vieux-port-avant-apres

Lire la première partie de cet article

Il est du rôle de chaque “citoyen” d’avoir un “dossier coup de cœur”, et mon dossier coup de cœur est celui-ci. Probablement une faiblesse affective envers cette ville et un projet qui ne respecte aucun b.a.-ba de la construction et de l’environnement, qui ne respecte ni les habitants de la ville ni son âme millénaire.

La première partie de la série “Marina Cap 3000 ou les 3000 déboires d’un projet contesté” a mis en exergue les travers de ce projet. Et le cœur de Bizerte tangue toujours… Le contexte politique et socio-économique de la Tunisie laisse ce type de projet au rang des sujets pas ou peu traités… alors qu’à eux-mêmes – et il y en a plein d’autres en Tunisie –, ils symbolisent le pays, son histoire, ses blessures, ses problèmes et aussi son ambivalence.

Je reviendrai sur les travers évoqués dans l’article précédent. Et pour cela j’ai rencontré deux membres actifs de la société civile de Bizerte, afin qu’ils m’expliquent où en est ce projet : M. Yassine Anabi et M. Driss Cherif.

Yassine Annabi est le coordinateur du collectif qui s’est formé pour porter les revendications de la société civile. Il est directeur de département à l’Ecole supérieure des sciences économiques et commerciales de Tunis (ESSEC), membre du bureau de l’Association tunisienne des économistes (ASECTU) et président de l’Association de développement régional de Bizerte (DERB).
Driss Cherif est le porte-parole du Collectif des associations de Bizerte. Cadre de la finance internationale actuellement à la retraite, il a travaillé en tant que directeur d’exploitation chez Total, puis comme cadre à l’agence de promotion de l’investissement et de l’innovation (APII), mais aussi comme directeur financier d’un complexe touristique espagnol en Tunisie.

J’ai profité de ma dernière visite pour effectuer quelques sondages de rue afin d’avoir l’avis des Bizertins et Bizertines de passage dans les environs… Par ailleurs, le 2 août s’est tenue à Bizerte une conférence de presse où les représentants du collectif ont répondu aux questions des journalistes.

Où en est le projet de la Marina Cap 3000 ? D’un point de vue administratif ? Sur le plan patrimonial, où en sont les fouilles archéologiques ? Les activités sportives ? Quelles sont les initiatives sur place ? Que revendiquent les acteurs ? Ce dossier étant hautement politique, où sont donc les politiques ?

Où en est le projet de la Marina Cap 3000 ?

Pour cette partie, je vais reprendre point par point les éléments déjà développés par l’article précédent.

Le Nautilus, architecture et réglementation :

Le Nautilus, malheureusement, poursuit son agrandissement. Jusque là, la première partie du bâtiment avait émergé de terre. Le bloc numéro deux, qui sera relié au bloc numéro un, en est actuellement à son deuxième étage, comme nous pouvons le voir clairement sur la photo.

sidisalem-marina
Le Nautilus, Bizerte – juillet 2013.

Avec la construction du deuxième bloc, les 200 mètres de distance obligatoire entre un site classé au patrimoine national et un bâtiment d’une telle envergure sont largement dépassés. La proximité entre les deux sites est flagrante. Elle est aujourd’hui d’une centaine de mètres. De fait, uniquement la rue les sépare.

pont-sidisalem
Le fort de Bizerte – le Nautilus – juillet 2013.

Les associations locales qui suivent de près le projet et qui travaillent sur le dossier au quotidien se sont aperçues que la marina avait empiété de 700 mètres carrés sur le domaine public maritime (DPM). Un domaine public maritime qui ne lui appartient pas le moins du monde.

Or le DPM est invendable, inaliénable, imprescriptible et incessible. Pour le privatiser, il lui faut un décret autorisant cette aliénation. Un décret en général accordé pour des projets d’utilité publique, tels que des ports maritimes. Le Nautilus, qui sera une résidence privée, a-t-il la propriété « d’utilité publique » ?

Céder un DPM pour la construction d’un bien privé crée de fait un antécédent.

Sous Ben Ali, le ministre de l’Equipement Ridha Grira avait refusé de vendre le DPM. C’est le directeur régional, Tarek Rabii, qui avait signé l’autorisation de vente de l’époque — probablement pour couvrir M. Grira. Et la signature apposée sur les documents autorisant l’exploitation du DPM n’est pas celle du ministre. Or, aujourd’hui, on s’aperçoit que 700 mètres carrés supplémentaires ont été exploités sans autorisation préalable. Le ministre de l’Equipement de décembre 2011 à mars 2013 et actuel ministre de l’Environnement Mohamed Salmane a refusé de signer l’autorisation de vente des 700 mètres carrés supplémentaires. La marina repose en partie sur un terrain qui ne lui appartient pas.

Le vieux port, le Sport nautique et la digue :

Le vieux port, le Sport nautique et la digue partagent un destin commun. Les bateaux du Sport nautique sont toujours amarrés au vieux port. Les mêmes problèmes se posent. Les bateaux s’entrechoquent et une impression de fouillis se dégage. Les propriétaires de petits bateaux ne sont toujours pas tenus informés de ce qu’il adviendra de leur futur emplacement.

 

vieux-port-marina
Bateaux de plaisance et de pêche au vieux port de Bizerte- juillet 2013

Mais nous ne pouvons parler du vieux port sans parler de la digue construite par la marina. La digue “étanche” bloque les courants marins qui auparavant assuraient le renouvellement de l’eau du vieux port. L’eau stagne, les odeurs et les déchets s’y accumulent. L’emplacement de ce brise-lames coïncide avec l’emplacement de pêche des pêcheurs. Je vous laisse en déduire la suite.

 

plan-marina
Repérages faits par Jihenne Ben Jannette. Image source : Babnet

L’Agence de protection et d’aménagement du littoral (APAL) a-t-elle autorisé la construction d’une digue étanche, d’un brise-lames, à un emplacement si stratégique ? Ou bien la marina a-t-elle une fois de plus dépassé ses prérogatives ?

Les pontons se décrochent et divaguent sur l’eau. Ce qui accentue les problèmes d’amarrage et bloque les trajets des bateaux qui tentent encore de sortir en mer.

mosque-ksiba
Ponton renversé – juillet 2013

Je manque d’informations fiables sur les rapports entre le Sport nautique de Bizerte et la marina. Néanmoins, le site du Sport nautique bizertin (SNB) stipule avoir signé un contrat avec la société de gestion de la marina. Le contrat consisterait en une somme de 50 000 dinars par an versée par la marina au Sport nautique. Or, depuis un premier versement de 25 000 dinars il y a trois ans, la marina n’honore plus son contrat avec le sport nautique et ne lui a plus rien versé…

N’oublions pas que le Sport nautique de Bizerte existe depuis 110 ans, et que, depuis, son activité en tant que base de loisirs et en tant que point d’entraînement d’athlètes de haut niveau est connue et reconnue. Les athlètes vont-ils profiter encore longtemps de cet espace pour leur entraînement quand les yachts, super yachts et catamarans, mesurant jusqu’à 120 mètres, s’accumuleront sur le port ?

canoa-marina
Entraînement de kayak au Vieux Port de Bizerte

Ainsi, la marina n’encourage aucunement les sports aquatiques. Aucune nouvelle adhésion au Sport nautique ne s’est faite en 2012-2013. Les sports « d’intérieur » tels que le foot sont bien plus choyés. A titre d’exemple, le Club athlétique bizertin (CAB), qui jouit d’une relation plus intime avec la marina, a eu la chance en échange d’une compensation financière d’avoir son logo sur les tee-shirts de l’équipe de foot de Bizerte.

D’un point de vue administratif ?

Une réunion avec les représentants de la marina et des intervenants institutionnels et associatifs s’est tenue début avril 2013. Chacun y a exposé son avis. La marina s’est retranchée dans son discours habituel. Ce qui n’a guère fait évoluer la situation.

L’autorisation de construction a débuté le 15 mai 2009 ; celle-ci a été délivrée pour 3 ans et est donc arrivée à terme en mai 2012.
La municipalité a en conséquence émis un arrêt de travaux suite à la pression de la société civile. La marina a contesté cette injonction auprès du Tribunal administratif. Et de fait, celui-ci a reçu la plainte pour vice de forme. La marina a apporté comme élément contradictoire que celle-ci n’avait pas été informée par la municipalité que le jour d’activation légale de l’autorisation de construction serait considéré comme étant le premier jour des travaux.
Le Tribunal administratif a suspendu l’effet de l’arrêt de construction, et la marina a pu reprendre ses travaux : le dossier est renvoyé sur le fond. La procédure peut durer encore plusieurs années. Un temps suffisant à la marina pour finir ses travaux. Comment faire aboutir dans ces conditions les requêtes portées par la municipalité, la société civile et les citoyens ?

Les motifs évoqués par la marina concernant l’octroi du vice de forme sont anecdotiques. Un projet d’une telle envergure, entouré d’architectes et d’avocats de renommée, n’aurait pas eu cette simple information ? N’aurait pas cherché à l’avoir ? Il était du travail de la municipalité de l’époque d’informer du délai lorsqu’elle a délivré cette autorisation ; ne l’aurait-elle pas fait?

⬇︎ PDF

 

L’Association de sauvegarde de la médina de Bizerte a été mandatée par les 74 pêcheurs du vieux port pour demander une expertise. La cour a nommé trois experts — un expert environnemental, un géomètre et un architecte —, leur demandant de faire un rapport dans leur domaine d’expertise. Seul l’architecte a fini son rapport ; mais la cour ne l’a pas encore pris en compte. De fait, elle exige les trois rapports en même temps…
« Un expert, c’est une opinion. Deux experts, c’est la contradiction. Trois experts, c’est la confusion. »
La marina a intenté, suite à cette action, un procès à l’Association de sauvegarde de la médina au motif que celle-ci n’avait pas le droit de faire cette demande d’expertise. La marina a perdu. Sa demande a été déboutée.
C’est à la suite du rendu de ces rapports que le collectif va décider si il intente ou pas un procès à la marina.

L’affaire de dépassement des 700 mètres carré sur le DPM et le refus du ministre de l’Equipement d’autoriser toute vente possible de cette surface se pose peut -être comme une limitation des prérogatives que se sont autorisées la marina. Néanmoins, cela ne suffit pas à résoudre tous les problèmes évoqués précédemment. Cela peut être un motif pour le maire de Bizerte, Mohamed Riadh Lazzem, pour envisager un nouveau recours et bloquer les travaux de la marina jusqu’à ce que celle-ci se place au moins en position de négociation avec les autorités et avec la société civile. Ce dossier met en porte-à-faux les autorités nationales et locales : que faire face à ce fait accompli ?

Où en sont les fouilles archéologiques ?

Il va sans dire que, pour cette ville millénaire aux portes de l’Afrique, les fonds marins doivent frémir de richesses. Ce qui n’a pas échappé au promoteur de la marina. Un scandale avait éclaté en février dernier lorsqu’un homme de nationalité française avait été arrêté en possession de pièces archéologiques soustraites des fonds Bizertins.

A la suite de cela, l’affaire a été portée en justice. Une expertise a aussi été demandée par la justice pour évaluer les pièces retrouvées. Lorsque la valeur des pièces a été confirmée par les experts, la zone du vieux port a été placée sous l’autorité de l’Institut national du patrimoine (INP).

Wafa Ben Slimane, responsable à l’Institut national du patrimoine, a commencé dès le mois de mai avec son équipe les fouilles pour évaluer le site, sur ordre du juge en charge de l’affaire.
Un article exclusivement consacré au manque de matériel de l’INP serait nécessaire. C’est donc avec l’aide matérielle et humaine des habitants de la ville de Bizerte que les fouilles au sol (plage) et en fond marin ont pu être entamées. Et c’est sans aucune stupéfaction que l’histoire leur est tombée dans les mains. Différentes pièces archéologiques, datant de la période grecque et phénicienne, ont été retrouvées. Celles-ci sont pour l’instant entreposées à l’INP. Une autre fouille devait avoir lieu, mais suite à un manque de moyens celle-ci n’a pas pu se tenir. En effet, pour ce type de fouille, il faut des moyens humains, techniques et financiers dont l’INP ne dispose pas…
Pour l’instant le rapport préliminaire parle d’un site de première classe archéologique ; espérons qu’une autre fouille aura lieu rapidement.

Quelles sont les initiatives sur place ?

Des individus et des associations se rassemblent et tentent de mettre en commun leurs actions. Leurs objectifs ne sont pour la plupart ni la démolition du projet ni son anéantissement. Ils demandent ce qui est en général fait en amont lors de la mise en place de ce type de projet, et font ce que la marina n’a pas fait : une consultation. Ils tentent de prendre en compte tous les éléments environnementaux, historiques, territoriaux, financiers et humains.

Un collectif s’est formé, qui est composé de :

– Driss Cherif, de l’Association de protection et de sauvegarde du littoral de Bizerte (APSLB) ;
– Mohamed Ali Garci, de la Ligue tunisienne des droits de l’Homme (LTDH), section Bizerte ;
– Ahmed Azib, de l’association Huppo Dirutus ;
– Bassem Lazzem, de l’Association des sports subaquatiques et de l’environnement de Bizerte (ASSEB) ;
– Mohamed Tahar Khemiri, de l’Association des sports nautiques de Bizerte (SNB) ;
– Moez Guerfeli, de l’association We love Bizerte ;
– Yassine Annabi, de l’Association de développement régional de Bizerte (DERB) ;
– Mohamed Lahbib Mokdad, de l’Association de sauvegarde de la médina (ASM) de Bizerte ;
– Taieb Mahjoub et Yassine Zaghouani.

Que revendique le collectif ?

Les revendications présentées par le collectif sont en lien avec les problématiques soulevées précédemment :

  1. Restituer purement et simplement le DPM de la plage de Bizerte cédé au projet, en vertu de la loi sur le DPM.
  2. Restituer au domaine public la portion du DPM sur laquelle l’immeuble Nautilus a empiété et qu’il a intégrée dans sa construction.
  3. Réévaluer le prix de vente au mètre carré du terrain cédé pour la construction de l’immeuble Nautilus selon un prix réel prévalent à l’époque de cession du terrain.
  4. Limiter à trois niveaux la hauteur de la deuxième tranche actuellement en chantier de l’immeuble Nautilus.
  5. Réévaluer les termes du contrat de concession du terrain de la plage.
  6. Construire les composantes du projet qualifiées d’utilité publique.
  7. Restituer au département compétent les pièces archéologiques découvertes au cours des travaux du chantier et ensuite disparues du site.
  8. Régler la problématique de la grande digue construite sans respect des techniques de bases des règles portuaires et des conditions de circulation des eaux maritimes.
  9. Régler les problématiques du vieux port et toutes ses corrélations avec les dégradations causées par la grande digue non réglementaire, ainsi que leur impact sur l’environnement.
  10. Résoudre les problèmes sociaux des pêcheurs artisanaux et les soutenir sur le long terme.
  11. Appliquer des tarifs préférentiels et raisonnables en faveur des pêcheurs plaisanciers anciennement rattachés au Sport nautique.
  12. Laisser l’accès libre pour la circulation et pour le passage mer-vieux port des embarcations sans conditions préalables. Cela est justifié par le fait que les embarcations et les pêcheurs étaient présents sur place avant le projet Marina Cap 3000.
  13. Prendre des mesures compensatoires en faveur des riverains et des usagers du vieux port par le fait de la construction des deux composantes du projet, à savoir le port de plaisance et l’immeuble Nautilus. La vue du large aujourd’hui barrée par le projet doit impérativement prendre en compte les riverains et les sites archéologiques millénaires de la ville.
  14. Sécuriser l’accès en faveur des adhérents du SNB.
  15. Renégocier selon les conditions actuelles du marché les accords et une convention durable avec le SNB.
  16. Assimiler et considérer le collectif d’associations comme étant un partenaire de conseil représentant la société civile à Bizerte dans toutes les prochaines étapes de la mise en place du projet Marina Cap 3000.

Où sont donc les politiques ?

Les politiques sur ce dossier… ne sont pas très visibles. Je n’ai pas rencontré les élus de l’ANC de la circonscription de Bizerte. Apparemment, seul un élu est entièrement pour le projet, un est totalement contre, et les autres suivent la logique de la société civile (« pour le projet, contre les dépassements »). Mais que font-ils concrètement ? Il semble que cette question, qui agite toutes les lèvres bizertines, ne trouve pour réponse que l’écho du mystère.

Ce que l’on peut constater, c’est que l’Agence nationale de protection de l’environnement (ANPE) et bien d’autres acteurs institutionnels pleinement concernés sont absents… laissant l’amère impression du règne de la loi de l’omerta qui plane sur ce dossier.

Il ne reste aujourd’hui que les autorités locales, peut-être moins préoccupées par les débats “identitaires” ambiants, qui puissent s’occuper “sérieusement” de ce dossier. Leurs réflexions ne doivent pas être court-termistes, bien au contraire. Il y a peu de temps, le vieux port a raté de peu un classement à l’UNESCO. De fait, le site était retenu comme classable avant la construction du Nautilus. Lors des passages suivants, les comités d’experts, quoique navrés, n’ont pas pu classer cet espace vu la présence d’un immeuble si proche et si imposant.

Conclusion :

Aujourd’hui, les travaux ont repris ; le projet ignore les bourdes déjà faites, et la société civile continue d’en découvrir d’autres jour après jour. Après avoir annoncé la création de 3 000 et 4 000 emplois (au début du projet), la marina affiche au compteur la création de 443 emplois seulement… Un chiffre bien inférieur comparé aux précédentes estimations enthousiastes…

Je ne sais pas si le regard s’habitue au changement, ou si à force on ne le voit plus. Ce projet a chamboulé l’aspect, l’architecture de cette ville à l’héritage millénaire. Mais lorsqu’on se ballade dans cette zone, et même si on n’y a jamais mis les pieds par le passé, c’est une impression d’entre-deux temps qui se dégage. Ce projet donne une nouvelle temporalité à la ville. Il y a un avant et un après Marina Cap 3000. Et aujourd’hui ce projet partage, divise, parce qu’il s’impose avec peu de respect dans un espace qui a du sens pour des milliers de Bizertins.

Les représentants de la marina veulent donner une image négative du collectif : pour eux, le collectif est un amas de « personnes nostalgiques du passé », un peu trop conservatrices pour comprendre « l’importance » de ce projet « moderne, innovant et créateur d’emplois ». Or il n’en est rien. Les habitants de Bizerte sont comme tout un chacun attachés à l’évolution de la ville et à son essor économique, qui ne se fera qu’en acceptant le changement. Mais le changement, la modernité, les projets peuvent émerger dans le respect, en limitant les dégâts pour l’homme et son environnement. Je dirai même que c’est un devoir au XXIème siècle de protéger les villes, leur patrimoine et leur mémoire.