Mehdi Said
Copie de la feuille de menace de mort reçue par Mehdi Said, leader de Tamarod. Lundi 12 août 2013. Bardo. Crédit photo : Lilia Weslaty

Les menaces de mort deviennent récurrentes en Tunisie depuis l’assassinat de Chokri Belaïd le 6 février 2013. Mehdi Said, 29 ans, l’un des leaders du mouvement  Tamarod, a trouvé en sortant de chez lui à Sousse, ce lundi 12 août vers midi, une feuille pliée en quatre sous l’essuie-glace de sa voiture. En l’ouvrant, il a trouvé le message suivant :

Votre sort est d’être égorgés, mécréants
Votre sort est d’être égorgés, ennemis de l’Islam

Voici une photo de la feuille originale prise par Mehdi :

MENACE DE MORT TAMAROD

 

Les menaces proviendraient d’intégristes religieux

Après son déménagement de chez ses parents pour leur éviter des problèmes, Mehdi a loué une maison à Sahloul. Il était présent à Tunis depuis l’assassinat de Brahmi, au sit-in du Bardo. Il dit qu’il n’est rentré chez lui à Sousse que ce dimanche 11 août. Le lendemain, vers midi, il a trouvé cette menace de mort.

J’ai été choqué… Je suis allé au poste de police et je leur ai laissé la feuille de menace pour l’investigation. Les policiers ont fait le nécessaire et ont prévenu le district. Il m’ont aussi conseillé de m’éloigner de chez moi.

En parlant avec les policiers, ils lui ont confié que plus de 12 cas similaires avaient été déclarés à Sousse ces derniers jours. Les messages envoyés aux personnes menacées de mort comportent souvent un lexique religieux, où la cible est assimilée à un “ennemi de l’islam”.

Rappelons que le 3 août, dans la ville de Mehdi, à Sousse, trois extrémistes religieux ont tenté de dépouiller un agent des unités d’intervention de son arme pendant qu’il protégeait une agence de la Banque centrale. Les assaillants ont été arrêtés sur le champ d’après le ministre de l’Intérieur. Dans la même journée, à Akouda, une délégation de la même ville, un homme a été arrêté en possession d’un revolver, de munitions et d’un testament indiquant qu’il se préparait à un attentat suicide.

Multiplication des menaces de mort

Depuis l’assassinat de Chokri Belaïd le 6 février 2013, les menaces de mort, souvent très morbides, dans lesquelles on parle d’ « égorger » la personne, se sont multipliées. La présidente de l’Association des magistrats tunisiens en a reçu une le 2 mai. Zied El Héni, journaliste, a également reçu une lettre le 3 août, sur laquelle on pouvait lire : « Arrête de faire de la provocation, sinon, prépare-toi à être tué. »

Zied El Hani 3 aout menace de mort

Plusieurs députés et politiciens ainsi que des membres du gouvernement, notamment Ali Laaridh ou le ministre de l’Intérieur Lotfi Ben Jeddou, ont également été menacés.