Reporters sans frontières exprime son soutien au mouvement de grève lancé à l’initiative du Syndicat national des journalistes tunisiens (SNJT) en vue de protester contre les récentes nominations à la tête de cinq radios publiques et l’ingérence de la direction dans les lignes éditoriales des radios publiques. Le 3 septembre 2013, l’organisation se tiendra aux côtés des journalistes tunisiens devant le siège de l’Etablissement de la Radio Tunisienne (ERT), pour rappeler l’importance de leur combat pour l’indépendance des médias publics.
Malgré les protestations répétées des organisations de la société civile et des professionnels de l’information, notamment au sein de Radio Tataouine, le gouvernement poursuit, depuis son arrivée au pouvoir, sa politique de nominations arbitraires à la tête des médias publics. Dans une lettre ouverte adressée au premier ministre, Ali Laarayedh, le 22 août dernier, l’organisation a appelé les autorités à revenir sur la nomination des directeurs à la tête de Radio Nationale, Radio Culturelle, Radio Jeunes, Radio Gafsa et Radio Tataouine, effectuées en infraction de la loi tunisienne, et en violation du principe démocratique de l’indépendance des médias publics. Reporters sans frontières a également encouragé l’HAICA à revenir sur les nominations prises antérieurement à sa création, dans le respect du droit.
En plus d’être illégales, ces nominations ne sont pas sans conséquences sur la ligne éditoriale de ces médias. En témoignent deux circulaires internes, datées respectivement des 15 et 20 août, adressées par la direction de la Radio nationale aux journalistes. Ces documents, publiés par le journal le Courrier de l’Altas, indiquent que “les conducteurs des journaux d’information doivent être remis 24 heures au préalable” et invitent les journalistes à “bannir toute information de nature à troubler l’ordre public et la paix sociale” ”.
Le 31 juillet dernier, le Président Directeur Général de l’ERT, Mohamed Meddeb, a décidé d’interrompre brutalement l’émission animée par Saïda Zoghbi traitant des affrontements opposant l’armée aux islamistes sur le mont Chaambi, à la frontière algérienne.
Ces interférences sont rendues possibles par l’absence de règlement intérieur pour l’Etablissement de la radio publique tunisienne. Il est donc crucial que l’ERT se dote enfin, d’un règlement intérieur, conforme aux standards internationaux.
“L’ensemble de ces décisions, que ce soit les nominations, l’interférence dans la ligne éditoriale, ou l’interruption de programmes, montre à quel point les autorités entendent contrôler les médias publics, pour en faire des organes relayant les bulletins officiels du gouvernement. L’indépendance des médias publics, pierre angulaire d’un système démocratique, est bafouée au pied par les autorités tunisiennes”, a déclaré Reporters sans frontières.
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