En me faufilant subrepticement à travers la porte du pâle bus public au teint blafard et jaunâtre, j’échappai habilement aux regards attentifs et panoptiques des contrôleurs-prédateurs, guettant des proies auxquelles ils projettent de soutirer quatre sous destinés à la trésorerie de l’Etat, ou aux poches criblés de trous de balle de leurs pantalons délabrés. Ma procession dangereuse et atone dans le corridor étroit et surpeuplé du cercueil public itinérant frappé du sceau de la société des transports commença dans les effluves pestilentielles de cette puanteur de débris humains en décomposition, produite par l’effet conjugué des sueurs cumulées tout au long d’une longue course effrénée derrières les déboires qui se succèdent et les vieilles espadrilles décomposées sous l’effet des sinuosités épineuses de la vie de misère.
En regardant de par les vitres dont la transparence s’est vue entachée par des kyrielles d’empreintes digitales anonymes appartenant à des simulacres d’homo-sapiens sans avenir, je vis le spectacle de la déchéance tunisoise dans les visages tuméfiés par les coups de poing répétitifs de l’existence en communauté.
Je vis les élèves des écoles primaires avec leurs tabliers bleus, injuriant quelque maître grincheux et joufflu qui leur pourrit la vie avec des devoirs de maison qu’ils ne feront pas, car ils sont profondément occupés par la traque sans vergogne des figures chimériques d’une console de jeux-vidéo, d’un ballon Adidas et d’un match de foot avec des potes désœuvrés dans une large rue faisant office de terrain, délaissée par les travaux d’infrastructure de la mairie voisine.
Je vis les adolescents ennuyés traînant leurs pattes de petits merdeux va-nu-pieds dans leur highway to hell de perdition, tiraillés entre la balâa du samedi dernier et les joints sporadiques du courant de la semaine, tourbillonnant dans un typhon de mégots de cigarettes, de débris de cœurs brisés par des amours vertigineuses, de poussière blanche à effet psychotrope, d’hallucinations collectives provoquées par une nouvelle puberté en mariage avec des séquences en TBD (très basse définition) de films porno.
Je vis les vieilles femmes potelées courir derrière leur progéniture, munies de casseroles et de robustes cordes vocales, je les entendis vociférer, en zigzaguant dans les ruelles de leur cabane pour éviter les innombrables immondices qui arrivent admirablement à parfaire une esthétique de la merde dans l’aménagement urbain.
Je vis les décombres de la misère majestueuse du quartier populaire d’El-Mallassine, arborant fièrement ses montagnes de saletés parmi lesquels des coqs et leurs concubines rachitiques picorent fébrilement les poussières de merde et de pourritures, autant que leurs fils de quartier des fils d’Adam essayent de se frayer un chemin pour picorer ce que leur réserve la répartition inégale de la misère.
Je vis le misérabilisme ambulant des particules de l’air atmosphérique de Tunis, emporté par le vent de la décrépitude nationale jusqu’aux confins de la jeune république vieillissante et congestionnée.
Je vis les oiseaux qui ne volent pas, mais qui flottent sous le ciel grisâtre et lugubre, colonisé par quelques nuages hostiles et sans scrupules, pourtant baignant dans les faisceaux nonchalants d’un soleil résigné à se la couler douce devant le spectacle de l’opprobre tuniso-tunisois.
Je vis le spectre de Michel Foucault, volant et virevoltant au-dessus du toit de la faculté des sciences humaines et sociales, et je jure sur les sueurs inodores de mes paumes que le pauvre était pris dans des convulsions interminables, qu’il se noyait presque dans une flaque salée cumulée par ses larmes de chagrin, et qu’il s’est pris la tête entre ses deux mains ridées en criant “Ouh ya Tounès!“, au point que sa voix en fut brisée en mille morceaux cadavériques.
Je vis les vieillards, passagers d’autres cercueils itinérants semblables au nôtre, suffoquer dans les airs bourrés de ces petites lucioles de désœuvrement et de misérabilisme, je vis les marchands ambulants en train de s’extraire les crottes de nez en envoyant paître la dette extérieure et la décroissance économique, je vis les demoiselles d’honneur et de déshonneur se torcher le cul avec les histoires bidon des dirigeants en costume, je vis les prostituées chauves et balafrées prises de court par l’énorme phallus de la mondialisation et les testicules boursouflés de l’appareil policier mis en déroute par une bande de petits cons barbus et barbares soutenus par les puissances du fric, je vis le bric-à-brac des marchés chaotiques en effervescence et j’écoutai leur cacophonie nihiliste qui montait dans le silence strident de l’âme morte d’ennui et de chagrin de cette petite communauté qui s’excommunie inlassablement pour tuer le temps.
Essoufflé par un voyage aussi fatiguant, dodelinant la tête devenue lourde après tant de flatulences respirées, les yeux exorbités par le spectacle d’une capitale en détresse, je descendis de mon tombeau jaunâtre en traînant les pieds, cigarette en garde-à-vous solennel, et pris mes jambes à mon cou avec la candide espérance que ma Tunis de malheur, que cette capitale en déréliction, n’était que le fruit d’une hallucination délirante de mon cerveau de citoyen infinitésimal d’un monde qui s’effondre.
Ta3ref walah 9libtli ma3dti!
Désolé madame mais votre article pue une odeur nauséabonde Un cocktail d’impressions de dégout, de dédain et de nostalgie écœurante Le tout baigne dans une jonglerie linguistique ridicule et un étalage de l’étendu de votre connaissance de la langue de Voltaire Tunis vit certes un moment historique difficile et grotesque pour les âmes sensibles mais toujours est-il que ce moment où la pourriture la plus répugnante on l’a connu sous Ben Ali sous couvert de tout es pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles
Désolé, mais votre article pue une odeur nauséabonde Un cocktail d’impressions de dégout, de dédain et de nostalgie écœurante Le tout baigne dans une jonglerie linguistique ridicule et un étalage de l’étendu de votre connaissance de la langue de Voltaire Tunis vit certes un moment historique difficile et grotesque pour les âmes sensibles mais toujours est-il que ce moment où la pourriture la plus répugnante on l’a connu sous Ben Ali sous couvert de tout es pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles
Majid Hawachi, il y a une incompréhension manifeste du sens de ce texte, car il ne s’agit nullement d’exprimer une nostalgie de prétendus temps meilleurs en faisant l’éloge du régime déchu, ni de poser un regard méprisant et hautain sur la réalité du pays, loin s’en faut. Etant moi-même originaire et habitant d’un quartier populaire, il serait absurde, voire masochiste de ma part, de m’atteler à flageller un environnement urbain que je fréquente assidûment. Il s’agit simplement de décrire ce que ma perception m’a permis de voir en passant par le filtre d’une imagination, certes extravagante, mais profondément personnelle. Si ce que j’ai écrit n’est qu’une éructation dédaigneuse et méprisante, que dire alors de tout ce que écrit Marquez? Pour le style, j’avoue que la lourdeur peut déranger, mais c’est pour l’unique but de surcharger de sens les mots et renforcer l’impression qu’ils peuvent produire dans les esprits de ceux qui ont l’humilité et le temps de les lire. En somme, c’est une description du vécu de la ceinture déshéritée de Tunis, une description personnelle et teintée d’une sorte de surréalisme. Point de mépris, point de “nostalgie écoeurante”, point de dédain. Ceci dit, “Slim Ben Youssef” n’est décidément pas un nom qu’on pourrait donner à une dame!
Au fait, je viens de tomber sur ca: http://www.leconomistemaghrebin.com/2015/06/03/et-si-psychanalysait-tunis/.
Ca m’a l’air tres interessant.