Ils avaient tout pour eux : le courage, un passé d’opposant historique, de l’argent, une visibilité médiatique, un pouvoir destourien-RCDiste qui bien que chancelant, a tenté de faire pencher la balance à leur avantage plutôt qu’à celui de “l’ennemi”. En plus ils étaient “modernistes” et “progressistes” (waaaaaaaaaaaaaaw !!!!). Pourtant, ils se sont ramassés.
Certes, Ennahdha ayant 30% des voix signifie que 70% des électeurs ont voté pour autre chose. Mais le problème, c’est qu’Ennahdha a eu 30% des voix en jouant parfaitement le jeu (nauséabond) de la politique : on hausse ou on fait mine de hausser le ton par là, on rassure par ici. On fait le dos rond dans les médias, pendant que les militants quadrillent méthodquement le terrain. On fait exactement les mêmes conneries que les autres : argent sale, accointances suspectes avec des puissances étrangères, langue de bois, aveuglement criminel aux vagues répressives du pouvoir policier, recrutement douteux d’ex RCD, etc.
Dans son comportement, Ennahdha est un parti comme les autres. Il a juste plus de succès que les autres. Mais pourquoi ?
Dans un excellent article (1), Néjiba Belkadi nous explique la chose suivante :
“[Le pouvoir tunisien] a dû répondre à une problématique essentielle : comment assurer une égalité pour que soit viable socialement l’assise de la monture du pouvoir ? Il a visiblement adopté un modèle égalitaire, de façade, chargé d’expulser le cœur de la Tunisie, comme pour garantir l’égalité de sa périphérie. Un modèle égalitaire entre pauvres et égalitaire entre riches et qui garantit le fossé entre les deux, un fossé chargé de rendre invisible cette inégalité.”
En d’autres termes la société tunisienne s’est construite pendant 50 ans sur la domination d’une frange de la société par une autre (ce qui est la nature de toute organisation sociale). Fracture sociale. Avec toutefois la possibilité de s’élever, notamment par la fonction publique (de Ahmed Mestiri à Ben Ali, mes deux grand-pères…).
Le pouvoir bourguibien a jeté du sel sur la plaie, en superposant à cette fracture sociale une fracture culturelle. Un choix clair avait été fait en faveur d’une “occidentalisation” de la société tunisienne (citadine) sur tous les plans : langue, moeurs (évolution plus lente), musique (le malouf plutôt que le mezouéd, ou Hédi Jouni à la TV plutôt que Salah Farzit), relations internationales, … Se rapprocher des puissants était l’un des dogmes de la diplomatie bourguibiste, et ben-alienne d’ailleurs). Fracture culturelle.
Sous Ben Ali, la profondeur des deux fractures culmine. Les réformes libérales initiées par Nouira atteignent leur vitesse de croisière, et par la mécanique structurelle de cette doctrine, la société tend à se scinder en deux : les pauvres, et les riches, de même que les grandes entreprises ont tendance à prospérer tandis que les PME rament.
Là où le modèle bourguibien avait réussi à installer et maintenir une classe moyenne importante, le système Ben Ali a travaillé à la détruire. La fonction publique n’est plus un ascenseur social, tout au plus la garantie d’un salaire maigre mais stable, et l’économie est la chasse gardée d’une poignée de familles mafieuses. La fracture sociale s’est donc accentuée.
La culture d’Etat étant restée ce qu’elle avait été sous Bourguiba, la fracture culturelle a à peine bougé. Certes, Samir Loucif passe maintenant à la TV, mais en face, on nous inflige chaque année un film dont l’indigence, couplée à des scènes “contraires aux bonnes moeurs” parachutées et imposées par les producteurs (“occidentaux”), excluent de facto une frange de la société au profit d’une autre. A tel point qu’un feuilleton mexicain ou turc parvient à faire ce que très peu de feuilletons tunisiens sont arrivés à faire : vider nos rues.
Fracture sociale et fracture culturelle, recouvertes jusqu’à aujourd’hui par un mouvement populaire aux revendications uniformes et exclusivement sociales et politiques (choghl, 7orreya, karama wataniyya). C’est un problème de taille et un défi d’avenir : comment réduire ces deux fractures ?
Vous pouvez avoir une idée de ce dont je parle en regardant l’intervention de Abdelaziz Belkhodja (PDM) sur Nessma, où il déclare sans le moindre complexe : “3anna barcha met5alfine fi tounès”. Comprenez, si vous ne votez pas “moderniste”, vous êtes met5alfine : fracture culturelle, doublée d’une fracture sociale visible lorsque vous analysez de plus près la composition sociale du PDM.
Je lui conseille de circuler en éléphant, en grand fan de la République de Carthage, ça lui permettra de joindre l’utile à l’agréable : revivre les sensations de ses ancêtres et éviter de regarder en bas.
Cette parenthèse quenellière fermée, j’espère que Cyril Grislain Karray nous apportera des éléments de réponse dans un addendum à son bouquin.
Cependant, toute approche anglo-saxonne de la question, par l’économisme, c’est-à-dire l’idée que si l’économie va bien alors tout va bien, est vouée à l’échec, parce qu’elle arrivera au plus à traiter la fracture sociale. Je dis au plus parce que la doctrine économique anglo-saxonne, dans laquelle nous baignons depuis 30 ans, produit aujourd’hui plus de misère et de violence que de richesse. Du moins pour les anglo-saxons du bas, de plus en plus nombreux.
Ne pas avoir identifié cette double fracture, ou l’avoir ignorée, est à mon avis l’un des problèmes majeurs de l’ex-opposition. Elle connaît bien le pouvoir policier, son fonctionnement, sa nature et les noms de ses piliers, mais elle ne connaît manifestement pas son peuple, ne sait pas sur quels boutons appuyer et quand. Autrement elle aurait mobilisé les foules bien avant le 14 janvier.
Le “peuple” tunisien n’est pas homogène dans sa sensibilité. Bombardez-le de vide idéologique et de termes importés, de du style “modernité”, “progressisme”, “lutte contre l’obscurantisme”, bla bla bla… et une grande partie détournera le regard. Ca ne lui parle pas. Ou du moins ce n’est pas suffisant pour la détourner d’un parti qui fait exactement les mêmes bêtises que vous, mais qui se dit islamiste.
Espérons que la gueule de bois démocratique passée, nos progressistes modernistes anti-rétrogrades anti-obscurantistes porteurs de Lumière daignent se remettre en cause.
(1) http://nejibisme.wordpress.com/2011/10/24/la-tunisie-en-passe-detre-libre/
MERCI BON ARTICLE
1-Ce qu’ILS N’ONT PAS COMPRIS LE SILENCE DE K.JANDOUBI ,
2-de quel droit les islamistes et les organisations wahabites international ont vole’ ma REVOLUTION ?
3- que les organisateurs de ces ‘elections sont 100 % LES SAOUDIENS
4-les islamistes ont diviser le peuple tunsien
+ ces elections organiser comme en inde ou bangladesh .
mauvais perdant !
@Adel
si ennahda a gagner 40 % ou est les 60 % ?
Si ennahda a perdu, pourquoi tant d’amertume des nostalgiques de Ben Ali
Une chance que tu ne sois pas audible. Sinon, les tunisiens (les braves et pas les indignes)seraient allés droit dans le mur. ”Les islamistes ont divisé le peuple tunisien” que tu dis!!!!Eh bien s’ils ont séparé une infime minorité de pseudo-démocrates à-plat-ventristes d’une majorité fidèle à elle même, à sa culture maintes fois millénaire et à sa tradition arabo-musulmane, Eh bien bravo, et que Dieu les bénisses ces islamistes là (et qu’il maudisse les rancuniers de ton espèce ).
Voir ce qu’a écrit NATIONALISTE tunisie http://www.babnet.net/cadredetail-40579.asp
http://blogs.mediapart.fr/blog/jean-francois-bayart/241011/la-tunisie-vue-de-louest-ou-le-trompe-loeil-electoral
La Tunisie vue de l’ouest, ou le trompe-l’œil électoral
24 octobre 2011 | Par Jean-François Bayart – Mediapart.fr
Le monde a les yeux rivés sur la Tunisie, où se sont tenues les premières élections libres que ce pays ait connues dans son histoire –car la nostalgie de l’ère Bourguiba, de bon aloi dans certains milieux, ne peut faire oublier que celui-ci fut un dictateur bien de son temps, sachant mettre au service de la cause nationaliste l’ingénierie communiste du centralisme démocratique et l’exporter vers l’Afrique subsaharienne, dont il fut le grand inspirateur des partis uniques.
La très forte participation qui a marqué la journée du 23 octobre n’allait pas de soi, au vu du retard des inscriptions sur les listes électorales et de l’illisibilité de la carte politique, du fait de la multiplication des partis et des listes d’indépendants. En soi, elle constitue un premier message politique, puissant: le peuple tunisien a voulu être au rendez-vous de la démocratie et conférer à l’Assemblée constituante une légitimité incontestable, celle des urnes.
Les résultats du scrutin, en cours de dépouillement, auront quant à eux une incidence importante sur l’évolution du pays, et seront lus avec attention dans l’ensemble de la région, qu’a ébranlé le départ de Ben Ali sous la pression populaire et, n’en doutons pas, celle de l’establishment de sa dictature, décidé à ne pas jeter le bébé avec l’eau du bain.
Que le 14 janvier ne fût pas une révolution, sinon de palais, fut d’emblée une évidence (1). Mais les événements qui l’ont précédé, pendant au moins deux ans, ont bel et bien créé une situation qui pourrait s’avérer révolutionnaire si la reconduction de l’ancien régime, sous le couvert d’une nouvelle Constitution, devait se confirmer et susciter la colère sociale de ceux qui ont consenti le prix du sang sans être payés de retour, notamment dans les provinces déshéritées de l’ouest du pays.
Le débat, à Tunis ou en France, s’est focalisé sur les questions du score électoral du principal parti islamique, Ennahda, et du respect de la laïcité. A elle seule, cette réduction de la complexité de la société tunisienne à une alternative binaire démontre que nous ne sommes nous-mêmes pas sortis du néo-destourisme, fût-ce sous sa forme grotesque du ben alisme, et des ressorts de sa légitimation intérieure ou internationale (2).
Même si l’on prend au sérieux ce problème de la place de l’islam dans le devenir de la Tunisie, on ne peut le caricaturer de la sorte, selon un jeu à somme nulle entre la religion et la sécularisation. D’une part, parce que Ennahda est un parti pluriel et n’a pas le monopole de la représentation politique de l’islam, contourné qu’il est par des mouvements plus radicaux ou plus modérés que lui. D’autre part, parce qu’il n’existe qu’en situation et sera reçu par la société tunisienne à l’aune de cette dernière, avec laquelle il n’aura d’autre choix que de composer, à l’instar des partis islamiques successifs en Turquie.
Ainsi, Ennahda est tributaire de rapports de force et de contraintes: ceux que lui imposent (ou ne lui imposent pas) les autres acteurs sociaux ou politiques; celles de l’économie et du système international. Il a par exemple été amené à signer plusieurs pactes avec les forces politiques laïcistes, par lesquels il s’est engagé à ne pas revenir sur les acquis du statut de la femme. Et, s’il parvient au pouvoir, il devra tenir compte du poids du tourisme dans les ressources du pays avant de songer à prohiber la consommation d’alcool.
Du point de vue de la sociologie historique du politique, la problématique de l’«agenda caché» que caresserait Ennahda n’est pas plus pertinente en Tunisie qu’elle ne le fut en Turquie. La bonne question n’est pas de savoir ce que veut faire Rached Ghannouchi, mais ce qu’il peut faire.
Dès lors, il est assez puéril de s’inquiéter du travail militant intense que Ennahda a effectué, y compris, comble de l’impudence, dans les quartiers populaires ou les régions défavorisées. Où est le scandale, puisque nous sommes en présence d’un parti, qui plus est de masse, et non seulement de cadres, pour reprendre la vieille distinction de la science politique? Ne réside-t-il pas plutôt dans la division des forces laïques, et dans leur incapacité à sortir des jeux byzantins de la «transition», entre La Marsa et Carthage, les banlieues chic de la capitale?
In fine, le score d’Ennahda –apparemment élevé, selon les premières indications dont on dispose en ce début d’après-midi du 24 octobre– sera le fruit de la mobilisation de ses militants depuis neuf mois et de la perception ambivalente qu’en ont eue les électeurs: celle d’un parti qui a été la principale victime de la répression de Ben Ali et qui inspire à ce titre le respect ou une certaine sympathie, notamment de la part des familles de tradition politique yousséfiste (3); celle aussi d’un parti qui n’a pas pu ou su s’impliquer dans la grève du Bassin minier en 2008, puis dans le soulèvement de décembre 2010-janvier 2011, peut-être par prudence et par calcul politique, quitte à essayer ensuite de tirer les marrons du feu de la «transition».
Enfin, la polarisation du débat idéologique ne doit pas occulter un double chassé-croisé dans l’entre-deux du système politique. D’un côté, le «Printemps arabe» voit émerger une offre islamique d’Etat séculier, pour reprendre une analyse du politiste Mohammed Tozy, offre qui divise le mouvement islamique lui-même, en Tunisie comme en Egypte ou au Maroc.
D’un autre côté, une fraction de l’appareil du RCD a choisi de rallier Ennahda, tandis que d’autres de ses cadres tentaient leur chance comme candidats indépendants ou rejoignaient deux partis créés par des personnalités issues de l’ancien régime, le Parti démocrate progressiste (PDP) de Ahmed Nejib Chebbi, un opposant historique de Sa Majesté ben alienne, et l’Union patriotique libre (UPL) de l’homme d’affaires Slim Riahi, non moins introduit dans les sphères de l’affairisme dirigeant.
Quels que soient les résultats définitifs des élections du 23 octobre, quelles que soient les formules politiques auxquelles ceux-ci conduiront (prorogation, ou non, du gouvernement de transition; adoption d’un régime parlementaire ou d’un régime présidentiel ravaudé), leur véritable enjeu porte sur la trajectoire historique qu’a emprunté le processus de formation de l’Etat en Tunisie depuis au moins deux siècles.
Il ne s’agit pas d’oblitérer l’importance des césures qu’a connues cette trajectoire –passage d’un statut de quasi-dominion de l’Empire ottoman à celui, quasi colonial, du Protectorat français; passage d’un monde impérial à celui de l’Etat-nation; passage d’une domination politique de parti unique à une domination policière de parti unique; passage du dirigisme développementaliste à la privatisation néolibérale de l’Etat– ni l’effectivité des transformations du pays depuis le 14 janvier, à commencer par l’instauration d’un climat de liberté et la prise de parole par les acteurs sociaux, ne serait-ce que pour dire que… rien n’a changé !
Il ne s’agit pas non plus d’opposer de façon mécanique les régions de l’ouest, marginalisées et subordonnées, à celles du littoral, dominantes car, nous le verrons, les premières sont hétérogènes et rencontrent chacune des difficultés spécifiques. Simplement, il convient de prendre en considération l’historicité du processus asymétrique de formation de l’Etat en Tunisie si l’on veut comprendre la teneur du changement dans lequel elle s’est lancée.
Les différentes régions de l’ouest tunisien ont en commun d’avoir été des marches de l’Etat central depuis des lustres. A l’époque ottomane, le bey les administrait par l’intermédiaire des familles ou des lignages dominants et se contentait de les visiter périodiquement pour y lever l’impôt. A l’époque du protectorat, la France les a placées sous administration militaire, à l’exception du nord-ouest, riche en eau, où les colons ont créé de grandes exploitations agricoles. Ces marches ont été des terres de dissidence par rapport au pouvoir central: dissidence fiscale, bien sûr, mais aussi dissidence paysanne, ouvrière ou nationaliste, comme l’ont attesté la révolte de 1906 à Kasserine, l’enracinement du Néo-Destour, les grèves dans les domaines des colons, l’implantation des maquis des fellaghas qui luttaient pour l’indépendance dans les montagnes entre Le Kef et Gafsa, ou encore le soutien apporté à Ben Youssef dans son opposition à Bourguiba, dans les années 1950.
Le triomphe de ce dernier et l’éradication de ses concurrents se sont soldés à l’avantage politique et économique de Tunis et de ses environs, d’une part, de la région du Sahel, de l’autre, dont était originaire le «père de l’indépendance», et dont il s’employa à combler le retard à grand renfort d’investissements.
En revanche, l’ouest, tenu comme jamais en suspicion politique, non seulement végéta, mais encore régressa économiquement: par exemple dans les environs de Jendouba et du Kef, où le départ des colons et la réforme agraire provoquèrent un certain appauvrissement faute d’investissements publics et privés; et dans le Bassin minier de Gafsa, où la modernisation, et notamment la mécanisation, de la Compagnie des phosphates de Gafsa (CPG), dans les années 1990, se solda par une explosion du chômage et la fin de l’entreprise-providence sans qu’aucune reconversion sérieuse de la zone ne soit mise en œuvre, et alors que l’exploitation de gisements à ciel ouvert dévastait l’environnement.
L’ère Ben Ali ne fit qu’exacerber cette distorsion entre le littoral et l’hinterland héritée du passé, sur le mode ubuesque qui lui était cher, et dont les villes des régions occidentales gardent des séquelles hélas plus dramatiques que les ridicules statues de fennec à la gloire de l’Environnement que l’on voit encore ici ou là. Grosse erreur que d’avoir lu, depuis le 14 janvier, l’ancien régime à travers le seul prisme grotesque de la «Famille» et de sa «mafia». La domination du RCD reposait, et continue de reposer, sur une économie politique complexe qui, notamment, dans l’ouest, assurait, et reproduit aujourd’hui, la subordination de l’hinterland au littoral.
En soi, cette formation asymétrique de l’Etat en Tunisie n’a rien que de très classique. C’est ainsi que s’est constitué l’Etat en Europe même. Tout comme l’Italie, unifiée par le Piémont, la Tunisie a son Mezzogiorno. Mutatis mutandis, la comparaison suffit à nous indiquer deux éléments d’analyse. L’inégalité née du moment politique de l’unité –dans le cas italien– ou de l’indépendance –dans le cas tunisien– se perpétue par mues successives, sous le couvert de régimes différents. Par ailleurs, la subordination du Mezzogiorno, dont la condescendance, voire le racisme social ordinaire du centre énoncent l’altérité radicale, sur le mode de la dichotomie entre la civilisation et l’arriération, se conjugue dans les faits au pluriel: de même que la Sicile, la Campanie, les Pouilles, le Basilicate et la Calabre constituent des ensembles disparates, les régions occidentales de la Tunisie n’ont d’autre dénominateur commun que celui de leur subalternité.
Au regard de cette problématique, et des événements sociaux qui ont abouti au départ de Ben Ali et à l’élection d’une Assemblée constituante, la question essentielle à laquelle répondra cette dernière, d’une manière ou d’une autre, et le plus probablement sous une forme conservatoire, a trait au mode d’articulation de l’hinterland à l’Etat central.
Pour le moment, celui-ci y est présent sur le mode de son absence. Ses administrations ne sont pas représentées, ou sont sous-représentées, dans l’intérieur, soit parce qu’elles ont fui certaines villes après le 14 janvier, soit parce qu’elles laissent la place aux réseaux locaux de notabilité, par exemple tribale, et à des organisations spécifiques, comme la CPG, véritable Etat dans l’absence d’Etat au cœur du Bassin minier de Gafsa, ou les offices auxquels le Commissariat général du développement régional confie ledit «développement régional» dans les provinces de l’intérieur pour se consacrer exclusivement aux… gouvernorats les mieux lotis, ceux du littoral!
De même, les infrastructures reliant l’hinterland à la côte laissent pour le moins à désirer, hormis l’autoroute, encore inachevée, qui rapproche Jendouba et Le Kef de la capitale. Le coûteux aéroport de Gafsa n’a apparemment pas d’autre fonction que militaire –il aurait été construit notamment pour les besoins de l’armée américaine– puisque la compagnie nationale ne le dessert pas. Le voyageur est pour l’essentiel tributaire des «louages» –les taxis collectifs– qui évitent de voyager la nuit pour des raisons de sécurité et mettent environ de cinq à six heures à relier les villes du sud-ouest à Tunis, non compris le temps d’attente du remplissage du véhicule. Enfin, les provinces de l’ouest sont terriblement défavorisées dans les secteurs de la santé et de l’éducation dont le délabrement écorne le mythe du «miracle tunisien».
L’une des manifestations de cette absence de l’Etat est la multiplication des dos d’âne sauvages construits par la population locale, dans le sud-ouest, pour contraindre les véhicules des contrebandiers à ralentir et éviter les accidents mortels dont ils se rendaient coupables en traversant à plus de cent à l’heure les agglomérations, avec l’assentiment implicite des forces de l’ordre parties prenantes des trafics et soucieuses de garantir la paix sociale en concédant quelques niches de survie aux opérateurs du cru.
Mais, dans le même temps, cet Etat absent empêche toute forme de décentralisation ou de déconcentration administrative réelle: les municipalités n’ont aucun pouvoir par rapport aux gouverneurs qui eux-mêmes sont soumis à l’autorité de Tunis, et même la CPG n’a aucune autonomie de gestion réelle dès lors que son rôle et son statut sont politiques et sociaux autant qu’économiques. Ainsi, les provinces occidentales sont en pleine déshérence, plus ou moins isolées d’un littoral qui seul serait à même de contribuer à l’amélioration de leur sort, dans l’impossibilité politique et administrative de faire fructifier leurs atouts propres dans les domaines de l’agriculture et du tourisme archéologique, privées de tout investissement privé ou public, et même dépossédées de leurs ressources naturelles telles que le phosphate ou l’eau.
Non seulement leur rôle décisif dans le renversement de la dictature de Ben Ali n’a pas été reconnu à sa juste valeur par les autorités de transition, mais encore le Premier ministre, au gré de quelques déclarations bien senties dont il a le secret, n’a pas caché le mépris tunisois qu’il nourrit à l’endroit de leur barbarie supposée. Puisque l’on parle de «Printemps arabe», par référence à celui des peuples européens en 1848, il faut maintenant se demander si ne va pas succéder, à la révolution de palais de janvier 2011, une révolution sociale à l’initiative des «damnés de l’intérieur» –par référence à l’ouvrage célèbre de Fanon, qui fut écrit, ne l’oublions pas, il y a cinquante ans à Tunis–, révolution sociale dont on peut craindre qu’elle ne soit noyée, sinon dans le sang comme celle de juin 1848 à Paris, du moins dans la restauration autoritaire.
Mais on peut aussi regarder du côté de la Turquie et soulever l’hypothèse d’une victoire de Ennahda qui assurerait à terme l’ascension sociale et politique de nouvelles élites d’une partie de l’hinterland – notamment du nord-ouest – et rééquilibrerait la prééminence de Tunis et du Sahel, un peu comme l’a fait l’AKP au profit de notables et d’entrepreneurs anatoliens qu’assujettissait l’establishment kémaliste.
En tout état de cause, les régions de l’ouest dispensent deux leçons pour la compréhension de ce qui s’est passé (et va se produire) en Tunisie. D’une part, elles attestent que le bouleversement est né non pas du cerveau ailé de quelques blogueurs et blogueuses, comme cherchent à le faire accroire des journalistes et des chercheurs de science politique qui semblent s’être transformés en agents publicitaires de Facebook.
Les événements de décembre-janvier ont été préparés pendant de longues années par des militants que l’on peut rencontrer en chair et en os à Jendouba, à Kasserine, à Gafsa, à Redeyef, ailleurs encore: des syndicalistes, des avocats, des ouvriers, des enseignants, des membres de la Ligue tunisienne des droits de l’Homme, et aussi des acteurs politiques membres d’organisations interdites ou placées sous haute surveillance. L’engouement des commentateurs pour Facebook ou le rap a quelque chose d’indécent au vu de ce passé de mobilisation sociale et politique, dans les conditions que l’on sait, même s’il ne faut pas sous-estimer la place d’Internet dans la société tunisienne d’aujourd’hui, y compris dans les régions de l’ouest.
D’autre part, l’analyse de ces dernières rappelle que le régime de Ben Ali consistait non seulement dans l’usage de la coercition, mais aussi et surtout dans une économie politique de l’«obéissance» (4), éclairage dont certains se sont gaussés un peu trop rapidement, convaincus qu’ils étaient que la «révolution de jasmin» avait au contraire démontré la fragilité du système. Il n’en est rien. Pour reprendre des expressions que l’on entend dans l’hinterland, chaque région avait «son Trabelsi» –du nom de la seconde belle-famille du président Ben Ali– et aujourd’hui «nous sommes dix millions de Trabelsi».
Le régime s’est construit sur un écheveau inextricable de passe-droits, de chevauchements entre positions de pouvoir et positions d’accumulation, d’accaparements, de délégations qui rendent singulièrement difficiles toute démocratisation sociale, toute reconsidération critique du modèle de croissance, désormais condamné, toute redéfinition du mode autoritaire de gouvernement, tout renoncement à un habitus de prédation qui permet par exemple à un grand hôtel de Gafsa de se brancher en toute impunité sur le système électrique du stade voisin, ou à un opérateur économique bien en cour d’utiliser le crédit bancaire qui lui a été consenti pour une fin autre que celle qui justifiait son octroi.
Et, derechef, les problèmes ne se posent pas de la même manière d’une région de l’ouest à l’autre. Dans le Bassin minier de Gafsa, à Sidi Bouzid et à Kasserine, la dimension tribale et la rivalité entre autochtones et allogènes, qui a été une grande ressource de la domination du Néo-Destour et du RCD, sont aujourd’hui instrumentalisées par les notables soucieux de préserver leurs intérêts, voire le retour aux affaires d’un nouvel avatar du parti unique. Dans la région de Jendouba, ces facteurs sociaux sont inexistants et les caciques du régime déchu doivent recourir à d’autres moyens pour persister dans leur être. La question foncière est omniprésente, mais elle ne se présente pas non plus de manière identique d’une région à l’autre.
A Sidi Bouzid et, dans une moindre mesure, à Kasserine, l’accaparement des terres irriguées (ou vouées à le devenir) par les réseaux influents du littoral alimente le mécontentement sans que sa contribution au développement soit évident; à Jendouba, la petite paysannerie est propriétaire de la terre, en dépit de la constitution de grands domaines, mais elle conteste le prix de l’irrigation dont elle refuse massivement de s’acquitter et n’a souvent pas les moyens financiers de cultiver son lopin; dans le Bassin minier de Gafsa, la CPG est propriétaire de la quasi-totalité des terres en fonction de la législation héritée du Protectorat français et du code minier, terres domaniales dont la population n’a qu’un droit d’usage, y compris dans les agglomérations, et ne peut pas, de ce fait, hypothéquer ses biens pour obtenir un crédit bancaire ni se porter partie civile contre l’administration ou la compagnie minière en cas de contentieux faute de capacité juridique pour ce faire.
Partout, la sous-traitance s’avère avoir été l’un des arc-boutants du pouvoir du RCD, qui accordait (ou faisait accorder) aux hommes politiquement méritants les marchés, et elle reste au cœur des tentatives de traitement social du chômage depuis janvier. Mais elle revêt des modalités particulièrement conflictuelles dans le cadre du «dégraissage» de la CPG et de la reconversion du Bassin minier, où des notables tribaux et syndicaux ont trusté les contrats accordés par la compagnie.
Enfin, si les régions de l’ouest sont toutes frontalières de l’Algérie, elles ne tirent pas de cette particularité les mêmes profits. Les trafics sont autrement plus florissants dans le sud-ouest, en raison de la proximité de la Libye, et y structurent l’économie locale, ce qui ne laisse pas d’inquiéter dans le contexte international actuel, et par comparaison avec l’Italie: après tout, la criminalité organisée a été l’un des modes d’intégration du Mezzogiorno à l’Etat-nation et au marché, après le Risorgimento.
Au fond, comprendre ce qui se joue en Tunisie suppose que l’on raisonne certes en termes d’historicité du politique, mais plus précisément en termes de terroirs historiques (5). Aux antipodes de la vision téléologique, éthérée et numérique de la «transition», il faut redonner chair à celle-ci, une chair sociale et historique qui est également d’ordre géographique. Il faut, en quelque sorte, écrire «une transition au village», en ayant à l’esprit les livres éponymes de Maurice Agulhon et de Giovanni Levi au sujet, respectivement, de l’implantation de la République dans la France du XIXe siècle et de la formation de l’Etat dans le Piémont du XVIIe siècle.
(1) Lire mon billet du 17 janvier, «Indécences franco-tunisiennes» et, sous la direction de Béatrice Hibou, «La Tunisie en révolution?», Politique africaine, 121, mars 2011 (pdf).
(2) Voir Béatrice Hibou, «Le moment révolutionnaire tunisien en question: vers l’oubli de la question sociale?» (pdf).
(3) Salah Ben Youssef (1907-1961), secrétaire général du Néo-Destour et lieutenant de Bourguiba, prendra la tête de la mobilisation nationaliste radicale et s’opposera à la ligne modérée de celui-ci à partir de 1955. Il sera exclu du parti. Contraint à l’exil, il sera liquidé à Francfort.
(4) Béatrice Hibou, La Force de l’obéissance. L’économie politique de la répression, Paris, La Découverte, 1996.
(5) Je me permets de renvoyer à mon ouvrage, L’Etat en Afrique. La politique du ventre, Paris, Fayard, 1989 [2006], pp. 317 et suiv. sur ce concept de terroir historique.
URL source: http://blogs.mediapart.fr/blog/jean-francois-bayart/241011/la-tunisie-vue-de-louest-ou-le-trompe-loeil-electoral
article de qualite, concis, impartial et complet!!
bonne lecture
un commentaire 3 fois plus long que l’article.. Done !
Vous continuez de jouer le jeu de Bourghuiba et de Ben Ali, c’est-à-dire de diaboliser les islamistes et de mettre tous les maux de notre société sur leurs dos. Le premier c’est avec l’islam qu’il avait un problème, et le deuxième n’était pas capable de penser par lui-même tellement qu’il était abruti(quoiqu’une certaine élite communiste telle que Charfi ou Rouissi l’a bien fait pour lui). Puis, est-on obliger de se nommer progressiste pour l’être vraiment ou plutôt c’est pour faire croire que les autres sont passéistes, d’ailleurs quand je passe en revu les noms des différents partis en Tunisie ( progressiste, moderniste, etc…) je ne peux que me rappeller des discours de Staline et d’autres criminels qui ont sévi en Europe de l’Est. Je crois vraiment qu’une certaine élite tunisienne doit se regarder dans la glace, penser par elle-même et cesser de mépriser son propre peuple . les peuples arabes ont prouvé par leur courage et leur endurence qu’ils sont maîtres de leur destin et qu’ils n’ont de leçon à recevoir de personne et encore moins des occidentaux.
Bravo Ben-Belgacem
Où les islamistes sont-ils diabolisés dans cet article ? Je n’ai pas vu qu’on leur mettait tous les maux de la société sur le dos. Pouvez-vous m’éclairer, s’il-vous-plaît ?
Les ‘laiques’ feraient mieux de s’occuper des vrais problemes du peuple tunisien plutot que de passer son temps a diffuser un film bidon sur nessma et crier ‘ISLAMISTE , TERRORISTE….’ pour rien
the nahdaoui girls counting the vote ballots are slow
because the niquabs are restricting their movements.
the counting of votes in tunisia is at similar pace as that of irak.
if the counting is done at that interior ministry than the numbers
are reshuffled to suit a certain outcome.
by slow pace of vote counts the police have time to shred records,
beji essebsi and mbazza are fattening their bank accounts and changing the registration of goverment cars to their grand children names and so on.
will the result of election take more than 6 month.
we only have 4 million voters ,how many people are doing the counting?.
a jendoubi/beji/kefi/sahli mess that’s tunisian brains 4 corners.
L’assimilation d’Ennahda aux salafistes est, de fait, un non-sens.
Parti conservateur, Ennahda ne s’est jamais réclamé de la charia. Son programme n’y fait pas mention, et s’engage à protéger autant les «droits de la femme» que «ceux de la famille».
A l’image des autres organisations d’influence islamique, comme l’AKP turc, son programme économique est fidèle au libéralisme le plus pur, et s’en remet à la croissance et aux baisses de taxes accordées aux entreprises pour résorber le chômage.
Les dirigeants d’Ennahda ne pratiquent pas un double discours, comme l’affirment en permanence ses détracteurs, mais sont plutôt porteurs de quantité de discours et d’arguments, parfois contradictoires, qui reflètent toutes les tendances d’un parti qui n’est pas uniforme. La tête de liste Tunis 1 pour Ennahda est une avocate non voilée. Hemadi Jebali, secrétaire générale du parti, nous confiait dès janvier, au lendemain de la révolution, être «tout à fait favorable à la séparation de l’Eglise et de l’Etat».
La base du parti est plus incertaine, mais Ennahda s’est toujours engagé, par la voix de ses dirigeants, à respecter le jeu démocratique et à composer avec les autres tendances de la constituante, y compris dans le cadre d’un gouvernement d’union nationale.
source: mediapart
http://www.mediapart.fr/journal/international/251011/tunisie-les-ressorts-du-vote-islamiste?page_article=2
Nahdha a transforme cette election en lutte des classes.Ils en ont trop fait et s en rendent compte en minimisant leur succes trop important .Ils n ont pas la confiance de l elite ,or si le peuple fait la revolution c est l elite qui construit le pays.Nahdha sera victime de son succes
Merci un article bien balancé
Bravo Elyes, vraiment Bravo, ça dénnote ton haut degré de politique et de critique, depuis le résultat du 23/10 je me suis mis à cerner les raisons d’un tel résultat et je t’avoue que j’ai compris que si on veut mener ce peuple, ce bon peuble quoi que l’on dise de lui, il faudra qu’on milite dans des associations et aller dans le sud, l’est, l’ouest et le nord du pays pour enseigner les vraies valeurs du modernisme que nous a laissé Bourguiba en héritage.
Encore Bravo et pkoi pas formons une association ensemble !
What Tunisians do not realize is the dangers of having any religious movement establish a government and a constitution (perfect example is Iran). My concern with having an Islamist Party is how will it promote equal rights and freedom of expression for ALL Tunisian people regardless of their religious beliefs and political ideologies. The reason why we had this revolution is so that we can obtain the freedom, dignity and full citizenship rights entitled to every Tunisian.
I think you got it all wrong.
First of all, I’m tired of this Iran comparison. Tunisia IS NOT IRAN for a thousand reasons. The iranian scenario will not happen: different country sizes, different religion (sunni islam), different mentality, different time, different kind of islamic party, different kind of religion… the list goes on and on forever. That is your first mistake.
Your second mistake is that you assume that any islamist party will act like a tsunami on individual freedoms, in an inevitable manner. An islamist party is a political force like any other, and its democratic-ness is determined by the quality and determination of its opposition. Any power on this earth tends to oppress individuals, if you’re not convinced, have a look at the Patriot Acts I and II.
Your third mistake is that you assume there is only one kind of islamism: again, a simple glance at recent history will show you that there are many different kind of islamism. Tribal in Libya and Somalia, nationalist in Turkey and Tunisia, internationalist in Egypt, Jordan, and many other countries (tahrir party and the muslim brotherhood). Different islamisms, different behaviors.
Your fourth mistake is that you deny an islamist party the capacity of enforcing equal rights, and that is certainly because the only viable model you deem viable is secular liberal democracy. Which certainly guarantees one’s rights (to consume, consume, consume), but generates violence abroad (USA attacking Afghanistan then Irak, France and Britain colonizing Libya, Israel being a colonial state, though Israel is a theocratic non democratic state who routinely bans arab-israeli parties from elections).
A NEED FOR SPEED INDEED?
we even have a party for dialogue but importantly we have
all the time for arguments and views excahange.
what we need is actions to solve some problems like taking
care of the sick and projects that are a wealth creation.
we have to act fast anmd priotise our needs.
all the talk even for neon or light years won’t create a single
job or solve a single problem.
what we need is an urgency of action and single action is worth
more than a trillion inacted thoughts.
what must be understood is that an election is a starting point
of a job to be done not an end to itself.
winner or looser lets do the job and advance tunisia for the commun good to everyone who lives there.
incroyable ce manque de maturite politique.
je n’ai pas vote el naada pour continuer a voir nos “soeurs” tune pavoiser en bikini toutes fesses dehors ni pour continuer a voir sur nos terasses la biere couler a flot. j’ai vote el nada pour arreter cete decadence des moeurs dans notre cher pays.ce n’est pas seulement la polution linguistique comme le disait notre leader c’est une polution des moeurs de tous nos moeurs.
alors n’atendez pas de nous d’accepter de continuer cete orgie laic au nom de je ne sais quelles valeurs qui ne sont pas les notres.
ce n’est pas un jeu dans la cour de notre ecole primaire on n’a pas a etre gentils,et a vous laisser vos joujoux.
on a gagne les elections et avec elles le droit d’eriger une tunisie conforme a nos desirs et nos valeurs puisants directement de notre religion l’islam.les elections ce n’est pas un concours de beaute alors les libertins et les libertines hop laissez la place et rentrez dans vos chaumieres je crois que la on n’ira pas ,pour l’instant, vous empecher de continuer a feter vos idoles: le sex l’alcool et le reste.a bon entendeur salut.
belléhi tga3ed
ye5i cha3b tounès ma9soum 3la thnine ? béhine ou 5aybine ?
ma fadditech mel to5mém el féséd hédha ? fi9 3la wadh3ek
bonjour à tous
j’espère de tout mon coeur que cessent ce dialogue de sourds entre “islamistes” et “laïques”, que le débat s’élève un peu pour aborder les questions essentielles: la réforme de l’Etat et de la justice, le développement économique, la participation citoyenne, la réforme de l’enseignement et de la culture, l’émancipation à l’égard des puissances étrangères…
Les chantiers ne manquent pas et dans cette phase cruciale il faut fédérer et non diviser, rassembler toutes les énergies et tous les talents pour relever le défi de la construction d’une nouvelle société démocratique juste et solidaire
Acceptons notre diversité qui est notre richesse, respectons l’autre et débattons dans la sérénité loin des clichés et des parti-pris
La division des tunisiens en deux camps irréductibles ne profitera ni à l’un ni à l’autre
Il n’y a pas vraiment de debat Islam ou non en Tunisie. C’est bien plus simple qu’en Egypte ou encore en Syrie. Il est tout a fait normal que les valeurs de la societe, issues de la religion comme partout ailleurs, trouvent une place centrale dans la constitution du pays. Ce n’est pas une constitution d’une utopie laic qu’est le travail de l’assemblee constitutionelle, c’est un document sur la base duquel tous et toutes les Tunisiennes peuvent se retrouver, avec une majorite des deux tiers, disons. C’est ce que cherche Ennahdha en s’alliant avec les deux autres partis.
Il me semble que Bourguiba avait introduit ce faux debat en s’alliant avec l’Occident contre les pays voisins, les elites Tunisois et les tribus du sud et l’interieure du pays; bref, tous ses ennemis ou disons les obstacles a sa carriere politique.
La Tunisie a eu le malheur d’avoir un petit homme avec un complexe d’inferiorite, malin et habile, d’une ambition personelle erigee en mission messianique, comme premier president. Il a aussi eu dans ce meme president un homme sans amertumes, d’une nature plutot pacifiste, qui preferait se bagner dans la baie de son palais de Carthage plutot que de presider sur des pendaisons et autres fins violents de ses compatriotes qui n’etaient pas d’accord avec lui, comme dans la plupart des autres pays arabes.
It’s not a farfetched notion that a country’s destiny under authoritarian rule isn’t so much a grand excursion into History, but the result of a few very personal choices by a single man. I would even say that the 23rd of October 2011 is the birth of Tunisia as a sovereign country belonging finally to its people. This is not to say that the legacy of the past doesn’t weigh heavily, but a debate about Islam is not naturally a part of it.
[…] Tunisie : Ce qu’ils n’ont pas compris Ils avaient tout pour eux : le courage, un passé d’opposant historique, de l’argent, une visibilité médiatique, un pouvoir destourien-RCDiste qui bien que chancelant, a tenté de faire pencher la balance à leur avantage plutôt qu’à celui de… Source: nawaat.org […]