Bonne nouvelle, le dialogue national a repris et se poursuivra! Il en est toutefois une moins bonne, c’est qu’il continuera, tel qu’il se fait, à n’être pas en résonance avec le peuple et ses aspirations, mais la traduction des ambitions élitistes des partis. Et encore, celles des plus grands d’entre eux, les plus voraces en termes de pouvoir !
Sombres perspectives en vue
Le risque d’une dictature se profile en douce au nom du prestige de l’État qui signifie, chez certains nostalgiques du passé, une autorité tutélaire. On profite des dérives terroristes de sous-fifres manipulés pour justifier le retour de l’État fort, au prestige intact. Or, celui-ci suppose d’abord le prestige du peuple; et il est à ras du sol chez nous, bien qu’il soit internationalement au zénith.
De plus, l’autorité de l’État, même si elle est contestée démocratiquement — l’esprit de la démocratie étant dans l’impertinence — est encore trop excessive du fait des conditionnements passés et des réflexes de la dictature.
Enfin, il n’est pas un seul terrorisme ! Celui qui se prétend légitime, se faisant au nom d’un État, le trop fameux fait du prince, ne l’est pas moins.
Il arrive souvent que l’État n’ait de démocratique que l’apparence; ce dont usait et abusait l’ancienne dictature; or, cela se vérifie même dans les démocraties avérées. Que dire donc de la Tunisie, encore à l’enfance de la politique, où la société civile pourtant agit pour la faire redevenir une chose vraiment publique.
C’est pourquoi le dialogue national doit au plus vite faire peau neuve reprendre le témoin de la Révolution populaire afin de l’initier désormais par le haut. C’est absolument nécessaire; sinon, elle éclatera de nouveau, inéluctablement, à partir du bas.
Une éclaircie nécessaire
En sociologie, plus utile que jamais pour comprendre les ressorts intimes de notre société, on parle de dialogique, terme que l’on doit à E. Morin. Ce concept, dont l’esprit n’est pas assez respecté en politique, réfère à un processus d’interaction entre deux ou plusieurs principes et/ou logiques qui sont unis sans que la dualité ou la multiplicité se perdent dans l’unité ou s’opposent. C’est à la base de ce qu’on qualifie aussi de pensée contradictorielle supposant échange et complémentarité y compris des opposés. Cela constituerait une sorte de trajet anthropologique postmoderne.
C’est pareil esprit qu’il nous faut pour être en phase avec notre peuple et ses aspirations légitimes. Qu’est-ce à dire sinon qu’une dialogie nationale achève ce qu’elle a initié : qu’elle instaure des compétences tunisiennes — et elles sont nombreuses, prêtes à servir son peuple sans rétribution — partout dans les rouages sensibles de l’État, à commencer par les deux présidences encore contrôlées par la défunte troïka, faisant toujours des nuisances au processus démocratique !
La dialogie nationale doit amener à défaire ce que les intérêts partisans ont bien noué à l’Assemblée nationale en termes de scrutin taillé sur mesure pour les ambitions des grands partis qui violent la souveraineté populaire. Car ils ne cherchent que les intérêts de leurs activistes.
Enfin, elle doit décréter que l’urgence est dans des élections municipales, lesquelles se feront avant la fin de l’année par scrutin uninominal rationalisé rendant son pouvoir au peuple.
C’est parmi des élus choisis à titre individuel par le peuple et selon un contrat de mission soumis au contrôle populaire par l’intermédiaire de sa société civile que seront ensuite élus les autres représentants du peuple, en commençant par les échelons les plus bas, les plus proches des masses populaires, des autorités régionales aux autorités nationales, jusqu’à l’Assemblée nationale qui sera ainsi véritablement représentative du peuple. Aussi, seul le président de la République restera au final élu au suffrage national direct.
De la sorte, le dialogue/dialogie national(e) retrouvera sa vocation de porte-parole du peuple ! Ainsi la Révolution tunisienne, déjà un modèle dans le monde, continuera de l’être ! Car, aujourd’hui, on en galvaude l’esprit et la lettre. Ce que le peuple n’acceptera pas, pas trop longtemps.
Voici ce que la sociologie compréhensive écoutant l’herbe pousser en notre pays entend dire le peuple. Fidèlement, elle le transmet aux décideurs. Avis aux parrains du dialogue (dialogie) national (e) !
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