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88% des Tunisiens estiment que l’économie du pays se porte mal et seulement 50% croient en une amélioration pour l’année prochaine. Ils ne sont plus que 30% à privilégier une démocratie solide à une économie forte. Selon une enquête du Pew Research Center, basé à Washington, le désespoir économique des Tunisiens s’est intensifié depuis 2012. Paradoxalement, un certain optimisme resterait de mise concernant leurs finances personnelles.

Pessimistes pour l’économie du pays

88% des Tunisiens sondés estiment ainsi que l’économie du pays se porte « mal », 53% vont même jusqu’à dire « très mal » et seulement 11% pensent qu’elle se porte « bien ». En 2012, c’est 83% d’entre eux qui se disaient pessimistes, 40% très pessimistes contre 17% satisfaits.

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Si les estimations des successives situations économiques du pays ont relativement varié, c’est surtout l’optimisme des Tunisiens qui semble en avoir pris un coup :

seuls 50% pensent que l’économie s’améliorera en 2014 ; une baisse d’un quart comparé aux résultats de 2012 (75%).

Comparé à l’année précédente, le nombre de nos concitoyens estimant que la situation économique va en empirant à doublé : 12% en 2012, contre 25% en 2013.

Le porte-monnaie des Tunisiens

Les finances personnelles des Tunisiens n’ont pas échappé à cette bérézina économique et ils seraient plus enclin, cette année, à avouer leur souffrance économique. Seulement 42% jugent que leur situation financière personnelle est très à assez bonne, contre 56% en 2012. 57% des citoyens estiment même qu’elle est mauvaise ; une augmentation de 14 points par rapport à l’année précédente (43%).

Paradoxalement, une certaine partie des Tunisiens semble cependant avoir foi en des lendemains plus prospères concernant leurs propres porte-monnaie.

Ainsi, si 24% pensent que leurs finances resteront au même niveau et que 21% qu’elles empireront, 48% sont convaincus qu’elles s’amélioreront.

L’enquête du Pew Research Center nous apprend par ailleurs que ce sont les jeunes qui sont les plus satisfaits de leur situation financière : 48% des 18-29 ans considèrent l’état de leurs finances comme « bon », contre 36% chez les 50 ans et plus.

Comment se présente l’avenir des enfants tunisiens ? D’après 49% des Tunisiens, meilleur que celui de leurs parents ; seuls 39% d’entre eux pensent qu’il sera pire. Un optimisme plus présent chez la tranche de la population qui estime sa situation financière positive.

Démocratie ou économie ?

Cette déception générale se traduirait par une plus grande nostalgie envers la période pré-révolutionnaire : 52% des sondés pensent que la Tunisie va bien plus mal que sous Ben Ali, contre 33% qui considèrent que le départ du despote déchu a été bénéfique à la Tunisie. 2012 voyait les Tunisiens plus partagés, avec 45% estimant que l’état de nation s’est amélioré après 2011, et 42% qu’il a empiré.

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Parmi l’estimation des priorités pour l’avenir de la Tunisie, « l’amélioration des conditions économiques » arrive largement en tête, avec 87% de nos concitoyens qui la considèrent comme « très importante ».

Elle est étroitement suivie par le souci d’un « système judiciaire juste » (81%) et l’importance du « maintien de l’ordre et de la Loi » (80%).

En général, les Tunisiens, en 2013, seraient 65% à préférer une « économie forte » à une « bonne démocratie », alors qu’ils n’étaient que 59% l’année précédente. Seulement 30% privilégient une démocratie solide, contre 40%, en 2012.

Certaines classes sociales tunisiennes soutiendraient-elles plus la démocratie que d’autres ? C’est ce qu’avance le Pew Research Center, qui établit une corrélation entre niveau de vie et vision politique.

Si l’on se concentre sur les trois différentes classes – inférieure, moyenne et supérieure – on observe, sans surprise, que la prévalence de l’économie sur la démocratie est plus importante chez la classe économique inférieure, mais l’on découvre également que les Tunisiens ayant perdu le plus d’intérêt pour la démocratie face à l’économie sont ceux de la classe moyenne.

En effet, si en 2012, 41% d’entre eux disaient préférer une démocratie solide à une économie forte, seulement 27% d’entre eux continuent à en être convaincus.

Une tendance qui pourrait aller en s’intensifiant si les scénarios d’austérité prévu par certains experts financiers, tel qu’Achraf Ayadi, se réalisent.