Ils sont une quarantaine, tous les journalistes de Dar Assabah, à occuper le hall d’entrée de la maison cette aprés-midi. Ils se sont réunis et crient leur ras le bol au nouveau Directeur Général, Lotfi Touati, arrivé par coup de force la semaine dernière.

« Nous voulons qu’il s’en aille et nous ne céderons pas, même si ils essaient de nous mettre à genoux ! »

raconte Mouna Ben Gamra, une journaliste du quotidien Le Temps.

A côté d’elle Sana Farhat, elle aussi journaliste et désignée porte-parole du groupe, énumère les raisons du mécontentement : « Nous n’apprécions pas les décisions dont le nouveau DG nous bombarde. Ça a commencé lundi avec le limogeage de Jameleddine Bouriga, membre du comité de rédacteur en chef du journal Assabah. Aujourd’hui mercredi il y a le retour d’un ancien journaliste Amar Miri, qui a été licencié il y a quelques mois de Dar Assabah suite à un conseil de discipline. »

Amar Miri, renvoyé de Dar Anwar, avait été intégré à Dar Assabah par l’équipe de Sakhr Materi. Licencié il y a quelques mois, il se voit aujourd’hui proposé, par Lotfi Touati, un poste d’entre-deux, de censeur :

« il doit assurer la coordination entre le comité de rédaction et le service technique. Il compte s’occuper particulièrement de la Une et de la page 3, les pages nobles du journal. Vous pouvez imaginer quel est l’objectif derrière cette nomination : mettre la main sur le journal et changer sa ligne éditoriale »

explique Sana Farhat.

Une autre décision que les journalistes de Dar Assabah n’apprécient pas c’est l’écartement de Youssef Seddik, sollicité par Kamel Samari pour réaliser une chronique dans le journal. « Une chronique complètement indépendante, de l’écriture libre » précise M. Seddik. Seulement voilà la semaine dernière il rédige une chronique qui dérange car elle dresse un portrait peu flatteur de Lotfi Touati, ancien commissaire et “repris de justice“. « La chronique a été publiée tronquée dans Le Temps comme dans Leaders. Ma chronique, en général, ne va pas avec ce qui se passe en ce moment à Dar Assabah. » Et comme M. Seddik ne travaille pas pour gagner sa vie, il n’a donc aucune raison de continuer son travail dans de telles conditions. Il se dit donc sur le départ même si il est toujours tenu juridiquement du fait de son contrat.

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