L’Association des Magistrats Tunisiens (AMT) a discuté samedi dernier, lors d’une assemblée nationale, de la lenteur du gouvernement et de l’Assemblée Constituante qui ne cessent de retarder l’ouverture du dossier des juges corrompus.

Suite à cette réunion, plusieurs points ont été évoqués, notamment l’absence de concertation entre le ministère de la Justice et les juges, ce qui constitue une transgression de la loi. Afin de commencer le travail de réforme, l’idée d’une Instance Provisoire Indépendante reste encore de l’ordre de la théorie.

Après plusieurs négociations et rencontres où l’association a expliqué l’urgence de la promulgation de lois régissant cette instance provisoire qui supervisera les magistrats, le gouvernement, l’Assemblée Constituante et le ministère de la Justice n’ont toujours pas réagi aux revendications des juges. Les membres de l’association ont désigné cette attitude de “procrastination” entravant le cours de la réforme de la justice.

Suite à la détérioration des relations où l’opacité est de rigueur, l’Association des magistrats demandent explicitement au ministre de la Justice, Nourredine Bhiri, de cesser les recrutements et remaniements des postes en l’absence totale de transparence et d’un cadre sérieux de consultation avec les magistrats.

En signe de contestation, les juges porteront un brassard rouge dès aujourd’hui et durant une semaine dans tous les tribunaux de la Tunisie. Ils organiseront également une conférence de presse ce samedi 21 avril à 10h du matin au Palais de Justice à Tunis. Un sit-in est aussi prévu vendredi 27 avril au sein même de l’Assemblée Nationale Constituante.

La réforme de la Justice ne pourra se réaliser que par ceux qui ont été en premières lignes face à la dictature de Ben Ali. L’AMT, dont la juge Kolthoum Kannou est Présidente, rehausse ainsi la voix pour se faire entendre suite à une gestion opaque et procrastinatrice du ministère. Une course contre la montre pour assainir ce secteur a été lancée par l’associationet ce depuis le 14 janvier 2011. En effet, le 7 février 2011, soit à peine un mois après la chute de Ben Ali, Tunisiawatch dénombrait déjà 14 tribunaux incendiés où des milliers de dossiers ont été détruits.

Communiqué de l’Association des Magistrats Tunisiens

Communiqué de l'Association des Magistrats Tunisiens 14 avril 2012

: Liste des dernières nouvelles nominations faites par le ministère le 7 mars 2012: (TAP)

M. Brahim Majri : Premier président de la Cour de cassation

M. Mohamed Chérif : Procureur général près la Cour de cassation

M. Nouri Ktiti : Président du tribunal immobilier

M. Abdelaziz Efendi : Procureur de la république près le tribunal de première instance de Tunis en remplacement de M. Nouri Ghribi, nommé Président de chambre à la Cour de cassation

M. Mahmoud Kaabache : Procureur général près la Cour d’appel du Kef

Mme Mabrouka Kéhila : Premier président de la Cour d’appel de Gabès

M. Bechir El Merkhi : Procureur général près la Cour d’appel de Gabès

M. Mohamed Abid : Procureur général près la Cour d’appel de Sfax

M. Mohamed Najib Ben Amara : Procureur de la république près le tribunal de première instance du Kef en remplacement de M. Mansour Kallel, nommé conseiller à la Cour de cassation

M. Fathi Aroum : Procureur de la république près le tribunal de première instance de Médenine

M. Tijani Dammak : Président du tribunal de première instance de la Manouba

M. Kamel Gharbi : Président du tribunal de première instance de Sidi Bouzid en remplacement de M. Mongi Limam, nommé conseiller à la Cour de cassation

M. Salem Barka : conseiller à la Cour de cassation après avoir occupé les fonctions de Procureur adjoint de la république près le tribunal de première instance de Tunis

M. Elyes Sellami : juge cantonal à Ghardimaou en remplacement de M. Nizar Azizi, nommé juge au tribunal de première instance de la Manouba