En avril 2012, un nouveau PDG était nommé à la tête de la Radio nationale. Depuis plus d’un an, il officie à la tête de cet établissement alors que sa nomination n’a pas été faite de manière régulière. Il vient de nommer de nouveaux directeurs à la tête de radios régionales, provoquant le ras-le-bol des employés, qui appellent demain 3 septembre à une grève des radios publiques et à l’organisation d’un sit-in devant le siège de la Radio nationale à Tunis.
Une conférence de presse a eu lieu ce matin au siège du Syndicat national des journalistes tunisiens (SNJT) pour discuter des motivations de la grève générale dans les radios publiques annoncée depuis quelques jours. Cette mobilisation aura lieu pour protester contre les nominations abusives de nouveaux directeurs à la tête des radios régionales, et ce sans concertation avec la profession.
Voilà deux semaines le PDG de la Radio nationale, Mohamed Meddeb, prenait une décision unilatérale pour nommer de nouveaux directeurs de radios. Une nouvelle décision qui ne passe pas. Voilà un an que le PDG travaille sans concertation, d’après les dires de certains employés, et que l’ambiance est tendue au sein de l’établissement.
Une journaliste, remerciée il y a peu, parle de nombreux conflits qui se sont accumulés : « Mohamed Meddeb a commencé par s’en prendre aux techniciens. Il a réglé ses comptes avec ses anciens collègues. En fait il a passé des années aux archives et en a endommagé beaucoup. » Une certaine rancune serait restée. A l’époque, un audit du travail de M. Meddeb avait été diligenté, et il s’était vu muté.
Ainsi, au lieu de laisser les techniciens attachés à une chaîne, afin que le travail soit plus efficace parce que les équipes sont formées de gens qui se connaissent, M. Meddeb a préféré rendre les techniciens indépendants. Bon nombre d’entre eux ne supportant plus les conditions de travail seraient en congé maladie, rapporte cette même journaliste.
Mohamed Meddeb a également eu des conflits avec des membres du personnel administratif. C’est ce que rapporte Sihem Bouazza, suspendue suite à un conseil de discipline qu’elle juge arbitraire : « Cette affaire m’a rendue malade. Et même après qu’il m’ait suspendue il a continué à me harceler. De nombreux employés administratifs et journalistes ont eux aussi subi des conseils de discipline sans raison », rapporte-t-elle.
Sihem Bouazza, comme d’autres employés, pense que le seul but du PDG est finalement d’avoir la main sur l’antenne. « C’est tout ce qui l’intéresse, il reçoit des directives. D’ailleurs on n’a jamais vu nulle part une antenne qui dépend de la direction générale. »
Une intention que l’on peut lire dans une note distribuée à la fin du mois d’août aux directeurs des chaînes de radios régionales et nationales de la part de Mohamed Meddeb : il demande que les conducteurs des émissions soient envoyés à la direction 24 heures avant l’émission. Les émissions ne peuvent être démarrées sans les conducteurs et sans que les remarques faites par la direction, et discutées avec l’animateur, soient prises en compte.
Les nouvelles nominations unilatérales à la direction des radios régionales sont une nouvelle décision qui pousse les employés à faire une gréve générale demain et à observer un sit-in à partir de 10h devant le siège de la radio.
Impossible de joindre le PDG ou le chargé de communication de la Radio nationale, malgré nos nombreuses tentatives, pour prendre leur version de l’affaire. Au Premier ministère, nos appels sont également restés sans réponse.
La nomination irrégulière du PDG comme source du problème
La Haute autorité indépendante de la communication audiovisuelle (HAICA) a vivement réagi suite à l’annonce de ces nominations, et a publié un communiqué dans lequel elle demande la révision de ces nominations. Mais comme l’explique Habib Belaïd, membre de la HAICA et ancien PDG de la Radio nationale, ces nominations ne dépendent pas de la HAICA. Selon le décret-loi 116 qui met en place la HAICA, elle donne « des avis conformes concernant la nomination des présidents-directeurs généraux des entreprises publiques de communication audiovisuelle ».
Selon M. Belaïd, le problème est en amont : il ne s’agit pas seulement de la nomination de directeurs à la tête des chaînes de radio, mais de la nomination irrégulière du PDG Mohamed Meddeb, il y a plus d’un an.
En avril 2012 Habib Belaid, alors PDG de la radio, était débarqué et se voyait remplacé par Mohamed Meddeb, un technicien sans expérience journalistique. Une partie des employés de la radio avait vivement protesté contre cette nomination et contre les méthodes de travail du nouveau PDG. « Le responsable de la radio n’a pas été nommé de manière régulière, il y avait donc possibilité de dépassement », remarque Habib Belaïd.
Lorsque M. Meddeb a été nommé, il y avait un vide juridique, puisque la HAICA n’avait pas été mise en place. Cette dernière tente depuis de rectifier le tir et de faire réviser cette nomination. La démarche régulière veut que plusieurs candidats présentent leurs candidatures. « Avec le gouvernement, nous ne parlons que de la révision de la nominations des PDG des établissements audiovisuels publics. Nous voulons le faire suivant des critères. Le gouvernement lui veut « une lecture commune » du décret-loi 116. C’est une façon de détourner le problème », explique Habib Belaïd.
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