« Le peuple veut », un slogan qu’ont scandé les manifestants de Tunis au Caire, de Damas à Manama, de Tripoli à Sanaa… Réputé pour être un havre de libertés dans la jungle des dictatures arabes, le Liban semble être à l’abri de cette vague de soulèvements et le peuple libanais semble « ne pas vouloir ». Pourtant les prémices d’un soulèvement se profilent à l’horizon. A la tête de cette initiative, baptisée « La Révolution du 10 octobre », un ancien du Hezbollah. Est-ce l’effet d’une mode ou un réel besoin des Libanais de se révolter sur le statu quo ? Pour en avoir le cœur net, nous avons eu cet entretien avec Rami Ollaik, la tête pensante et l’initiateur du mouvement.
Rami Ollaik, le public français et étranger, notamment celui friand de l’actualité du Moyen-Orient et du Liban, vous a connu à travers votre ouvrage “La Route des Abeilles” où vous évoquez votre expérience dans les rangs du Hezbollah ainsi que les raisons qui vous ont poussé à faire défection et à vous convertir au Christianisme. Aujourd’hui, vous préparez, au Liban, une manifestation qui semble s’apparenter aux soulèvements des Printemps arabes, qui est donc Rami Ollaik ?
Un jeune homme libanais poussé par une passion débordante de chercher une patrie qui lui garantit le droit de lui appartenir indépendamment de sa confession. Ce sentiment de précarité et de non-appartenance est le corollaire du morcellement du pays par le fait des clivages confessionnels qui se propagent depuis plusieurs années dans le corps de la nation libanaise telle la gangrène.
Vous assumez votre statut d’ancien responsable du Hezbollah, pourtant un parti réputé confessionnel aux confins de l’extrémisme. Quelle relation entretenez-vous aujourd’hui avec ce parti ?
Je n’ai plus aucune relation avec le Hezbollah en tant qu’organisation, en revanche, j’entretiens de solides relations avec sa base populaire. Cela me permet d’être en contact avec les gens pour les exhorter à fusionner avec les autres composantes de la société libanaise et à fondre dans une nation qui rassemble tous les Libanais. Une nation qui leur offre un traitement égal et qui ne laisse de place à aucune ingérence étrangère, de quelque nature que ce soit.
Vos propos semblent être aux antipodes du discours véhiculé par un parti auquel vous avez appartenu et que vous avez représenté pendant plusieurs années. « La Révolution du 10 octobre », est-ce une revanche personnelle, principalement une révolte contre le Hezbollah ?
Non, pas du tout. Je voudrais profiter de la réactivité croissante au sein de l’opinion publique chiite libanaise et de l’intérêt que cette dernière manifeste quant aux objectifs de notre initiative -même si la majorité de cette communauté reste silencieuse de peur des représailles- pour miser sur l’importance d’une rencontre avec les autres composantes du pays à travers une révolution populaire qui unifie. Je ne souhaite en aucun attaquer un quelconque parti politique, y compris le Hezbollah, à l’instar des partisans de la politique de division qui montent les Libanais les uns contre les autres pour, soi-disant, résoudre la crise qui secoue le pays.
Bien au contraire, ce que je cherche à faire propager c’est ce que j’appelle « la contagion positive », celle qui incorpore tous les chiites, que ce soit celle du parti Amal ou du Hezbollah, dans le tissu libanais. Je cherche à changer la situation de la communauté chiite et la porte d’entrée au changement sera la nation et seulement la nation. Le dysfonctionnement qui touche la communauté chiite, cantonnée entre le duel Amal et Hezbollah, ne peut pas se guérir par le cantonnement de celle-ci sous une autre bannière hormis celle de la nation libanaise. La communauté chiite doit se libérer, mais ne nous forçons personne à se rallier rejoindre et c’est ce qui caractérise « la Révolution du 10 octobre », c’est son indépendance et sa spontanéité.
Vous affirmez que vous êtes indépendants et spontanés, pourtant votre mobilisation nécessite un investissement financier et de temps conséquents. Qui finance et dirige votre prochaine manifestation ?
Un groupe de jeunes Libanais, venant de toutes les régions du pays et issus de toutes les confessions. Nous avons recours à l’autofinancement. Bien entendu, aussi louable qu’il puisse l’être, cela demeure insuffisant. Pour cela, nous avons accepté l’aide de tous les individus et de toutes les organisations -à condition qu’ils soient apolitiques et areligieuses- qui soutiennent notre cause. Nous avons lancé des appels via les différents canaux de communication et ceux-ci ont trouvé échos auprès de la diaspora libanaise qui nous a fait des dons généreux. Ce que nous refusons catégoriquement, c’est “l’aide” des gouvernements étrangers et leurs ambassades. Nous autres Libanais avons payé un lourd tribut du fait de ce type d’ingérence et il est bien temps de vivre notre propre expérience, un propre produit local : fabriqué au Liban, par les Libanais et pour les Libanais.
Toutes vos espérances semblent reposer sur l’implication du peuple libanais. Pensez-vous que ce dernier a atteint le niveau de maturité nécessaire pour se rallier à votre cause qui justement combat le confessionnalisme? Vous tablez sur quel pourcentage de réussite ?
La condition sine qua none pour la réussite de notre révolution est la prise de conscience des Libanais que la décadence dont nous souffrons aujourd’hui est le fait de l’absence de l’Etat. Cette absence est le corollaire direct du système confessionnel. Nous nous approchons actuellement du niveau de maturité escompté qui résultera en une prise de conscience générale au sein de toute la mosaïque libanaise. Seul le temps est capable d’affirmer ou d’infirmer mes dires.
Qui sera le principal gagnant si cette manifestation réussit et à qui profitera un éventuel échec ?
Tous les Libanais sans exception gagneront à éradiquer l’influence des politiciens pervertis qui monopolisent le pouvoir et qui se servent du système confessionnel pour se maintenir au pouvoir ad vitam aeternam. Si celle-ci est vouée à l’échec, cela profitera à ces mêmes politiciens, à notre grand dam. Je vous révèle un secret de Polichinelle en vous disant qu’après le ralliement de certains à notre cause, ils ont été “conseillés” voire explicitement menacés de perdre leurs emplois et de leur rendre la vie difficile. Ces menaces venaient souvent des instances de l’Etat. Heureusement, en contrepartie, cela a encouragé ceux qui tergiversaient encore à rejoindre notre cause. Ce sont ces personnes qui vont écrire l’Histoire moderne du Liban.
Les tunisiens, égyptiens et cie sont tous dans le chaos. Quand ces peuples dormaient et que le Liban vivait une guerre civile, en Algérie, en octobre 1988 il y a eu le premier soulèvement qui a donné le printemps algérien ! Cela a donné lieu aux élections libres de 90/92 et ensuite à la décennie noire du terrorisme orchestrée par la junte militaire algérienne. Depuis plus de 20 ans la presse est bien plus libre que la presse libanaise qui est sous l’aile des partis politiques. Le Liban est le pire modèle, imaginez si nous en France avions une TV de l’UMP une presse écrite du PS etc etc le Liban ne peut pas se soulèver tout simplement car les libanais ont déjà vécu 15 ans de guerre civile, et de deux aujourd’hui il n’y a pas d’Etat au Liban mais une mafia qui se partage le pays depuis TAEF.
@ CAREEM ….
Agree. Lebanon is not an example of democracy.
It’s a clanic country, where mafioso style clans are in control. circa 20 clans.
according to the constitution — made in France –, the president must be a maronite christian, not any christian, eg. the president is choosen within the maronite clan.
They need a revolution to get rid of the french imposed constitution.