Des moments crus d’Histoire à travers l’œil du réalisateur de Bastardo. Cette Histoire avec un grand “H”. Histoire à la fois de la Tunisie, de notre Région et du Monde… avec ce que l’on qualifie désormais par le Printemps arabe (en référence aux événements du Printemps des Nations de 1848).

La sortie en septembre 2014 de « 7½ » n’est pas sans provoquer un certain malaise. Le contraste entre les images rapportées par Néjib et ce que nous vivons aujourd’hui à la veille des prochaines élections est, le moins que l’on puisse dire, saisissant pour les uns, irréel pour d’autres et devient carrément cauchemardesque à la lumière des évolutions de 2014.

Le documentaire de Néjib parcourt l’échiquier politique de cette période charnière -2011- avec ses acteurs et ses courants, et notamment ses promesses non tenues. Si l’auteur, en tournant son documentaire, ne pouvait envisager la situation en 2014 -et qui le pouvait du reste!-, le fait de revivre les premiers huit mois de 2011 à travers la caméra de Néjib ne fait que contraster davantage avec la situation d’aujourd’hui.

Comment auraient réagi certaines figures du documentaire de Néjib Belkadhi, si celui-ci leur avait posé, en 2011, la question suivante : « imaginez-vous les Zouari, Zneidi, Jgham, Ghariani, etc. revenir discourir sur les médias, y compris publics, pour évoquer leurs projets pour la démocratie tunisienne et pour la consolidation des libertés fondamentales des Tunisiens ? »

Et, pourtant, c’est justement ce qui est en train de se passer. Il ne manque plus que Ben Ali et Leïla pour que toute la famille fut à nouveau réunie !

Les tortionnaires de milliers de Tunisiens ainsi que les assassins de centaines d’autres se promènent encore librement dans les rues ; et les membres des gouvernements RCdistes qui les ont désignés à ces tâches reviennent pour nous expliquer tout le bien qu’ils envisagent d’accomplir pour le peuple tunisien.

Et de par la loi de la Tunisie post révolution, ces mêmes personnages auront un accès de plein droit aux médias à l’occasion des deux campagnes qui s’annoncent : celle des législatives comme celle des présidentielles.

Néjib Belkadhi, en nous replongeant dans l’atmosphère de 2011 avec ses aspirations et ses ambitions déclarées, nous confronte, par voie de conséquence, à ces espoirs déçus et à l’amertume du désenchantement présent.

Pour ne pas être trop négatif, il est vrai que, depuis, du chemin a été accompli. La promulgation de la Constitution en fut le point d’orgue. Mais est-ce assez pour satisfaire cette jeunesse ambitieuse qui s’est mise à tant rêver depuis le 14 janvier 2011 ? Les historiens en jugeront, y compris d’après « 7½ », ce document pour l’Histoire tourné par Belkadhi.

La Rédaction.

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