Après les récentes émeutes dans le gouvernorat de Siliana, et les jets de pierre contre les responsables de l’Etat lors du deuxième anniversaire de la Révolution à Sidi Bouzid, d’autres manifestations suivront surement puisque le contexte du développement régional est encore stationnaire. Au-delà des divergences idéologiques, qu’on soit pour ou contre le parti au pouvoir d’Ennahdha, la situation impose du pragmatisme face aux chiffres et aux faits. Quelles tâches auraient été accomplies par le gouvernement Jebali ? Et quels sont les obstacles au développement régional ?
Un document important (en fr) du gouvernement, publié sur le site www.tunisie.gov.tn , peut être lu pour mieux cerner les choses et avoir une vision plus claire des actions du gouvernement. Cliquez sur le lien >> Tunisie : Réformes prioritaires pour l’année 2012 Plusieurs points dans ce document sont discutables, notamment celui de la mise en place de l’Instance de l’ordre judiciaire pour remplacer le Conseil Supérieur de la Magistrature, considérée comme “accomplie” alors qu’il n’en est rien puisque l’Assemblée Constituante n’a toujours pas adopté le projet de loi en question.
Par ailleurs, pour mieux mettre en perspective le contexte et l’avancement des projets, il est important de rappeler que le gouvernement actuel n’a été mis en place qu’au mois de décembre 2011. En outre, la loi de finances complémentaire n’a été adoptée qu’au mois de mai 2012. C’est essentiellement l’argument que nous a avancé Mme Mongia Khemiri, la Directrice Générale de l’évaluation et du suivi dans le Ministère du développement régional et de la planification. Prenant l’exemple de Siliana, l’une des villes faisant partie de ce que nomment les historiens du Triangle de la mort, le ministère du développement régional et de la planification nous a fourni un rapport à ce sujet (en arabe) Cliquez rapport _trimestriel pour le lire.
Dans ce document, le ministère dénombre 346 projets programmés pour Siliana générant un coût estimé à 222 millions de dinars. Actuellement cinq projets, dont le coût est de 27,67 millions de dinars, sont en cours :
Deux pour la construction d’un foyer universitaire et un autre pour le Centre de la formation continue et trois touchant à l’infrastructure de la Route nationale N°4 et 5 ainsi que la route n°71.
Toutefois, les habitants de la ville sont mécontents à cause de la lenteur des projets et surtout à cause des problèmes de chômage. A celà, Mme Khemiri répond que
Pour tout projet, il y a des bureaux d’étude où les experts doivent prendre leur temps pour ne pas précipiter ces projets. Il y a aussi l’appel d’offre qui demande du temps. On subit beaucoup de pression mais on ne peut aller plus rapidement car cela peut provoquer des études bâclées ce qui peut être encore plus nocif
En outre, d’après M. Khemiri, la situation sécuritaire et les manifestations semblent faire fuir les entrepreneurs tunisiens qui ont peur pour leur matériel. Les obstacles sont en effet multiples.
Quant au ministre du développement régional et de la planification, il affirme que les efforts sont fournis, oeuvrant dans la transparence, notamment en mettant en place un site web qui ne cesse d’être amélioré pour éclaircir la situation à l’opinion publique.
Les problèmes de développement concernent aussi les députés. A la veille de la date anniversaire du scrutin du 23 octobre, le ministre Jamel Eddine Gharbi présentait en effet son rapport à quelques élus encore présents à l’Assemblée Nationale vers 20 heures. Pour la énième fois, il les exhortait à consacrer un peu de leur temps à la supervision des bureaux régionaux du développement puisque cela fait partie de leurs tâches également…
Par ailleurs, un problème de taille envenime la situation et le dialogue entre gouvernement et citoyens. Car, au niveau des gouvernorats, les habitants se sentent marginalisés voire méprisés par leurs représentants régionaux. A Sidi Bouzid, plusieurs gouverneurs se sont succédés l’un après l’autre depuis le 14 Janvier. D’après notre collègue Houssem Hajlaoui qui a été sur place ces derniers jours, aucune pancarte, aucune bannière ou tableau n’ont été exposés dans les rues de la ville pour signaler les projets en cours afin de procéder à une communication de proximité avec les habitants, notamment avec les chômeurs de la ville.
Un autre obstacle accentue la crise du développement régional en Tunisie, que ce soit au niveau administratif ou au niveau de la corruption. Ayant compris qu’il ne pouvait procéder à une véritable réforme, le ministre de la réforme administrative Mohamed Abbou a fini après de vaines tentatives par présenter sa démission au mois de juin dernier. Outre ces obstacles susmentionnés, la crise serait-elle également au niveau politique où certains préfèrent travailler dans la continuité de l’ancien régime ? Pourquoi le projet de loi de l’instance de l’Ordre judiciaire, qui aura un grand impact pour la lutte contre la corruption, est-il encore retardé ?
Beaucoup de questions se posent, entre temps, les Tunisiens, notamment les plus affectés par les décennies de dictature, souffrent encore. Plus de 40 000 tunisiens ont voyagé clandestinement, depuis l’année dernière, pour chercher un autre avenir au-delà des frontières. 46% d’entre eux ont entre 15 et 24 ans. Selon le Forum Tunisien des Droits Economiques et Sociaux (FTDES), 1000 cas de Tunisiens sont portés disparus. D’après l’historien Ahmed Jdey, la Révolution tunisienne a été déclenchée par ces régions marginalisées du Triangle de la mort: Gafsa, Thala-Kasserine et Siliana.
Ces régions ont toujours été contestataires et en rébellion. Cela s’explique par le simple fait que bien qu’elles “aient donné le maximum” en fournissant à la Tunisie les richesses naturelles telles que le phosphate, l’eau et le pétrole, qu’elles aient payé leurs impôts, le pouvoir centralisé les a toujours marginalisées.
Comment cette crise va-t-elle être résolue et combien de temps cela va-t-il prendre ?
Avec la révolution les tunisiens avait la chance de poser des véritables questions qui touchent à leurs modes de faire et d’agir à tous les niveaux: au niveau de la prise de décision? Au niveau de ce qu’il veulent de cette révolution? Les tunisiens sont partis dans une logique de vouloir tout, de vouloir gouverner, sans aucune légitimité électorale, chacun a peur que l’autre réussira. la contre révolution a trouvé le terrain propice pour se foutre de la gueule des gens, et surtout des révolutionnaires et des élus du 23 octobre (majorité et opposition), alors l’anarchie a gagné sur la liberté, et la contre révolution a amputé la démocratie de sa part de pouvoir décider. Résultat, on a perdu en sécurité pour les investisseurs, on reste encore dans le revendicatif… les événement de Silyana et bien d’autres avant et après le confirme. nous devant s’intéresser à ce qui peut construire notre société (travail, démocratie, solidarité et justice), ainsi on gagne en émancipation de l’individu et du collectif et en création des richesses. On s’est trop intéresser aux problématiques sociétales, peur de recul historique, sachant que le recul historique en Tunisie est dans l’ordre de l’impossible, que des gens comme wigdi Gnim (…) viennent en Tunisie ou pas. le Tunisie ne pourra jamais négocier le recul historique, elle est inscrite de fait dans le progrès par sa révolution contre la spoliation et la tyrannie. Pour gagner en investissement, alors en emploi, il est question de cadre (juridique et modalités administratives) qui produisent de la lenteur, OK, comme c’est expliqué dans l’article, mais la Tunisie tant qu’elle reste un état patron (le plus qui embauche), ne pourra jamais accorder de la souplesse aux autres qui peuvent embaucher, et ne pourra jamais laisser (partager) avec des collectivités la charge du développement. Je pense qu’une décentralisation bien spécifique à la tunisienne qui se construit autour de la cohérence et pour la recherche de la cohérence au sein de chaque nouvelle intercommunalité (…), sera le levier sûr pour le développement recherché par tout le monde. Le sujet de la décentralisation doit être ouvert à un débat national et citoyen au plus large, et laissant les collectivités voisines se connaître et se rechercher en terme d’assemblage des capacités communes ou possible à devenir collectives. On doit donner une grande/large place aux acteurs locaux pour définir un mode de décentralisation (qui ne se met pas en concurrence/opposition avec l’état évidement), ainsi les différentes nouvelles intercommunalités (…), pourront travailler dans la complémentarité et avec des pouvoirs communs, des moyens communs et des volontés communes, pour des projets spécifiques, singuliers, et des projets communs. Ainsi ces nouvelles entités territoriales pourront gagner un avenir plus solidaire et plus créateur en richesses. Alors cet nouvel espace territorial (ces nouveaux espaces territoriaux à dimensions différentes les uns des autres) pourront gagner en développement de la proximité à travers des projets correspondent mieux aux besoins et aux aspirations des populations locales, et ces nouveaux espaces deviennent des espaces de participation au plus large et la Tunisie gagne en concordance entre les villes et les villages, entre l’urbain, le péri-urbain et le rural. Les rêves ne sont pas interdites, même par ce 21/12/2012. demain fera jours et la fin du monde n’est pas pour ce soir minuit. Ben Ali harab. Mandhouj Tarek.
[…] Tunisie : Les obstacles essentiels au développement régional 21 December, 2012 […]