daesh-tsahal-2-poids-2-mesures

Écrit par Ali Anouzla, traduit de l’arabe par Salah Elayoubi.

Si, à première vue, tout semble éloigner « Tsahal » de « Daëch », tout dans la réalité concourt pourtant, à leur rapprochement. Qu’il s’agisse d’intégration d’étrangers, de recrutement sur la base de l’appartenance religieuse des recrues ou encore de la place de ces dernières sur la ligne de feu.

Les recrues de l’armée israélienne sont pourtant qualifiées de «volontaires» alors que celles de l’État Islamique pour l’Irak et la Syrie (EIIL), sont taxées de «terroristes», en dépit du fait que les combattants des deux bords accomplissent la même tâche qu’il s’agisse de tuer ou d’accomplir le «djihad».

Ce sont les informations récurrentes dans la presse, qui font état de la mort ou de la blessure au combat de plusieurs étrangers qui imposent cette comparaison avec Daëch. L’État-major israélien préfère, en effet, envoyer en première ligne, ceux qu’il appelle les « soldats solitaires », en raison de leur éloignement de leurs pays d’origine. En épargnant des vies israéliennes, Tsahal évite ainsi de s’aliéner l’opinion publique.

Selon des sources concordantes, le nombre de ces recrues étrangères parmi l’armée israélienne atteindrait cinq mille (5000) combattants, dont un tiers d’américains, d’Européens et d’autres nationalités. Dans un rapport publié en 2013, l’Observatoire euro-méditerranéen des droits de l’homme à Genève révélait qu’une quarantaine (40) de nationalités sont concernées.

Ce phénomène de recrutement des étrangers dans les armées nationales n’est pas nouveau et n’est pas spécifique à Israël. Les États-Unis et la France pour ne citer qu’eux, recourent, également au procédé, moyennant la naturalisation des engagés volontaires. Mais l’État hébreu est le seul pays à le faire sur des critères ethniques et religieux. Un volontariat qui pose des questions de droit international à tous ces pays, dont les citoyens s’enrôlent dans une armée d’occupation, accusée de commettre des crimes de guerre, alors que dans le même temps, la plupart des pays arabes a criminalisé l’engagement dans les rangs d’organisations, comme Al Qaïda ou Daëch. Tous les djihadistes qui ont été identifiés, ont, au demeurant, été systématiquement arrêtés, interrogés et condamnés, à leur retour au pays.

Dès lors, on peut légitimement s’interroger pourquoi l’Occident ne traite-t-il pas ainsi ceux des siens qui participent à la perpétration d’exactions et à l’assassinat de centaines de femmes, d’enfants et de vieillards. De retour dans leur pays respectif, ils ne rendront jamais compte de leurs crimes et finiront même par y reprendre ou y occuper, des postes sensibles, dans différents appareils politiques ou administratifs. Comme en gratification de leur engagement.

Souvenons-nous, le 25 juin 2006, à Kerem Shalom, à la frontière sud d’Israël, les brigades Ezzeddine Al-Qassam surgissent d’un tunnel et attaquent un poste militaire israélien. Ils tuent deux soldats, en blessent deux autres et s’emparent du soldat Gilad Shalit, avant de s’éclipser. La France remue alors, ciel et terre, pour obtenir la libération de la recrue qui est également l’un de ses citoyens. Des portraits géants du soldat sont même exhibés, lors de matchs de football, dans plusieurs villes européennes. Un traitement aux antipodes de celui réservé aux combattants d’Afghanistan et d’Irak, détenus des années durant, à Guantanamo ou Abou Ghraïb, hors de tout jugement.

À ce constat accablant, il faut également ajouter que le recrutement pour l’armée israélienne est mené par des organisations ayant pignon sur rue. Ses sergents recruteurs viennent même tenir des conférences, dans certaines écoles occidentales et orchestrer des campagnes de propagande, dans les médias de ces pays, le plus souvent avec l’argent du contribuable !

Il s’agit moins, ici, de dénoncer la politique des «deux poids, deux mesures », appliquée envers le monde arabo-islamique par l’Occident et les questions d’éthique qu’elle soulève, que d’exiger l’application stricto-sensu, du droit international, aux recrues d’une armée d’occupation qui commettent des crimes de guerre, sans jamais être inquiétées. Les pays occidentaux qui ont imposé au monde arabe, leurs lois anti-terroristes, seraient bien inspirés d’appliquer ce dispositif à ceux de leurs citoyens ayant servi dans l’armée israélienne, tout comme ils le font avec leurs djihadistes.