Pendant que le ministère de la santé publique lance « le dialogue national sur les politiques, stratégies et les plans nationaux de la santé », les médecins surtout aux urgences souffrent toujours des mêmes problèmes. Face à l’absence de mise en pratique de certaines promesses du ministère, le syndicat des médecins, dentistes et pharmaciens hospitaliers lance un préavis de grève pour la date du 10 octobre 2012.
Les demandes sont toujours les mêmes et la réponse l’est aussi. Se focalisant sur les problèmes chroniques et la nécessité de mettre en place une stratégie nationale de la santé, le ministère oublie qu’entre temps des médecins souffrent des conditions de travail dans lesquelles ils se retrouvent. Les patients sont les premiers à en pâtir.
Depuis le 19 juillet, le ministère de la santé publique n’a fait que des promesses sont aucune mise en pratique ferme et efficace de ce qui a été convenu. Certes les salaires de certains universitaires a été augmenté mais les conditions de travail sont toujours aussi rudes.
« Le processus dure depuis le 19 juillet et on n’a toujours pas de réponse du ministère. On se retrouve donc obligé de passer à la grève qu’on ne souhaite pas », nous rapporte un représentant du syndicat.
A la question « pourquoi maintenant ? » on nous répond : « on a épuisé toutes les formes de protestations, la grève reste notre ultime recours ».
Dans un préavis de grève daté du 27 septembre 2012, le syndicat régional annonce qu’une grève sera tenue le 10 octobre sur tous les hopitaux de Tunis. Dans ce préavis le syndicat régional déclare que malgré les efforts du syndicat de maintenir le dialogue et de proposer des solutions, la direction reste hermétique à tout dialogue et refuse de donner suite aux demandes qui sont :
Payement des gardes aux médecins travaillant au centre des urgences de Montfleury
L’administration du CAMU a refusé le payement des gardes des médecins qui remontent au mois de janvier 2011. Un accord a pourtant été signé le 19 juillet 2012. Cet accord fait entre Dr Mouldi Amamou directeur général du CAMU, Taoufik Rachdi directeur régional de la santé de Tunis et Mohamed Hédi Soussi, secrétaire général du syndicat régional des médecins, pharmaciens et médecins dentistes de la santé publique de Tunis stipulant l’engagement de l’administration à effectuer les payements dans la semaine.
Le directeur général du CAMU a affirmé avoir contacté le Ministère des finances qui s’est engagé à remédier à ce problème en faisant de ces payements une priorité dans le programme de dépenses du Ministère de la santé.
Devant le manquement à cet accord le Syndicat régional des médecins, pharmaciens et médecins dentistes de la santé publique de Tunis a décidé d’une grève générale le 15 Aout 2012 au CAMU, si des mesures n’étaient pas prises d’ici là.
Cette grève symbolique par port de brassards rouges a été un franc succès en termes de médecins participants. Mais après avoir promis de résoudre le problème le ministre de la santé a gardé le silence et aucun accord n’a été signé.
Permettre aux médecins demandeurs de mutation et dépassant l’âge 50 ans ou dépassant 10 ans de travail au sein d’un service d’urgence, de se faire muter.
Le travail aux urgences nécessite une certaine endurance physique. Aussi, face aux agressions multiples il serait préférable d’avoir des médecins plus jeunes afin de dissuader les agresseurs.
La demande du syndicat semble judicieuse et réaliste.
Discuter avec les syndicats concerné de la possibilité d’ouvrir les dispensaires l’après midi. Améliorer les conditions de travail aux urgences de khiar Eddine.
Dans ce préavis le syndicat appelle le ministère à agir afin qu’il ne se retrouve pas obligé de lancer une grève nationale auprès de tous les hôpitaux et dispensaires de Tunis le 10 octobre 2012.
Certains membres du ministère de la santé publique accusent cette grève de ne pas être légale car le préavis n’est lancé par le syndicat national mais par le syndicat régional de Tunis. A cette question le syndicat régional nous répond :
«Nous représentons les médecins, pharmaciens et médecins dentistes de Tunis et en tant que syndicat régional, on peut décider de faire une grève car notre grève sera régional à l’échelle de Tunis. Nous savons bien ce que nous faisons et ce n’est pas le ministre qui va nous montrer comment on fait nos grèves.
Pour votre information, quand la grève est nationale c’est le syndicat national qui la décide mais celle-ci est régional et se décide à l’échelle régionale et je pense que le ministre doit cesser de donner son avis à propos des syndicats surtout quand il n’a aucune connaissance des lois qui gèrent l’action syndicale »
Nos hôpitaux, déjà délabrés, se délabrent d’avantage. A titre d’exemple, je cite l’hôpital Abdel Rahman Mami à l’Ariana dont l’ascenseur n’est plus fonctionnel depuis des mois.
L’équipe médicale est donc obligée de transporter les patients, parfois dans un état critique, en les portant par leurs draps. Et je ne préfère pas aborder le sujet des hôpitaux régionaux. Des situations désastreuses pour les patients et leurs médecins.
Cette situation devient insupportable. Des solutions existent et peuvent être mises en place rapidement. Pourtant, le ministère refuse de s’activer.
Le ministre de la santé publique, parle quant à lui du numérus closus qu’il veut imposer aux futurs médecins du secteur privé. Cela veut dire que pour ouvrir un cabinet, un médecin devra attendre sur une liste d’attente. Cette nouvelle a été annoncée lors d’une assemblée du conseil de l’ordre des pharmaciens.
Mais de toutes les manières, des problèmes plus urgents imposent des mesures immédiates. Les actes de violence à l’hôpital devraient être en haut de la liste des priorités. Jusqu’au jour d’aujourd’hui, des médecins se font toujours agresser.
Tout le monde est d’accord sur la nécessité d’une stratégie de santé nationale, mais ceci ne devrait pas empêcher de régler les demandes urgentes et légitimes du syndicat.
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