Le mouvement révolutionnaire a permis à la Tunisie de sortir de sa léthargie, après plus de 20 ans de dictature et de résignation apparente.
Maintenant, les citoyens tunisiens épris de liberté et de valeurs révolutionnaires sont devant un choix historique : faire réussir le passage vers une société démocratique et plurielle. Les jours se suivent et la pression populaire reste importante malgré que les tunisiens savaient que l’époque transitionnelle sera difficile au niveau économique et sociale.
Cette problématique se pose avec plus d’acuité, lorsqu’on sait que ce n’est pas seulement la dictature qu’il faut simplement chasser, mais c’est une mentalité et un système fondé sur l’oligarchie et le clientélisme féodal.
La restauration politique dans la Tunisie postrévolutionnaire doit être accompagnée d’une profonde décentralisation administrative et judiciaire et par l’installation d’une culture basée sur la notion de la démocratie participative pour renforcer la participation citoyenne dans les affaires publiques on se basant sur l’idée de l’« open gov ».
Cette idée clé, est celle selon laquelle une décision politique est légitime lorsqu’elle procède de la délibération publique de citoyens égaux, ce qui peut approfondir l’échange discursif entre les citoyens et permettre de faire partager des conceptions du bien commun et de faire entrer en jeu le principe du pluralisme dans notre vie quotidienne et dans notre raison pratique.
Suivant cette analyse, l’échange d’arguments est capable d’enrichir le débat social et de faire apporter un gain de rationalité à la prise de décision finale. Les préférences des citoyens peuvent, à travers la discussion, s’affirmer ou se modifier selon le contexte ce qui nous amène à dire que les préférences deviennent plus réfléchies, à la fois dans le sens où elles sont exprimées devant d’autres citoyens qui par la possibilité d’y répondre par un « oui » ou par un « non » peut les renvoyer à leurs premiers émetteurs, et encore, par cet effort collectif de réflexion qui assure l’initiative personnelle du citoyen lui-même.
Suivant cette logique, l’atmosphère pluraliste et le climat démocratique, nous permet de choisir le meilleur argument en faveur d’une thèse, et de préparer le terrain aux conditions sans lesquelles on ne peut pas traduire les objectifs de la Révolution en un fait pratique. C’est pourquoi on doit installer les bases de l’État de droit dans une société mosaïque qui réagit dans un cadre sociale d’interaction dans lequel différents groupes idéologiques montrent suffisamment de respect et de tolérance pour coexister et interagir dans une culture politique plus harmonieuse que conflictuelle et sans volonté d’assimilation.
La grande métamorphose qui a obsédé la société tunisienne après la révolution est centrée sur des thèmes innovants comme la démocratie, la citoyenneté, le développement, et l’arrêt de la corruption. C’est dans ces principes que la société civile a trouvé l’essentiel de ses ressources intellectuels.
L’époque actuelle serait plutôt l’époque de la citoyenneté et de l’ « open gouvernement ». Nous sommes à l’époque où le peuple réagit pour décider, pour prendre l’initiative et pour changer son quotidien. Nous sommes à l’époque de l’engagement patriotique, à l’époque du pluralisme, à l’époque du proche et du lointain, de la côte à côte, de la mythologie vécue. Nous sommes à un moment où le monde arabe s’éprouve, à un moment qui marquera la fin d’une époque et le commencement d’une nouvelle ère. C’est une époque de développement à travers le temps, comme un réseau qui relie des points et qui entrecroise son écheveau; c’est pourquoi on peut dire que c’est une époque historique au sens philosophique du terme.
Néanmoins, pourrait-on dire que certains des conflits idéologiques qui animent les polémiques d’aujourd’hui se déroulent entre les « pieux descendants » de l’antiquité et les habitants acharnés de l’espace.
Le mouvement révolutionnaire est un effort pour établir entre des éléments qui peuvent avoir été répartis à travers le temps, un ensemble de relations qui les fait apparaître comme juxtaposés, opposés, impliqués l’un par l’autre, bref, qui les fait apparaître comme une sorte de configuration, et à vrai dire, il ne s’agit pas par-là de nier le temps : c’est une certaine manière de traiter ce qu’on appelle le temps et ce qu’on appelle l’histoire.
Cependant, il faut remarquer que l’espace public qui apparaît plus ouvert aujourd’hui est une innovation révolutionnaire puisque nous assistant à un passage rapide du statut du « sujet » au statut de « citoyen » ce qui implique que le tunisien est reconnu, pour la première fois, comme membre de la Polis nourrissant un projet commun auquel il souhaite prendre une part active.
La Révolution a permis de redécouvrir les droits civils et politiques de l’individu et de lui faire comprendre ses devoirs civiques définissant le rôle du citoyen dans la cité et face aux institutions. Au sens juridique, l’ère révolutionnaire a ouvert un mouvement de réforme socio-politique dans le but d’instaurer un nouveau système qui répond aux attentes de notrepeuple.
Au demeurant, il est de notre devoir de citoyen d’être vigilant pour faire réaliser le grand rêve et pour traduire ce réveil citoyen en un fait vécu quotidiennement.
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