Jabeur Mejri (à gauche) et Ghazi Beji

Le 25 juin dernier, la Cour d’appel de Monastir a confirmé le verdict en première instance de l’affaire Jabeur Mejri. Ce jeune citoyen tunisien avait été reconnu coupable de publication de contenu jugé « insultant » envers l’Islam.

C’est le 28 mars dernier que le tribunal de première instance de Mahdia avait condamné Jabeur Mejri et son ami Ghazi Beji, à une peine d’emprisonnement de sept ans et demi et une amende de 1200 dinars chacun pour la publication de dessins représentants le prophète Mahomet et de livres critiquants l’Islam. Craignant des répersécutions, Ghazi Beji s’est réfugié en Europe. Il a donc été condamné par contumace. Jabeur Mejri, lui, est toujours en prison, après avoir perdu en appel.

Ahmed Msalmi, l’avocat de la défense, a déclaré à l’AFP que le tribunal avait rejeté la demande d’examen de l’état mental de son client.

Jabeur Mejri et Ghazi Beji ont été tous deux reconnus coupables d’avoir « insulté les autres via des réseaux publics de communication » et coupables de diffusion de publications et d’écrits qui pourraient « troubler l’ordre public » et « transgresser la morale ».

Jabeur Mejri avait été arrêté par la police, le 5 mars 2012, à la suite d’une plainte déposée contre lui par un citoyen tunisien et un avocat, pour avoir publié des caricatures du prophète Mahomet sur sa page Facebook. Il avait reconnu avoir publié des caricatures et les textes « offensants pour le Prophète» et avait déclaré que de tels actes reflétaient ses convictions personnelles. « Je ne reconnais pas la religion islamique et je suis athée », a-t-il dit à la police. Lorsqu’il avait été à nouveau interrogé par la police, le 7 mars suivant, Jabeur Mejri avait déclaré qu’il avait reçu les caricatures publiées de son ami Ghazi Beji, auteur d’un livre satirique intitulé L’illusion de l’Islam. Quand il a découvert que son nom avait été cité, Ghazi a fui vers l’Europe.

L’équipe de la défense n’a maintenant plus qu’une seule chance : se pourvoir en cassation devant la Cour de cassation, la plus haute juridiction d’appel.

Que la liberté d’expression doive ou ne doive pas être limitée en Tunisie dés qu’il s’agit de religion le débat devient houleux. De leur côté les défenseurs de la libre parole en Tunisie craignent que les lois qui instaureraient la religion comme « ligne rouge » ne soient finalement utilisées pour lutter contre d’autres modes d’expression, telle que l’expression politique.

Récemment le bloc parlementaire d’Ennahdha, qui contrôle plus que 40% des sièges de l’Assemblée Constituante, a appelé à ce que soit introduit dans la Constitution une clause interdisant l’insulte au « sacré ».

Traduit de l’anglais par Sana Sbouaï