Excellence,
En vous souhaitant la bienvenue dans vos nouvelles fonctions en Tunisie à la tête de la délégation de l’Union européenne, je note avec satisfaction que, venant d’horizons ouverts à cette diversité de plus en plus dans l’air du temps, vous êtes particulièrement sensible aux défis du moment présent gros de périls et propice au changement, les défis emportant une nécessaire révolution des mentalités pour éviter le pire. Or, dans la Tunisie actuelle, tout se prête à pareil renversement des perspectives éculées.
Que voit-on, pourtant jusques et y compris dans les cercles qui comptent de l’Union européenne? Alors que tous les observateurs lucides s’accordent sur le fait que le monde est en crise, que la crise n’est pas économique, qu’elle est surtout dans la gestion qu’on en fait, on continue d’oublier ou de faire mine d’oublier que ce qui fait problème, c’est un paradigme saturé fondant encore une politique dépassée.
Car la crise actuelle, vous en conviendrez, est d’abord faite d’une vision anachronique des réalités sociopolitiques d’un monde qui a changé, devenu un village planétaire et ce, pour le moins, en tant que toile informationnelle qui en fait un tout indissoluble, un système unique au-delà des différences de régimes, des contingences internes, et dont tous les éléments réagissent à l’unisson à la moindre information sensible.
Aujourd’hui, et vous le savez mieux que quiconque, s’il est une différence pertinente entre pays, elle est moins dans les cultures que dans le choix de système politique attaché aux valeurs universelles et, particulièrement, l’adhésion ou non, sincère et effective, aux principes de la démocratie.
De même, vous ne doutez point qu’il n’est nul avenir pour la paix en dehors de pareille adhésion au régime démocratique qui doit être le b.a.-ba de toute politique clairvoyante en cette ère postmoderne que nous vivons, une ère où les foules ne sont plus aussi facilement contrôlables qu’avant, ou les sens sont désormais débridés.
Cette ère des sens en émoi — et nous l’expérimentons tous les jours — est de nature à amener aux pires débordements au nom de valeurs et de principes galvaudés, vidés de leurs sens, devenus de simples slogans, d’autant plus dangereux qu’ils gardent toute leur vigueur et un impact certain sur les foules, et que démultiplie l’intégration mondiale des réseaux si développés des communications universelles, et je dirais volontiers, à la manière de Michel Maffesoli, des communions émotionnelles, sous-titre de son dernier ouvrage sur la socialité postmoderne.
Dans pareil univers, continuer comme on le fait actuellement à gérer les rapports internationaux avec des techniques faites pour un monde révolu, c’est envenimer les choses et, au mieux, agir à la manière de celui qui pose un cautère sur une jambe de bois.
Vous l’avez compris, je parle ici particulièrement de la technique du visa dont la visée et l’emploi contrecarrent déjà dans leur essence les motivations de la politique anachronique qui l’a imaginé. En effet, le visa ne peut empêcher le mouvement qui est bien une constante anthropologique; et bien pis, il encourage la clandestinité alors même qu’il entend l’éradiquer.
Sans revenir sur la violation de la souveraineté étatique par la pratique du relevé des empreintes digitales, inhérente au visa biométrique, je voudrais juste signaler ici l’usage pertinent qu’on pourrait faire de cette même pratique pour lui faire produire tous ses effets sainement et en termes de sécurité tout d’abord, sans effets collatéraux dommageables, tout en la délestant de son caractère léonin, dérogatoire au droit.
Mon rêve est de voir l’Europe instaurer avec tout pays ayant osé secouer la dictature sous laquelle il croulait et agissant sérieusement pour édifier une démocratie — comme c’est le cas de la Tunisie — une relation de liberté de mouvement sous le couvert d’un visa biométrique de circulation. Certes, pareil rêve semble une illusion eu égard à la réalité actuelle en Europe et dans le monde; pourtant, il est le seul susceptible de les faire sortir de la léthargie mortelle actuelle en termes de gestion raisonnée du chaos subi passivement. Il est aussi de nature à aider toute nouvelle démocratie, comme la Tunisie, à mieux asseoir sa nouvelle modernité politique en ouvrant les portes de l’espoir devant sa jeunesse aujourd’hui livrée au désespoir au grand bonheur des extrémistes de tout bord.
Un pareil titre de circulation, que nos autorités nationales n’osent pas demander à l’Europe au nom du peuple alors que le bon sens révolutionnaire l’exige amplement, est de nature à garantir la sécurité de l’Europe, non seulement actuelle mais aussi future. Il lui permettra, en effet, d’expérimenter en grandeur nature et avec une population immigrée aux proportions somme toute bien réduites, les vertus désormais ignorées ou occultées de la libre circulation entre les deux rives de la Méditerranée. Et celle-ci sera porteuse d’effets immédiats : la fin de la clandestinité et l’essor de l’activité économique entre la Tunisie et l’Europe avec, notamment, l’apparition et la multiplication de projets économiques intégrés. Sans parler de l’arrêt de la montée inexorable de sentiment de xénophobie de part et d’autre alimenté par une méconnaissance mutuelle, la peur sans raison de l’autre, par trop vite diabolisé.
Or, les jeunes tunisiens sont souvent porteurs d’idées novatrices manquant aujourd’hui d’espace et de liberté de mouvement pour se mettre en place. Ce faisant, l’Europe ne fera que donner consistance à son ambition de coopération décentralisée méditerranéenne dans le cadre d’un véritable pacte de civilisation que l’époque postmoderne lui impose désormais.
Aujourd’hui, en effet, la postmodernité mande l’Europe de mettre moins l’accent sur sa crise économique, cette saturation d’épistémè dépassée, ce modèle de civilisation vidé désormais de sens, que sur son devenir, une utopie à percevoir bien plus comme ce qui est encore irréalisé que ce qui est irréalisable, et consistant à passer de la notion contractuelle antique caduque à un véritable pacte de civilisation où l’égalité se situe d’abord dans ce qui fait la spécificité humaine, sa propension à se mouvoir sans contraintes.
Aussi, le débat actuel en Europe sur son identité ne peut plus échapper à la question corollaire de l’identification méditerranéenne à son milieu extracommunautaire, soit la réelle intégration entre les deux rives de la Méditerranée. Car si l’Europe prémoderne fut celle du serment et de l’allégeance dans un environnement mondial où elle avait conscience de sa supériorité et pouvait nourrir le goût du prestige, sa modernité contrariée et le désarroi existentiel qui l’accompagne ne le permettent plus. Ils imposent à l’homo europeanus d’avoir désormais un véritable goût de l’aventure dans la quête d’une identification méditerranéenne véritable, juste et conforme aux valeurs, en communion étroite avec autrui, son prochain du Sud méditerranéen.
C’est, en effet, dans l’ouverture à l’ailleurs qui n’est quand même que son arrière-cour, ce Maghreb en marche forcée vers la démocratisation, que se trouve ce que quête l’Europe en deçà de ses étroites et prétendues infranchissables frontières. Car, avec la postmodernité, l’interrogation est devenue persistante de l’ébranlement de toute certitude dans l’histoire et la lumière est désormais crue sur l’héritage propre à l’Europe, mettant l’accent sur le caractère désormais inévitable d’accepter de ne plus problématiser la circulation humaine en la liant à des contingences internes auxquelles elle est bien loin d’être rattachable.
Excellence,
Les dernières nouvelles font état de l’octroi imminent à la Tunisie du statut avancé. Permettez-moi ici de rappeler que ce statut bénéficie déjà au Maroc depuis 2008. Or, quand on entend Mme Catherine Ashton, la haute représentante de l’Union Européenne pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, assurer que «le processus de transition démocratique en Tunisie est un modèle pour toute la région» et que c’est «un modèle respecté de tous les Européens qui sont unanimement engagés à soutenir ce processus et à contribuer à sa réussite, par l’instauration d’un véritable partenariat entre la Tunisie et l’Europe», on ne peut que se demander si ce n’est pas un statut non pas avancé, mais intégré que l’Europe se doit d’accorder à la Tunisie. Sinon, pareils propos ne relèveraient que de la parfaite langue de bois!
En effet, sauf à se dédire, Mme Ashton ne peut qu’attester qu’il il n’y a aucune commune mesure entre le saut qualitatif réalisé par la Tunisie et la situation actuelle du Maroc pour que les deux pays aient le même statut avec l’Europe. Certes, tant que les autorités tunisiennes n’osent pas revendiquer le statut supérieur auquel leur pays peut prétendre, on ne peut que donner quitus aux autorités européennes pouvant alors se sentir libres moralement de ne pas aller au-delà du minimum nécessaire. D’autant que, pour elles, cela est de nature à leur éviter de froisser les autorités marocaines amies et, peut-être aussi, de ne pas contribuer à alimenter indirectement les difficultés de ces dernières avec leur peuple déjà assez impressionné par le coup d’éclat de son homologue tunisien. Mais, ne serait-ce pas là faire preuve de basse vision et de navigation à vue? Et surtout de se dédire, se contredire de façon flagrante?
Alors, pourrait-on nourrir l’espoir que les échéances politiques futures tuniso-européennes, avec le déplacement du premier ministre tunisien à Bruxelles en tout début du mois d’octobre et la venue à Tunis en février prochain de la responsable de la diplomatie européenne, soient des dates majeures à retenir? Celles voyant enfin l’Europe oser le renversement de sa stratégie migratoire actuelle, la remettant à l’endroit à partir de ses rapports avec cette expérience de la Tunisie qu’on cite volontiers en modèle sans rien en tirer en conséquences tangibles, aux retombées pourtant réellement bénéfiques non seulement pour l’Europe et la Tunisie, mais aussi pour tout le bassin méditerranéen, renouant avec le vieux rêve de lac de paix? J’ose l’espérer volontiers quitte à faire rire; mais on sait que pareil rire sera alors bien loin du seul rire qui vaille, celui de Voltaire!
Excellence,
Est-il encore besoin de le démontrer? Aujourd’hui, la frontière fermée aménagée autour de l’Europe est devenue cette véritable barricade érigée à décrier, à la manière de Hannah Arendt pour la toute première; car les foules du Sud l’imaginent fatalement comme une ligne de front et de combat, un motif supplémentaire d’affrontement avec le Nord.
La frontière tend à devenir un espace existentiel pour l’Occident et forcément de négation de l’autre, vivant au Sud, mais avec de solides attaches au Nord, une humanité en nombre dont la puissance capillarisée est désormais bien plus grande que tout pouvoir institué. D’autant que ce dernier est dans l’incapacité de nier aux possesseurs de celle-là leur nécessaire statut d’alter ego tout en ne faisant que les réduire à être objectivement soit des traîtres soit les actifs d’une quelconque cinquième colonne.
Dans la pensée heideggérienne, l’artisan produit en vue de l’usage, tandis que l’artiste produit en vue de la vérité. Le paraphrasant, j’exhorterai l’Europe à passer enfin sa politique méditerranéenne à la réalisation de l’avènement de la vérité au lieu de demeurer à un stade de fabrication qui n’a jamais été particulièrement favorable pour la rive sud de la Méditerranée, se contenant de produits bien finis certes et soigneusement présentés, mais se réduisant à une simple matière prête à l’utilisation.
Qu’elle passe donc, dans son œuvre, à cette création — «das Schaffen» — de nature à permettre expressément l’ouverture de l’Étant et l’avènement de la vérité qui sera manifestée par la transfiguration du visa biométrique actuellement en usage en un visa biométrique de circulation pour tout citoyen d’une démocratie avérée! Une telle politique sera plus clairvoyante, soucieuse des intérêts à long terme de l’Europe et de toute la région, conforme aux valeurs qui sont les siennes, sans négliger les intérêts des démocraties naissantes sur les décombres d’anciennes dictatures qui, rappelons-le, n’ont pu durer que grâce à l’aveuglement forcément coupable des démocraties occidentales! Alors, dans pareille vérité, il y aura une attraction vers une politique euro-méditerranéenne véritablement équilibrée, retrouvant l’âme qui lui manquait, relevant tout simplement de l’œuvre d’art.
Que l’Europe renoue vite avec l’esprit de conquête qui a marqué ses origines prometteuses, surtout lorsque cet esprit souffle dans les contrées du sud, les amenant à se libérer des démons de l’obscurantisme dictatorial ! Que pareils esprits s’attirent, se retrouvant dans une communion véritable autour des valeurs démocratiques, seule religion universelle de nos temps présents où le social est divin et le divin forcément social !
Excellence,
Tunisien par l’Être, européen par l’Étant comme tant de mes compatriotes, mais attentif bien plus qu’eux au réel, dans la lignée de la pensée du professeur Michel Maffesoli, ne me contentant pas, comme il ne cesse de le répéter, de se limiter à un soi-disant «principe de réalité» pour s’intéresser plutôt à l’être des choses, non à leurs subalternes accidents, je nourris l’ambition que le Dasein tuniso-européen, son eccéité politique, actuellement à l’envers soit enfin remis à l’endroit.
Est-ce toujours rêver? Pourquoi pas, en fin de compte, puisque le rêve est à la base de ces intuitions qui font les changements majeurs pour le sort de l’humanité? Et serait-ce plus grave, pour citer encore Michel Maffesoli, que cette «incapacité, par peur d’un danger “communautariste” largement fantasmé, de savoir voir les nouvelles formes de solidarité à l’œuvre, y compris chez les plus pauvres, ceux dont on nie jusqu’à la capacité de vivre ensemble de manière autonome»?
Et Maffesoli de continuer, dans son récent article dénonçant la «normopathie», paru au Figaro du 20 septembre 2012 : «C’est pourtant cette révolution du regard sachant repérer le lieu où les mots, les actions et les choses sont en concordance opportune qu’il faut maintenant accomplir. C’est-à-dire non pas une justice, a priori, quelque peu abstraite et en tout cas moraliste, mais une justesse a posteriori permettant de s’accorder, tant bien que mal, au monde tel qu’il est, et aux autres pour ce qu’ils sont.»
Que souffle donc l’esprit de vérité, ce génie qui fit la grandeur de l’Europe, grandeur révolue dont elle n’arrive pas à faire le deuil — se comportant pareillement, quant à la posture pour le moins, aux plus intégristes des islamistes — et ce enfin dans une politique qui soit révolutionnaire pour la Méditerranée, une politique au diapason des exigences inévitables de la postmodernité !
Et permettez-moi, pour terminer, de vous signaler que j’ai adressé récemment une missive sur la même question à votre collègue américain. Or, je crois que l’hypothèse suggérée de visa de circulation comme mode futur des rapports entre démocraties n’est pas loin d’être sérieusement étudiée dans les milieux américains qui comptent.
Alors, l’U. E. laissera-t-elle de nouveau les E.U. lui damer le pion sur cette terre de Tunisie, nouvel Eldorado de la politique compréhensive postmoderne?
Farhat Othman
Lorsqu’une une démocratie,une vraie,sera véritablement instaurée et mise en place en
Tunisie,ce qui n’est pas le cas,pour l’instant,
il sera toujours temps de réécrire vôtre
“lettre”……
Une démocratie ne s’invente pas en un éclair de temps. L’atout de la Tunisie est son peuple avisé. Le défaut de ses élites est leur propension à un excès de réalisme qui les fait basculer d’un excès à un autre. Il nous faut, pourtant, nous libérer de ce principe de réalité, qui est par trop réducteur, pour prendre les choses telles qu’elles sont et agir pour nos valeurs selon l’état des choses et tel qu’il se présente à nous. En cela, le peuple est bien plus intelligent et sage, dans son quotidien, que ses élites. Il vit sa vie selon ses valeurs propres. Et ces valeurs, on n’a rien à y redire si on les observe bien. Puis, il ne faut jamais oublier qu’une seule main ne suffit pas pour applaudir, comme le dit notre proverbe populaire. Construire la démocratie en Tunisie nécessite que les démocraties avérées soutiennent le processus, mais ils doivent le faire sérieusement et concrètement non juste avec des mots. C’est ce à quoi j’appelle!
Tout ce discours est bien beau mais il ne tient absolument pas compte du conteste politique de la Tunisie d’aujourd’hui. Je suis en ce qui me concerne parfaitement opposé à l’octroi d’un statut avancé tant que ce pouvoir restera en place et mènera la politique qui est la sienne. A savoir: se maintenir au pouvoir au delà du délai pour lequel les électeurs l’ont élu, mettre ses partisans sans aucune référence a la compétence aux postes stratégiques, mettre la main sur les médias, faire pression pour que les Tunisiens adoptent une manière de croire qui n’est pas la leur, ne rien faire contre les violences nombreuses et répétées des islamistes obscurantistes, tolérer les attaques contre les autres partis politiques, installer le népotisme dans la République en nommant des proches aux postes de responsabilité. Sont-ce là les valeurs de l’Europe?
Justement, pareilles valeurs ne sont pas celles de l’Europe, pourtant on l’a vue s’accommoder de Ben Ali et ne point s’embarrasser de l’aider à rester indéfiniment au pouvoir, n’était ce peuple intelligent qui a décidé de faire le ménage. C’est de l’intelligence de ce peuple qu’il ne faut pas désespérer et en son honneur qu’on doit parier sur l’avenir de la Tunisie, une démocratie modèle où l’islam sera serein, en paix avec la nouvelle modernité politique, ce que je nomme un islam postmoderne.
Or, le peuple tunisien, ses jeunes et ses élites éclairées ont besoin du soutien des consciences libres. C’est un devoir moral de l’Europe et du monde libre de soutenir ses efforts pour une meilleure intégration — et non seulement association avancée — avec l’Europe et l’Occident en général.
C’est en tenant la Tunisie à l’écart, en fermant ses frontières à ses ressortissants, que l’Europe devient la complice objective de ceux, y compris au pouvoir, qui agissent pour leurs intérêts idéologiques plutôt que pour l’intérêt du pays; ce qui attise l’extrémisme. Et l’intérêt du pays est d’être un partenaire véritablement égal en Méditerranée.
D’ailleurs, le gouvernement actuel, s’il souhaite démontrer que sa volonté démocratique est sans ambiguïté, devrait refuser ce statut associé comme étant indigne des ambitions de la Tunisie et poser sa candidature à l’adhésion à l’Europe. Elle est bien plus logique et réalisable et présente bien plus d’atouts pour les deux parties que celle de la Turquie, par exemple.
Je le dirai dans un mes articles à venir si les autorités nationales ne se décident pas enfin à le faire.
Comme quoi, il ne suffit pas d’agiter les principes, il faut agir pour les faire se concrétiser, ce qui est bien plus difficile, car se pose alors la question de savoir de quelle manière le faire. Moi, je propose la politique compréhensive et non l’affrontement frontal et inutile des idées qui se résume à du nihilisme. C’est le vrai militantisme!
[…] Lettre à Mme Laura Baeza Giralt, Ambassadrice de l’Union européenne : Que l’Europe ren… […]