Crédit photo : la page facebook de Anis Morai
Crédit photo : la page facebook de Anis Morai

Anis Morai, animateur et producteur à la radio nationale et RTCI, a comparu devant le tribunal de première instance, vendredi 1er avril, suite à une plainte pour diffamation déposée contre lui. Le journaliste accuse le plaignant de censure et de tentative d’intimidation en raison de sa critique à l’Accord de libre échange complet et approfondi (ALECA) que la Tunisie devrait signer, prochainement, avec l’Union Européenne. Un comité de soutien constitué des avocats Ghazi Mrabet, Mohamed Abbou, Donia Ben Osman, Akrem Barouni et Faouzia Bacha ont plaidé pour Anis Morai. Le tribunal a reporté son verdict au 15 avril 2016.

Le 1er février, Anis Morai a invité Ahmed Ben Mustapha, ancien ambassadeur et spécialiste de l’économie diplomatique dans son émission « Dans le vif du sujet » diffusée sur RTCI. Le débat de cet épisode portait sur l’ALECA. L’animateur et son invité ont critiqué le laxisme du gouvernement lors des récentes négociations portant sur les secteur du service et celui de l’agriculture. Ils ont souligné l’absence de toute étude portant sur l’impact d’un tél accord sur l’économie du pays et ils ont appelé le gouvernement à donner plus de détails sur les négociations en cours.

Ghazi Ben Ahmed, fondateur et président de l’Initiative méditerranéenne pour le développement, a réagi le jour même, sur le mur du compte facebook de Anis Morai en affichant son mécontentement par rapport à l’émission et son orientation critique envers l’ALECA. « La discussion a dérapé. Alors qu’il a attaqué mon professionnalisme et mon objectivité, je lui ai rappelé que les spécialistes de son genre ne sont pas assez crédibles pour donner leurs avis » explique Morai et précise que Ghazi Ben Ahmed défend L’ALECA en Tunisie.

Avant de porter plainte contre l’animateur radio, Ghazi Ben Ahmed a demandé à la direction de la Radio nationale à maintes reprises de le sanctionner. « J’ai essayé d’avoir une réparation au préjudice causé par le journaliste. J’ai demandé à ses supérieurs quelle mesure prendre vu son comportement public sur les réseaux sociaux. Mais les directeurs m’ont répondu qu’ils n’y peuvent rien puisque l’incident a eu lieu en dehors de la radio. C’est pour cette raison que j’ai porté plainte » nous explique Ghazi Ben Ahmed.

De son coté, Anis Morai affirme que « L’objectif de cette plainte est de me pousser à arrêter de parler de l’accord de libre échange et ses conséquences sur l’économie tunisienne. Depuis des mois, je travaille avec d’autres journalistes et des spécialistes sur cette question. Nous avons des dizaines d’arguments qui prouvent que cet accord ne doit pas être signé par la Tunisie. Nous avons aussi d’autres questions sans réponses de la part du gouvernement qui a suspendu, pour le moment, les négociations mais qui continue à faire la sourde oreille ».

En attendant un débat serein sur l’ALECA, la Tunisie s’apprête à signer un nouvel accord sur les services et les produits agroalimentaires. Après un premier accord signé en 2008 qui permet le libre échange des produits industriels, « le gouvernement refuse de faire le bilan et de déduire les erreurs qui ont conduit à la chute libre de notre industrie nationale » explique Morai. En mars 2016, un groupe d’experts européens du cabinet Ecorys ont réalisé une étude sur l’impact de cet accord sur 37 secteurs de l’économie tunisienne. Selon les experts d’Ecorys 35 secteurs verront la couverture de leurs importations par leurs exportations se détériorer.

Les 10 secteurs les plus importants pèseront sur l’alourdissement des importations globales du pays. Par contre la contribution de 8 des secteurs les plus importants verra leurs exportations diminuer. Le déficit global de la balance commerciale s’en ressentira, immanquablement.