Le ministère des finances tunisien a publié les chiffres de l’exécution du budget pour l’année 2012. En les comparant aux chiffres de la loi de finances complémentaire de 2012 présentant le budget prévisionnel, on peut noter certains écarts.

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source: http://www.portail.finances.gov.tn/publications/la-fiche-budget-2012-2013.pdf

A retenir:

– 8% de ressources en moins que ce qui était prévu dans le budget initialement. Ce sont essentiellement les ressources propres non fiscales qui se sont avérées moins importantes que prévu. Il en est de même pour les emprunts, finalement près de 1000 Millions DT en moins.

– Au niveau des dépenses, ce sont essentiellement les dépenses d’intervention (c’est à dire les aides sociales et les compensations) qui se sont avérées plus importantes que prévu de 10%. La différence provient surtout des dépenses dans la compensation des combustibles qui se sont soldés avec 2 111 Millions DT au lieu de 1 688 Millions DT, soit 25% de plus. Le gouvernement explique cette augmentation à la fois par la dépréciation du Dinar Tunisien face au Dollar américain (-21% sur les deux dernières années), et la légère augmentation du prix du baril (à 111,6$ au lieu des 110$ prévus)

– Manque de ressources et dépenses de fonctionnement supplémentaires, la conséquence est directe et il s’agit d‘une coupe dans le budget des dépenses d’investissement de 25%. Des 6 400 Millions DT d’investissements prévus, le gouvernement n’a pu investir que 4 769 Millions DT.

Et pour 2013…

Pour 2013, le budget prévu aux différentes compensations est toujours en hausse, il a ainsi augmenté de 180% depuis 2010, et ce sont les combustibles qui en représentent la plus grande part avec près de 60% des compensations.

Pour 2013, le budget prévu aux différentes compensations est toujours en hausse, il a ainsi augmenté de 180% depuis 2010, et ce sont les combustibles qui en représentent la plus grande part avec près de 60% des compensations. Les charges salariales ont aussi augmenté de 50% par rapport à 2010, suite aux recrutements massifs opérés dans le secteur public durant les deux dernières années pour répondre à la hausse du chômage et la forte demande d’employabilité. Ceci a poussé le gouvernement à avoir davantage recours aux emprunts extérieurs, en augmentation de 200% depuis 2010, quand les ressources fiscales n’ont augmenté que de 43% sur la même période.

Les charges salariales ont aussi augmenté de 50% par rapport à 2010, suite aux recrutements massifs opérés dans le secteur public durant les deux dernières années

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Près de 1 300 Millions DT de dépenses supplémentaires, non prévues dans le budget de 2013, liées notamment à la compensation et à la recapitalisation des banques publiques

Et surprise après le premier trimestre de l’année 2013, le gouvernement réalise que le budget prévu n’est plus bon, puisqu’il y a près de 1 300 Millions DT de dépenses supplémentaires à considérer liées notamment à la compensation (toujours!) et également à la recapitalisation des banques publiques! Pendant ce temps là, les dépenses en investissement ont toujours du mal à décoller, et le gouvernement aura le même manque de marge de manœuvre s’il n’engage pas des réformes. Celles qui sont assez souvent évoquées sont les suivantes :

– Cibler la population qui a réellement besoin des dépenses d’intervention (aides sociales et compensations) pourrait s’avérer être une nécessité, surtout que la dépréciation continue du Dinar Tunisien face au Dollar Américain (-21% rien que sur les deux dernières années) a fait explosé le budget de la compensation des combustibles.

– Cette réforme de la caisse des compensations doit nécessairement s’accompagner d’une réforme fiscale visant à dégager plus de ressources pour une meilleure équité fiscale (que ce soit au niveau des entreprises ou des particuliers dont notamment les professions libérales). Actuellement les impôts pèsent essentiellement sur les salariés avec une retenue à la source.

– Essayer de réduire la charge salariale de l’Etat qui est entrain d’exploser en créant des emplois qui n’apportent pas toujours de la plus-value dans l’administration.

Ce genre d’initiatives (mais il doit sûrement y en avoir d’autres) doivent permettre au gouvernement de dégager des ressources pour investir, en engageant de véritables projets industriels publics ou semi-publics apportant de la valeur ainsi que les travaux d’infrastructure nécessaires pour désenclaver les régions de l’intérieur et permettre le développement de l’investissement privé.

En attendant la situation semble bien compliquée en y incluant tous les problèmes macro-économiques (inflation, déficit de la balance des paiements, dépréciation continue de la monnaie,….) et aucune vision à long terme n’est entrain d’émerger ou faire l’objet d’un débat sérieux et concret.