Le sociologue Paul Watzlawick est l’auteur du livre « Comment réussir à échouer ». Cet ouvrage traite des moyens qui mènent à l’échec ; Pour être sûr d’échouer il faut coûte que coûte éviter d’atteindre ses objectifs, exiger beaucoup et revenir constamment sur le passé. L’œuvre parue en 1986 semble décrire une image de la Tunisie d’aujourd’hui. Et Si on applique ce concept à la situation actuelle de notre pays, il n’est pas surprenant de constater que dans l’ère de la deuxième république tout laisse à penser qu’on s’était attelé à formuler une stratégie voisine du « comment réussir à échouer ».
Un observateur ordinaire n’aura aucune difficulté de constater que le pays a rassemblé tous les moyens dont il dispose pour rendre sa population malheureuse, pousser son économie vers le naufrage, infester son environnement, étouffer les systèmes d’éducation et de santé et laisser proliférer le terrorisme et ses dérivés : en un mot les conditions favorables à l’échec sont créées. Est ce que c’est un scénario catastrophique qui est voulu mais sensé ou bien un risque calculé qui est joué mais censé redresser la situation dans l’avenir.
Des objectifs très ambitieux et difficiles à réaliser
La manière la plus simple d’essuyer un échec c’est poursuivre des objectifs irréalisables. Les pères fondateurs de la seconde république, les vainqueurs des premières élections démocratiques de l’histoire de la Tunisie, avaient annoncé des objectifs très ambitieux durant leurs campagnes électorales. En un mot ils comptaient faire de la Tunisie un paradis terrestre et une plate forme pour le paradis céleste. Une fois les élections consommées, les pères ont annoncé la mise en place de la meilleure équipe gouvernementale de tous les temps. Leur programme promettait de résorber le chômage en planifiant l’envoi de quelques 200000 travailleurs en Libye, de relancer l’économie et d’améliorer le taux de croissance de 2% par l’intégration d’un marché commun au sein de l’UMA, de corriger les inégalités sociales régionales en inversant la part du budget national allouée au développement des régions. 80% seront programmées pour L’intérieur du pays et 20% pour la région côtière. La réforme du secteur de sécurité était leur cheval de bataille. En retour c’est plus d’un million de libyens qui se sont installés chez nous et qui continuent de bénéficier des subventions sur les produits de consommation de première nécessité. La situation économique s’est empirée et tous les indicateurs sont au rouge, la contrebande et l’évasion fiscale battent leur plein. Le pouvoir d’achat s’est détérioré et la drogue devrait bientôt être légalisée. La population ne sait plus à quel saint se vouer. Le développement régionale est resté lettre morte et la réforme du secteur de sécurité s’annonce de plus en plus difficile.
On ne peut réussir si on continue à vivre au passé
Une équipe gouvernementale s’en va une autre se met en place mais rien ne change. On continue à bercer la population dans de beaux rêves chimériques. On revient constamment sur le glorieux passé de la Tunisie et des hommes providentiels qui l’ont guidé. Bourguiba, Ben Youssef, Hached et les martyrs nous ont balisé le chemin de la liberté, de la dignité et du développement et on ne pourrait réussir en dehors de leurs visions. D’autres diront que le salut ne viendra que si on continue sur les traces du fondamentalisme. Autrement dit une vision d’une Tunisie nouvelle n’est pas envisagée. La nouvelle génération ne sera pas capable de gouverner, la jeunesse est bonne pour mourir pour la nation mais non pas pour la sauver. La devise éternelle sera le retour au passé glorieux qu’il faut recopier. Notre salut est derrière nous.
Exiger beaucoup voire trop
Depuis les premières heures de la chute de l’ancien régime on ne cesse de demander et les responsables ne cessent de promettre. Les chômeurs exigent du travail, les travailleurs provisoires et ils sont nombreux exigent une solution pour leur situation. Les institutions étatiques recrutent plus que leurs besoins. Les travailleurs de tous les secteurs demandent des améliorations de salaires et de nouvelles primes. On ne travaille plus, on est en grève ouverte. On parle beaucoup et on n’agit plus. On critique tout et on ne propose rien pour améliorer. C’est la liberté intégrale et exponentielle. Pour un rien, on proteste en sit in, on fait la grève, on exige le départ et le dégagement des responsables. C’est la dictature de la rue.
Le pays s’endette
Pour parer au déficit de la production et des ressources fiscales le pays s’endette car il faut payer les fonctionnaires, entretenir les services publics et subventionner les produits de première nécessité. Des crédits à très court terme et à un taux élevé doivent être remboursés à partir de 2017 et 2018 et aggraveront la situation financière du pays.
On boude les réformes structurelles et on continue à raccommoder
Aucune institution n’a entamé la réforme recommandée par les experts nationaux et internationaux. Les réformes du système bancaire, des finances et de l’investissement tardent à se mettre en place. Les réformes de la justice, des forces de sécurité et de la défense sont négligées et remplacées par l’achat de moyens ou par le remplacement de certains responsables. L’éducation et la santé publique veulent se moderniser mais hésitent encore à le faire.
Impunité
Des milliers de criminels et de terroristes ont été arrêtés mais ne sont pas encore jugés. Autant d’autres sont encore en liberté. Il n’y a pas le feu à la maison. Ce climat d’impunité ne dissuadera pas les futurs malfaiteurs et n’aidera pas à réussir.
Non Protection de l’environnement
Aucune mesure concrète n’a été prise pour supprimer ou même pour limiter l’impact négatif des activités de la population sur son environnement. Les ordures de tout genre ont colonisé les rues et les cités. Faut-il déclarer la guerre aux ordures ?
Différents experts ont brossé un tableau noir de la situation économique et politique du pays et ne cessent de tirer la sonnette d’alarme mais les dirigeants politiques ne semblent pas du tout préoccupés. Certains prévoient une aggravation de la situation qui pourrait provoquer une nouvelle révolution. Mais toutes les mesures prises ne peuvent que concourir à la réussite de l’échec de l’administration du pays. Pour quelle raison agit-on de la sorte ?
On agit de la sorte car on est incapable de proposer quoi que ce soit. On ne fait pas de la politique pour les autres mais pour soi. On ne pense pas au pays mais à son parti, son clan.
Selon moi, le seul et unique responsable de cette situation affreuse n’est autre que ce peuple de guignols et de singes castrés. Après le 14 janvier 2011, les attentes étaient hautes uniquement parce que nous croyons encore à la propagande officielle décrivant le peuple tunisien comme brave, bosseur, éduqué et ouvert. Le jour où la chape de plomb a été levé, on se découvre pas comme un peuple dans le sens moderne du terme mais plutôt comme un nuage de poussière d’individus (pour reprendre l’expression du dictateur Bourguiba que tout le monde lèche sa tombe ces jours-ci), des individus sans foi ni loi, sans étique, sans moralité, sans valeurs, sans appartenance (autres qu’à la tribu, la région, le parti ou le clan)!
Les nations ne se construisent pas sans l’effort effréné de tout un peuple, sans cohésion nationale, sans valeurs humanistes et libertaires, sans projet national civilisationnel, sans compétences patriotes, sans pensée (auto-)critique objective et rationnelle, sans espoirs fondés, sans ambitions légitimes, sans aspirations courageuses. Dans les faits, le peuple de bougnoules que nous sommes a démontré tout au long des quatre dernières années qu’il n’a rien de tous ces ingrédients essentiels à la renaissance d’une nation forte et respectable. Il a finit par choisir des gouvernants (de tous bords) à son image: mafieux, serviles, corrompus, comploteurs, violents, rétrogrades, menteurs, escrocs, hypocrites, fainéants, kleptocrates, bref sans scrupules! Et avec tous ces malfrats et despotes aux commande d’un pays en détresse, il faut franchement s’estimer heureux que la Tunisie n’a pas encore sombré dans le chaos.
Citation: “Certains prévoient une aggravation de la situation qui pourrait provoquer une nouvelle révolution.”
Une nouvelle révolution? mais franchement avant de parler d’une nouvelle “révolution”, croyez-vous sérieusement que le mouvement 17/12/10-14/01/11 est une révolution (au sens littéral du terme ou bien selon la définition des annales des sciences politiques, à vous de faire le choix)? Selon moi, on peut au mieux appeler ce mouvement une “révolte sociale” … et encore, on est trop large!
Ceci dit, n’oubliez surtout jamais la fameuse déclaration du Docteur Chocotomshtein, gourou du bétail islamiste : “Si Ennahdha était un acteur politique accepté au temps de Ben Ali, la révolution n’aurait jamais pu se déclencher” (sic!). Et ce ne sont pas que des paroles! La compagne #Winou_Pétrole qui s’est déclenchée au sud du pays, fief du Cheik Dajjal, et s’est attisée pendant plusieurs semaines a été éteint par une tournée de quelques jours du Gourou dans la région (fort probablement, à la demande du vieux sénile de Carthage). Il faut l’avouer, le mec est super efficace!
#Pays_des_singes_castrés
#Grande_Bougnoulie
#Arabs_and_Democracy_don’t_mix
Ce que vous dites est tres interessant. Je conviens avec vous sur le terme de revolution, faut il le qualifier ainsi ou soulevement ou autre? J’ai personnelement vecu de pres les evenements et j’ai une autre idee que je compte developper ulterieuement. Par contre je ne suis pas d’accord sur les epithetes que vous collez au peuple tunisien. Le terme “bougnoule” est un peu fort , mais sachez qu’il y a une forte proportion de tunisiens respectables, cultives et empreints de civisme ce qu’on appelle la majorite silencieuse. Le probleme est qu’il n y a pas une personalité capable de guider cette majorité. Une personalité de la nouvelle generation jeune et resolue.
Il est navrant, pour le moins, de lire “En retour c’est plus d’un million de libyens qui se sont installés chez nous et qui continuent de bénéficier des subventions sur les produits de consommation de première nécessité.”
Il y a un devoir d’hospitalité respecté sous toutes les latitudes, et auquel ne déroge pas même les anciennes peuplades barbares. Ces Libyens dont vous parlez, y compris les plus aisés parmi eux, sont en principe, des réfugiés sous notre protection collective…
Il est cependant vrai qu’un ancien Premier Sinistre -bien de chez nous- a naguère monnayé, un autre réfugié libyen, aujourd’hui condamné à mort.
Lumineux et inspiré précédent !
Nous en connaissons d’autres, bien de chez nous, qui roulent sur plusieurs kilo-dinars par mois et qui, prédateurs à l’appétit irascible, dévorent tout, trichent sur tout, ne payent aucun impôt, tout en bénéficiant de ces mêmes subventions ; et ce scandale, visiblement, ne semble émouvoir personne.
Quant à votre dernière question, une foule de réponses se présente que l’on pourrait résumer ainsi : se regarder un instant en face, et tenter ensuite de se défaire, avec lucidité, d’une culture de mort faite de despotisme et d’obscurantisme que nous entretenons depuis des siècles.
Révolution ?? hahaha … disons révolte, et une constitution batarde ( croisement islam/judeo christianisme) pour plaire à la France sionisée jusqu’à l’os.
Révolution française: ils ont détruit TOUT l’ancien régime, la Bastille et mème la moitié de Notre Dame …
confisqué les biens de la noblesse et le clergé distribués au peuple, changé les mesures en métrique, et mème le calendrier …
donc, une VRAIE révolution commence par se débarrasser totalement de l’ancien régime francophonique en vigeur depuis … 1881 renforcé par le franalphabète Bourguiba et al , savoir: la langue française, les “grandes écoles ” mafieuses et féodales, le système judiciaire et son “juge d’instruction” qui n’est pas juge mais super flic, l’administration et sa “plaque minéralogique” qui n’a rien à voir avec le phosphate etc …
It’s still time to wake up !!!
La Revolution francaise 1789 n’est autre que la suite et fin de “mouvements” qui ont duré près d’un siecle dont le plus important etait le mouvement intellectuel. On le nommera siecle des lumieres avec d’illustres penseurs qui ont gagné des titres eternels tel que Voltaire, Montesquieu, Diderot et autres… ce sont eux qui ont fait la revolution le peuple n’a pas peiné pour abattre le régime. Et nous quels sont nos penseurs? Urine de chameau?
On pourrait se poser des questions quant à “l’initiative” qui a chamboulé la Lybie, provoquant morts et destructions, avec le désordre qui est à l’origine de l’installation de milliers, ou plus, de réfugiés lybiens en Tunisie. Les conséquences d’une telle intervention sont dommageables pour la Tunisie, et ont favorisé les trafics d’armes et l’essor du terrorisme qui n’avait pas besoin d’un tel climat pour prospérer, ayant ses prosélytes et soutiens sur place.
Ses effets néfastes ont grossi le nombre des sans-emploi dans le pays, privé le sud d’une manne qui a longtemps soulagé cette région qui trouvait nombre de débouchés en emplois et en échanges économiques en Lybie.
Si l’on ajoute à la crise du monde occidental, exportée dans nos contrées si dépendantes, l’écroulement des prix du pétrole qui tarit les ressources de notre voisin l’Algérie auquel nous sommes liés, on comprend mieux les difficultés actuelles à quoi se confronte notre pays, au-delà de ses propres travers et insuffisances dans bien des domaines.
C’est un coup de couteau infligé à toute la région, et les arrière-pensées de cet interventionnisme sont tout sauf la marque d’une attitude positive en faveur des changements éclos en Tunisie.