Un militant écologiste révèle les pratiques des braconniers étrangers en Tunisie

Camp des braconniers qataris avec la présence de l'armée Tunisienne à la région de Makhrouga, 172 km sous la ville de Tatouine. Tunisie Crédit Photo Abdel Majid Dabbar 14 décembre 2011

Le militant écologiste Abdel Majid Dabbar est très actif dans les ONGs de protection de la Nature et de l’Environnement. Suite à son appel sur facebook où il parle des outardes (houbara en arabe) et des dernières gazelles dorcas et rim gravement menacées par la chasse illégale, nous avons organisé avec lui une interview au mois d’avril 2012 pour avoir plus de détails.

Nous n’avons pas publié l’entretien estimant qu’il fallait faire une investigation complète à ce sujet. Cependant, suite à la diffusion d’un enregistrement audio d’une réunion en huis clos entre l’ex Premier ministre Béji Caid Essebsi et son succésseur, Hamadi Jebali, chef du gouvernement actuel, les propos de M.Dabbar ont été confirmés.

Dans cette interview le militant écologique revient sur plusieurs transgressions des règles de la chasse en Tunisie. Selon M.Dabbar, de décembre 1987 jusqu’au mois de mars 2012, des Princes saoudiens et des ministres partagent le territoire tunisien. Ces braconniers ont des camps dans les villes de Tataouine, de Gabes et de Tozeur. Ils chasseraient l’espèce protégée de la gazelle dorcas et surtout l’outarde pour des croyances fallacieuses selon lesquelles le fait de manger sa vésicule biliaire rendrait plus viril.

Pendant trois ans, M. Dabbar a parcouru le désert tunisien pour tracer ces chasseurs. Selon lui, ces derniers font même entrer des kalachnikovs pour chasser. Dans la bande-son de la discussion susmentionnée, l’ex-Ministre Béji Caid Essebsi atteste du fait que ces « visiteurs » ont soixante dix véhicules à l’intérieur du pays.

Selon M. Jebali, le ministre de la Défense (34min49) l’a appelé pour l’avertir de la visite des Qataris venus chasser l’outarde, chose que M.Dabbar nous a certifié puisque l’armée les a même protégés. Lorsque le Président de la République Moncef Marzouki a appris cela, il a tout de suite pris l’initiative, en appelant le gouverneur pour demander de faire partir les Qataris venus chasser les espèces protégées en Tunisie.

M. Jebali rétorque qu’il a bloqué la décision du Président de la République en rappelant le gouverneur en question car, selon lui, cela risque de froisser « la sensibilité » des Qataris.

Pour voir le témoignage de M. Dabbar, cliquez ici

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10Comments

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  1. 1
    salahtataouine

    Eh oui c est une vielle pratique depuis toujours !!!! ayant grandi dans la region ,ce n etait un secret pour personne la destruction de la phone dans la region ; à l epoque c etait les parties de chasse du delegué de tataouine ,quelques gradés ici ou là sans oublier les notables ..une vieille pratique au vu et su de tous qui n a que perduré …!! je n ai pas plus d info sur le sujet a part ce que j ai pu lire ici ou la ,vivant loin de tata ; mais ce crime contre la nature par ces “petro$” venus de l emirat du neant source de nos malheurs actuel !!

  2. 2
    layla

    Je ne sais pas pourquoi Nawaat se plait au jeu des “leaks”. Vous faites une instigation sur le sujet depuis Avril pour confirmer les propos du militant et puis vous prenez les propos de BCE pour une confirmation et décidez de publier l’entretien. Cette confirmation qu’on a d’ailleurs entendu dans votre leak si vaguement introduit “على خلفيّة واقع الحال تحصّلنا على شريط صوتيّ لحوار مغلق”.
    L’heure et grave Nawaat. Soyons plus responsables.

  3. 3
    Salem

    Je confirme aussi les dires de cet article, poiur avoir vécu bien longtemps a Tatouine: les emiratis (arabie Saoudite nous disait-on a l’epoque…j’etais encore ado) passés avec leurs grosses caisse 4×4, accompagnés de voiture de police..pour les campement dans le desert, je n’ai pas de preuves, mais plusieurs personnes dans la regions pourrait l’attester, en tant que fournisseur (nourriture, essence, transport de fourniture…).
    Il etait aussi question de chasse d’oiseaux rares, et de divers trophés d’especes menacées déjà a l’epoque, et pas seulement de gazelles.

    Esperons que le débat puisse etre lancer pour une prise de conscience a differents niveaux :
    1- la Tunisie n’est pas l’espace de jeux de certains riches, a l’abri des lois nationales
    2- la Tunisie doit s’armer contre les braquonniers : textes de lois plus contraignants, sanctions plus fermes, constitution d’une section armée anti-braconnage (gendarmerie par exemple)
    3-Soutenir plus activement la prise de conscience de la valeur “inestimable” que repesente la conservation des escèpes menacées (en sus des signatures des accords internationnaux de protections de espèces en voie d’extinction)
    voici une liste des accords possible :
    http://fr.wikipedia.org/wiki/Liste_des_conventions_internationales_relatives_%C3%A0_la_protection_de_l'animal

    A bon entendeur !

    PS:
    Encore merci pour le travail que fait NAWAT pour l’emergence de l’information.

  4. 4
    Slim Zbidi

    Je confirme également. Je travaillais dans le pétrole et je visitais fréquemment la zone d’El Fawar. J’ai vu de mes propres yeux les caravanes de camions transportant les campements des qataris. Par ailleurs, c’est le chef de poste d’El fawar qui pestant contre ces gens m’a confirmé que ce sont bien des chasseurs arabes qui viennent pour les gazelles et la hbara, et qu’il est appelé à leur fournir l’aide nécessaire.

  5. 5
    Djamel

    Je confirme, j’habite à Douz, leurs camions énormes qui débarquent bloquent régulièrement la ville, des embouteillages en plein centre, ils rejoingent le désert pour chasser, avec les 4X4 et des gros phares sur les toits, ils ont des grosses caravanes et des groupes électrogènes, ils montent des tentes au désert, ça fait un énorme village de tentes qui se voient de loin la nuit, car ils allument tout grâce aux groupes électrogènes. Je sais aussi qu’ils viennent chasser dans la réserve d’animaux protégés en direction de Djbil.

  6. 6
    kaouther

    Je confirme, j’étais en 2008 présente à Tozeur, des 4X4 modèles inhabituels étaient parqués dans un hotel ont attirés mon attention.. J’ai posé la question au personnel de l’hôtel 3étoiles très ancien, on m’a bien confirmé la logistique extraordinaire que des personnes du royaume du Moyen Orient mobilisaient pour la période de la chasse!C’est devenu une tradition dans la région, ils connaissent leurs attentes…Il suffit d’aller sur place et collecter les témoignages des habitants. Ce n’est pas difficile. On doit tous se mobiliser pour pression et appliquer les lois signées par la Tunisie en matière de protection des oiseaux en voie de disparition.

  7. 7
    Salem

    Pourquoi pas lancer une petition, et voyons le relais que cela pourrait avoir ?
    Une intititive citoyenne qui pourrait faire bouger les choses ?
    Une enquete citoyenne, via un receuil de temoignages, anonymes ou pas, mais epauler par des journalistes d’investigations !
    Un coup de pouce de la part de Nawat ?

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