Manich Msamah : De l’art à Mass’Art

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Street Poetry et Zwewla ont organisé, vendredi 18 septembre, à 18h, une rencontre artistique à l’espace culturel Mass’Art dans le cadre de la campagne Manich Msamah. Se sont reproduits sur scène, les groupes Khatt , Fn’Art , Rap Mass’Art , Marwen Meddeb, Taieb Bouallag et de jeunes slameurs de Street Poetry. Devant l’espace, les tagueurs de Zwewla qui ont eu maille à partir avec la justice, annoncent la couleur avec un graffiti illustrant le slogan du mouvement Manich Msamah. Ce premier événement artistique sera suivi par d’autres événements culturels dans les régions, selon les organisateurs.

Le choix de Mass’Art n’est pas une coïncidence. Depuis sa création en 2011, ce théâtre de poche a abrité toute sorte d’actions artistiques engagées. Des rappeurs comme Weld El 15, Klay BBJ ou Phenix se sont reproduits à Mass’Art au moment où ils ne pouvaient pas chanter en public. Les grandes batailles des familles de martyrs et des blessés, le sit in «El Rahil», la campagne de «Moi aussi j’ai brûlé un poste de police», celle de «Free Azyz» et d’autres ont fait leurs escales Mass’Art où l’art prenait la défense des revendications populaires.

Devant le théâtre, l’ambiance était conviviale entre les jeunes du quartier, les militants de Manich Msamah et les artistes qui soutiennent le mouvement. Sur scène, Hamdi Majdoub, jeune architecte au chômage et fondateur de Street Poetry et du groupe Khatt annonce le programme et rappelle que « Manich Msamah n’est pas uniquement un mouvement politique. Puisque l’art est notre moyen pour dire non, nous sommes ici pour contester le projet de loi sur la réconciliation qui vise à faire revenir les voleurs de Ben Ali », explique le jeune slameur avant de passer le micro aux artistes.

La première prestation était assurée par le groupe Rap Mass’Art qui a chanté « Le peuple veut un nouveau janvier ». Composée et filmée, il y a deux ans, la chanson est toujours d’actualité. « Nous ne pardonnerons jamais », « Justice! Égalité! Redevabilité! », « Nous n’oublierons jamais » étaient les refrains qui ont ponctué la chanson. Rappelons que ce groupe a été crée en 2013 grâce à des ateliers et rencontres organisées par les animateurs de l’espace.

L’art de dire non

Safa Borji, 21 ans, 3ème année peinture à l’école des Beaux Arts de Tunis, est montée sur scène avec un poème sur la justice et la révolution. La jeune poétesse participe, régulièrement, aux événements de Street Poetry.

L’art est une continuité obligatoire de chaque mouvement contestataire. Manich Msamah s’est imposée dans la rue et c’est maintenant le tour des artistes de renforcer ce mouvement à travers des moyens d’expression artistique, explique Safa.

Alors que le concert se poursuit à l’intérieur, la discussion s’anime à l’extérieur. La veille, une émission télévisée qui a enfin parlé de Manich Msamah, fait polémique. Les jeunes militants jugent que la chaîne privée, Tounissia, a ridiculisé le mouvement dans le plateau de « Al Yawm Al Thamen » sans permettre à ses représentants de se défendre. « Les médias n’étaient jamais de notre côté. Ils ne sont pas venus ce soir et ils ne diront aucun mot sur nos prochaines actions » explique Samar, membre du collectif Manich Msamah, qui était en train de poster des photos de l’événement sur les réseaux sociaux.

Omar Ben Brahim, 28 ans, artiste peintre et chanteur du groupe Fn’Art ironise sur la faible participation d’artistes en rappelant que :

dans un passé récent, tout le monde était révolutionnaire. Maintenant, nous sommes redevenus la petite minorité qui porte sincèrement et sans relâche les attentes du peuple.

Le groupe Fn’Art a présenté sa dernière chanson « Tor Tor » (paroles de Marwen Meddeb). Connu par son engagement à gauche, le groupe en majorité formé de musiciennes est présent, depuis près de trois ans, dans les rencontres culturelles de l’opposition et de la société civile.

Fn’Art était suivi d’une pause poétique assurée par Marwen Meddeb et Taieb Bouallague. En dialecte tunisien, Bouallague a enflammé la salle avec ses paroles défiant l’oppression du pouvoir. Lamia Chelli, 43 ans, animatrice dans un jardin d’enfant, est une habituée de l’espace.

J’ai adoré les poèmes de Bouallague ainsi que l’audace et l’humour de Marwen Meddeb. Je pense qu’exprimer son ras-le-bol à travers la musique et la poésie est essentiel. En plus, cela nous fait des activités culturelles dans le quartier qui était vraiment vide avant l’ouverture de Mass’Art, témoigne Lamia venue en voisine avec ses deux enfants.

La rencontre s’achève sur une note d’espoir. Sur scène, un jeune rappeur également membre de Zwewla improvise « Nous ne baisserons jamais les bras! Révolution en marche! » Dans les coulisses, les animateurs de la campagne Manich Msameh font le bilan des dernières actions sans oublier le plus important : assurer la continuité du mouvement.

Culture

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