne possède une version complète et vérifiable de ce qui s’est exactement passé pendant les derniers jours du règne du dictateur en fuite. Chacun a sa petite histoire mais personne ne possède de preuves tangibles sur ce qu’il avance. Le marronnier de la menace du coup d’état militaire en est l’exemple parfait.

Pour terminer, Nawaat est régulièrement approché par des grands médias internationaux pour des propositions de collaboration et d’échange de contenu. Courrier International, Rue89, L’express, Le monde, Libération, Arrêt sur images, Arte (pour ne citer que les médias français) et bien d’autres reprennent le contenu publié sur notre blog et nous citent régulièrement, non par amitié ou sympathie mais en reconnaissance de 8 années de sérieux et d’indépendance et du rôle que ce blog a joué dans l’opposition à la dictature de Ben Ali et à son rôle aujourd’hui dans la nouvelle scène médiatique tunisienne. Cela peut agacer, énerver ou indisposer certains, c’est leur droit, mais malheureusement nous ne pourrons rien y faire…

Malek Khadhraoui
www.nawaat.org
@malekk