On les surnomme les routards, les bourlingueurs ou les backpackers [routard en anglais]. Pour certains c’est une invitation à l’exploration du globe, d’où le terme globe-trotteur ; pour d’autres, c’est une porte qui mène vers la découverte de soi. Voyager léger et pas cher est une tendance qui s’affirme en Tunisie, d’autant plus que les formules du couchsurfing [formule d’hébergement gratuit chez l’habitant] et du crowdfunding [plateforme de financement participatif par des dons] offrent la possibilité de parcourir le monde à moindre coûts.
Le globe-trotteur est un grand voyageur qui se veut aventurier. Mais contrairement à Indiana Jones, il explore le monde avec peu de moyens ; que ce soit en matière de logement, mobilité, ressources et budget. Contre vents et marées, il s’arme souvent du minimum : un sac de couchage, une tente, des vêtements de rechange, une lampe torche, une boussole et une carte du monde. Certains tiennent également à s’équiper d’un bon matériel pour filmer l’expérience. Après quelques préparations aussi bien physiques que mentales, les explorateurs du globe partent en terre inconnue. Ils entreprennent chacun à sa manière, un long périple.
Ahmed Ferchichi – Tunisian globe-trotter
Depuis tout jeune, mon père m’a initié, j’ai commencé à découvrir ce petit monde magique loin du confort. Ahmed Ferchichi
La passion de Ahmed pour la découverte est née dans les campings des scouts, là où il a appris la discipline, la débrouille et l’amour de la nature. Le petit scout a maintenant 33 ans et a plus de trente villes visitées à son actifs.
Son histoire commence en 2006 lorsqu’il voit une image des grottes du sud de la Tunisie. Dès lors, il décide de partir à la découverte du pays. « Ce qui m’a fait mal, c’est que les étrangers semblent connaitre notre pays plus que nous » confie Ahmed qui devient vite amateur de randonné, d’escalade et de camping. Il tient dès lors un blog où il prône activement une Tunisie verte. Il pratique l’écotourisme, de manière à connaitre le pays et le préserver. Les petits plans en Tunisie « covoiturage, auto stop, louages, etc… » ont sitôt cédé la place aux comparateurs de billets d’avions et aux offres de couchsurfing en ligne. Des horizons encore plus vastes ont attiré le jeune homme. Il se rend ainsi au Sénégal, en Espagne, aux Etats-Unis, au Japon, ou encore en Malaisie.
Ahmed avoue que sa vision sur le monde a beaucoup changé après ces expériences. « j’ai regretté mes dépenses et mon temps perdu dans les cafés de mon quartier ». Il est actuellement manager en marketing digital dans une compagnie de télécommunications, mais continue d’explorer le monde à sa façon. Ahmed est intarissable sur ses aventures.
« Une fois, j’ai passé la nuit dans une gare routière au milieu de nulle part entre le Sénégal et le Mali ! J’étais sans argent. J’ai atterri là-bas un peu par hasard … j’avais auparavant passé des heures sur la route, dans un taxi-brousse [taxi collectif] de 9 places mais nous étions 14 personnes et une chèvre à bord ».
Amira Karaoud – « Wander the world’s wonder »
Ce que j’ai appris en route vaut plus que tout ce que j’ai appris pendant 19 ans d’école. Amira Karaoud
Après un MBA aux Etats-Unis, Amira part en Europe pour une mission de 3 mois « où je découvre que ni le prestige de vivre aux Etats-Unis, ni le travail au sein des grandes banques mondiales, ni leur argent m’intéressent ». En octobre 2012, elle se lance dans une aventure de « 333 jours, 15 pays et 81 300 km par avion, train, bus et bateau ». Ayant mis de côté quelques économies durant ses années de dur labeur, elle part le cœur léger munie d’un sac à dos, une carte du monde et un stylo. Amira reste quelques temps aux îles Fidji, puis en Nouvelle Calédonie où elle prend le temps de s’imprégner de la culture locale, après elle part pour la Nouvelle Zélande aux paysages a couper le souffle, puis en Australie, au Japon, Vietnam, Laos et Malaisie.
Elle fait des rencontres émouvantes en Papouasie-Nouvelle-Guinée. Assoiffée, elle part connaitre d’autres destinations comme le Timor-Oriental, l’Indonésie, Singapour, Thaïlande ou encore le Cambodge. « Le Couchsurfing m’offre la possibilité de parler avec les habitants, vivre chez eux, partager leurs repas » affirme Amira qui a appris à s’adapter en terre inconnue. L’immersion totale dans un monde nouveau est pour elle une expérience vive, une exploration des sens : « manger une autre cuisine, sentir d’autres parfums, essayer de parler une autre langue ». Elle admet qu’elle dépense moins sur la route que chez elle vu qu’il n’y a pas de contraintes de factures ni de loyer à payer. Au bout de son année de voyage, Amira quitte le monde de la finance et s’improvise photographe. Aujourd’hui, elle ne regrette rien. A 38 ans, elle avoue que « c’est la meilleure décision que j’ai prise, et celle qui aura eu le plus d’impact sur ma vie ». Elle n’est pas prête de s’arrêter, elle reprend la route en novembre pour quatre mois, voir plus. Amira anime un site au grès de ses aventures « Voyager c’est lire un livre et écrire un autre ».
Atef Talbi – Hors-piste « wraa el blayek »
J’avais tellement envie de vivre ce que j’ai vécu. Je n’avais plus le choix, je devais absolument partir. Atef Talbi
Le 16 mai 2015, jour de son 32ème anniversaire, Atef prend un allé simple pour Pékin. « Avant de quitter, j’ai vendu tout ce que j’avais ! », mobiliers, objets de valeurs ; il s’est séparé de tout pour partir. « Je choisissais mes destinations en fonction de mes lectures et de mes passions ». En 14 mois, Atef traverse quatre continents à pieds, à vélo, en auto-stop, en bus mais aussi en train, notamment à bord du Transsibérien.
De la Chine en Norvège, de l’Islande aux Etats-Unis, du Brésil à l’Australie ou encore plus loin en Nouvelle-Zélande ; Atef préfère les destinations hors pistes aux sites touristiques. Il avoue que son voyage est avant tout un projet personnel. « Je n’avais surtout pas envie de rentrer dans un jeu où je ferais des choses uniquement pour en parler sur ma page facebook où pour plaire aux gens », explique-t-il.
Atef est ingénieur informaticien, originaire de Menzel Bourguiba installé à Paris. Il s’est laissé emporter par sa passion pour réaliser son rêve d’enfant : « On m’a pris pour un fou » dit-t-il sur un ton amusé. Et pour peu, il a traversé l’Islande à pieds du nord au sud en 22 jours : 550 Km en « loup solitaire », à travers le plus grand désert d’Europe. Durant ce challenge, il a perdu 7 kg en poussant ses limites à l’extrême, il s’est battu contre la faim, le froid et la solitude. Il en revient transformé « Le monde est d’une immensité à peine perceptible pour le petit homme que je suis. » confie-t-il. « Mon bonheur n’a jamais été aussi lié aux choses simples et essentielles, à la nourriture par exemple » raconte-t-il. Atef entend également changer de carrière. Il compte se mettre à l’écriture de récits d’aventures et devenir photographe « adventure photography ».
Bonsoir, j ai aimé votre article mais il manque quand meme la grande voyageuse Sana Setti qui voyage depuis des années et qui est deja passée à la radio nationale vu sa grande experience (trek traveller sur Facebook) et Fatma Guizani de sousse qui a passé un séjour hot norme dans une jungle en Andonesie et merci :)
Bonjour Balkis,
Merci pour ce joli article. Je suis heureux de savoir qu’il y a quelques tunisiens aventuriers. J’en suis un moi-même, j’ai quitté la Tunisie en 2004, et je n’ai jamais rencontré de tunisiens là où j’allais, mais souvent des marocains.
J’ai vécu dans huit pays sur trois continents.
Je me suis installé en Ethiopie depuis peu, pour visiter l’Afrique de l’est, et tenter le Kili.
J’espère que j’aurais l’occasion de rencontrer un de ces globe trotters de mon pays d’origine.
Merci encore pour cet article.
Tres cordialement,
Sélim
Merci pour ton intérêt Sameh !
Vivement dans un prochain article !
Merci beaucoup Sélim pour ton intérêt.
Bon courage pour la suite !
Mes amitiés
et le fameux Arafet Tabba3ni
Hi, I don’t see our friend from Sousse Sami Oueslati Vidal
https://www.facebook.com/thelastsamirai/
Bonjour !
Il y a également “the last samirai” !! lui aussi tunisien et parcourant le monde depuis mars 2016 !!
https://www.facebook.com/thelastsamirai/?hc_ref=NEWSFEED&fref=nf
J’ai peur que ces globtrotters ne soient des tunisiens qui vivent à l’étranger qui ne représentent pas les tunisiens “autochtones” car ils n’ont pas ni les mêmes moyens ni les mêmes aspirations.
Dans tous les cas, je les félicite pour leur courage.
Merci pour votre intérêt Insan.
C’est bel et bien des tunisiens qui représentent différentes catégories sociales.