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Depuis le début de la campagne, on entend partout des rumeurs de corruption. Il s’agirait le plus souvent de listes candidates qui proposent de l’argent ou des cadeaux à des électeurs potentiels pour acheter leur vote.

Au cours de reportages sur le terrain, Nawaat a recueilli plusieurs témoignages allant dans ce sens. Par exemple, dans la commune de La Marsa, un habitant nous a confié avoir vu des membres du parti Ennahdha « sonner à la porte des gens pauvres pour leur proposer de l’argent. Eux qui sont dans la misère ne pensent pas aux bénéfices du vote à long terme, ils prennent l’argent car ils en ont besoin ». Quelques rues plus loin, une autre habitante accusait Nidaa Tounes des mêmes pratiques : « Des cadeaux, des couffins circulent », nous assure-t-elle.

Nous avons interrogé les divers observateurs de la campagne à ce sujet : pour l’instant, rien n’est avéré. Tarek Garouichi, coordinateur local de l’observatoire Mourakiboun, expliquait à propos de La Marsa, que les pots-de-vin sont très difficiles à prouver: « Même si je vois un don d’argent ou de cadeau, ils vont me dire que c’est un remboursement personnel qui n’a rien à voir avec la campagne. »

« C’est vrai qu’il y a beaucoup de rumeurs de corruption, et il y a d’ailleurs beaucoup d’infractions aux lois électorales », renchérit Bassem Maatar, vice-président de l’Association Tunisienne pour l’Intégrité et la Démocratie des Élections (ATIDE). Et de confirmer: «Malgré les rumeurs, nous n’avons aucun rapport de corruption pour le moment. Certains le font sûrement mais discrètement, c’est très difficile à détecter». Selon lui, c’est de fait le rôle du citoyen de dénoncer ce genre de pratiques aux instances électorales ou aux associations de la société civile. « Une large partie des infractions signalées concerne la non-déclaration des événements électoraux de la part des listes candidates, précise Bassem Maatar. De sorte que le budget qui y est assorti ne soit pas comptabilisé dans les dépenses de campagne. » Une manoeuvre qui peut aussi permettre de cacher, in fine, des transactions financières douteuses.

Adriana Vidano