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Il n’est pas à son première dérapage, pourtant Alaa Chebii continue à bafouer la déontologie journalistique et les principes universelles des droits humains. Alaa Chebbi, accuse son invité et la responsabilise comme si elle a choisi d’être violée. À la fin de l’émission, il félicite le père de ne pas l’avoir tué après avoir découvert sa grossesse illégitime. Il invite le père à protéger sa fille pour qu’elle ne tombe plus dans la débauche.

La jeune fille, 18 ans, vivait avec son père et sa belle mère à Kairouan. Depuis l’age de 14 ans, elle est violée à répétition par trois hommes de sa famille. Les violeurs sont le frère de sa belle-mère, un fonctionnaire de 42 ans et père de 2 enfants, le cousin de sa belle-mère, âgé de 49 ans et père de famille, un autre cousin de 47 ans, agriculteur et père de 5 enfants.

Que fait la Haica ?

Le lendemain de l’émission, une campagne de dénonciation a été lancée sur les réseaux sociaux. Des militants indépendants ont publié une lettre ouverte au délégué de l’enfance à Kairouan lui demandant d’agir pour protéger la victime. l’Association tunisienne des femmes démocrates, le collectif de l’article 42 et le collectif Chaml travaillent, chacun de son coté, sur la possibilité de porter plainte contre la chaîne et son animateur. La HAICA a mis 72 heures pour convoquer Alaa Chebbi sur la base de l’article 30 du décret 116 du 2 novembre 2011. L’avocat de la chaîne a demandé le report de la décision pour qu’il puisse « fournir des pièces justificatives disculpant son client ». En attendant la décision de la HAICA, l’épisode en question a été retiré du site officiel de la chaîne mais continue à circuler sur le compte officiel de l’émission et sur les réseaux sociaux.

Mercredi, 19 octobre 2016, 18h, la HAICA n’a toujours pas pris sa décision. Selon Rachida Ennaifer, juriste, démissionnaire de la HAICA en avril 2015, l’instance aurait du utiliser le deuxième paragraphe de l’article 30 du décret de loi n° 116 qui stipule le caractère grave de l’infraction parce qu’il s’agit d’atteinte à la dignité humaine et aux droits de l’enfant.

En cas d’infraction grave constituant une violation des dispositions de l’article 5 du présent décret-loi pouvant occasionner un grave préjudice difficilement réparable, la HAICA peut décider la suspension immédiate du programme en question, par décision motivée, après avoir invité le contrevenant à comparaître, et lui avoir notifié l’objet de l’infraction.

En cas de grande urgence et une fois informé de l’infraction, le président de la HAICA invite le contrevenant à comparaître au jour et heure fixés par lui, même les jours de congés et les jours de fêtes officielles. Article 30 décret loi n° 116 – 2011.

« Le fait que Alaa Chebbi soit un multirécidiviste est un argument en faveur de la HAICA. Elle aurait pu suspendre définitivement l’émission surtout que l’animateur s’est engagé en 2015 devant le conseil de la Haica à changer le caractère de son émission. C’était à l’époque où il a passé la jeune femme qui a été balafrée par son ex-mari le 13 avril 2015 » explique Rachida Ennaifer qui se demande si la HAICA a assuré le suivi de cet engagement. D’autres questions restent encore suspendues comme celle relative à la signature des cahiers de charges par la chaîne Al Hiwar Ettounsi qui l’obligerait à respecter les droits humains et la déontologie du métier.

Alaa Chebbi n’est pas seul

Même si Alaa Chebbi est devenu le symbole de l’animateur délinquant, il n’est pas le seul responsable des accusations lancées à la fille victime de viols. La chaîne Al Hiwar Attounsi et Cactus Prod, boite de production de l’émission, assument une grande partie de la responsabilité. D’une source proche de Andi Ma Nqolek, les conditions de préparation de l’émission ne peuvent pas garantir le minimum du professionnalisme. La rédactrice en chef, Salma Fehri, sœur de Sami Fehri, gérant de la chaîne et de la boite de production, n’a aucune qualification ni expérience lui permettant de gérer une telle émission.

D’après la même source, la post-production manque d’un chef d’édition qui puisse veiller au respect de la vie privée des victimes comme le nom de la victime qui a échappé à plusieurs reprises des bips de censure durant le dernier épisode. Alaa Chebbi semble être un animateur « têtu » qui ne donne aucune importance aux conseils de ses collaborateurs. « Même avec un rédacteur en chef professionnel, Alaa fera de même. En Tunisie, l’animateur est le patron de l’émission. Il est la star intouchable de la chaîne » nous confie notre source.

Mise à jour

La HAICA a finalement décidé de suspendre l’émission Andi Ma Nqolek pour trois mois. Dans un communiqué publié le mercredi 19 octobre en début de soirée, l’instance de régulation de l’audiovisuel a ordonné le retrait de l’épisode incriminé de tous les supports électroniques de la chaîne. Jeudi, 20 octobre à 12h, le compte officiel de l’émission sur Youtube continue à diffuser l’intégralité de l’épisode en question.