Après investigation et première séance au tribunal de Première instance de Sousse, le juge d’instruction a ordonné de passer le dossier au tribunal de Première instance de Tunis.

L’avocat de la victime, Maître Moez Sassi, nous a confirmé que l’agent de police, H.S, travaille aux unités d’intervention de Gafsa. Il nous a aussi, assuré, qu’il est, malgré toutes les preuves contre lui, toujours en liberté ainsi que ses complices inconnus.

La victime L.F sortait de son lieu de travail, un restaurant à Sousse, vers 3 heueres du matin, quand trois hommes l’on passé à tabac et l’ont forcée à monter dans une voiture. Les agresseurs ont menacé leur victime de mort en utilisant l’arme du policier (un pistolet) qui n’a trouvé aucun mal à montrer sa carte de service à sa victime pour l’intimider.

« Je n’ai pas cru mes yeux quand l’un d’eux m’a montré sa carte de service comme quoi il est agent de police. Il voulait me prouver qu’il est intouchable et qu’il jouit d’une impunité (lui et ses amis) totale. Donc ça me servirait à rien de porter plainte ou d’essayer d’attirer l’attention des policiers sur la route (déjà ils étaient presque absents durant tout le trajet) »

nous a confié L.F.

Durant presque trois heures, la victime a été battue, violée, à plusieurs reprises, et menacée de mort par le policier qui protégeait ses amis. Sur la route, le premier agresseur, âgé de 25 ans, a violé L.F dans la rue, loin de ses complices, et il l’a forcé à remonter dans la voiture. Quelques minutes après, la voiture s’arrête, une deuxième fois, et le deuxième agresseur prend la place de son ami pour violer sa victime dans le véhicule.

Témoignage de la jeune femme violée par deux individus accompagnés d’un agent de police

« Le deuxième m’a violé devant ses amis et le policier, pour m’humilier encore plus, lui indiquer les actes qu’il doit me faire … »

dit L.F.

Les agresseurs ne se sont pas contentés de violer L.F, ils ont aussi volé ses papiers et son argent (150 dinars) et l’ont déposé sur une route désertée près de Kairouan. Elle s’est dirigée vers le poste de police le plus proche et a consulté un médecin qui a confirmé le viol et l’agression physique dont elle a été victime.

Le lendemain, la victime a eu l’idée de demander les enregistrements des caméras d’un hôtel voisin au restaurant où elle travaillait le jour du drame. Mais au lieu de trouver des caméras (qui ne fonctionnent pas depuis une bonne période) elle a trouvé le policier, lui-même, assis dans le bar de l’hôtel comme si de rien n’était.

c’est ainsi que la victime a réussi à déclencher des procédures judiciaires contre son agresseur. Il fut pourtant libéré le jour même et a repris ses fonctions depuis. De ce fait, la victime est actuellement en danger d’autant plus que les deux autres agresseurs sont toujours en liberté et n’ont pas encore été identifiés.

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Les cas de viols en Tunisie sont fréquemment évoqués dans les médias. Après l’affaire de la fille, violée par trois policiers, l’affaire de l’enfant de 3 ans, violée, par un gardien de jardin d’enfants et celui de la sourde muette violée par un trafiquant d’alcool, nous ne pouvons plus parler de cas isolés mais d’un phénomène qui se renforcera si la société tunisienne et surtout l’Etat tunisien tombera dans l’indifférence forcée par l’habitude.

Le cas de L.F montre, encore une fois, qu’une réforme au sein du ministère de l’intérieur est plus qu’urgente. Le policier qui ose utiliser sa fonction, ses relations et surtout son arme pour commettre un crime de viol, prouve que la première affaire de la fille violée par les trois policiers n’a pas aidé la police tunisienne à tirer des leçons et à changer.