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Si les changements climatiques affectent en particulier les petites îles et les zones peu élevées par rapport au niveau de la mer, les experts considèrent l’Afrique du Nord comme un « hotspot » des changements climatiques[1]. Autrement, la Tunisie verra au cours des années à venir un accroissement des extrêmes climatiques (sécheresses, inondations, incendies des forêts), une diminution des précipitations et un accroissement des températures. Cela va sans dire que des crises d’approvisionnement en eau potable et eau d’irrigation se poseront avec grande acuité au cours des années de sécheresse.

La Tunisie et le changement climatique

Rappelons que la Tunisie ne contribue qu’à la hauteur de 0,007% au volume des émissions de gaz à effet de serre (GES) au niveau global (chiffre de 2010[2]). Face aux changements climatiques, la Tunisie mise plus sur l’atténuation (réduction) de ses émissions de GES, plutôt que l’adaptation à ces changements. Parmi les solutions préconisées pour faire face aux changements climatiques, nous pouvons citer le recours progressif aux énergies renouvelables aux dépens des énergies fossiles, le développement des transports en commun aux dépens des voitures privées, la lutte contre toutes les formes de pollution, l’accroissement des superficies boisées…

Les changements climatiques ont des impacts directs sur toutes les activités économiques, et les populations les plus vulnérables à ces changements sont les groupes sociaux les plus vulnérables (vieux, femmes…). Parmi leurs conséquences, on peut signaler les migrations climatiques, la recrudescence de certaines maladies ainsi que l’affectation de la diversité biologique dans le sens où les espèces vivant dans des conditions climatiques étroites risquent de disparaître, pour la simple raison que les changements climatiques sont rapides, et les espèces n’ont pas le temps de s’adapter. Force est de constater que, chez nous, les politiques mises en place vont à l’encontre de toutes ces recommandations, pourtant connues de tous les politiciens en charge de l’environnement en Tunisie. Aucun effort n’a été consenti pour au moins informer nos concitoyens des répercussions des changements climatiques en cours et de la nécessité de s’adapter à ces changements pour atténuer leurs impacts. Tout continue comme si rien ne se passe autour de nous !

Notons qu’une des réponses les plus marquantes face aux changements climatiques est la décision prise par le gouvernement australien de planter plus d’un milliard d’arbres d’ici 2050, suite aux températures excessives vécues par ce pays au cours de l’été 2018.

Les mouvements des jeunes pour le climat

Cette année a vu l’émergence d’un mouvement inédit pour le climat, celui des jeunes. Les nouveaux acteurs sont très jeunes, cristallisés autour d’une figure devenue une icône, celle de Greta Thunberg. Cette jeune suédoise qui s’est distinguée par son discours à la COP24, dernier sommet des Nations unies sur les changements climatiques. Elle a appelé à des « grèves pour le climat », un mouvement qui a été suivi par des jeunes un peu partout autour du monde. Ces jeunes appellent les politiciens à prendre des mesures concrètes à la faveur du climat et des décisions contraignantes pour limiter les émissions des gaz à effet de serre. Ils ont suivi l’appel lancé par Greta Thunberg à une grève mondiale pour le climat, le 15 mars prochain. Cet appel a été soutenu par trois cents scientifiques.

Nous n’avons pas pour le moment décelé l’engagement des jeunes tunisiens (comparativement à leurs homologues dans d’autres pays), mais nous espérons voir émerger un mouvement de jeunes capable d’exercer des pressions sur les politiques afin de prendre des mesures pour faire face aux changements climatiques en cours. Il est très probable que les jeunes tunisiens ne prennent pas part à cette grève mondiale pour le climat. On ne peut pas les blâmer, pour la simple raison qu’ils ont vu leur situation incertaine, notamment lors de la grève administrative lancée par les enseignants du secondaire au cours du trimestre précédent. On peut ajouter à cela que les questions climatiques et environnementales ne sont pas suffisamment enseignées pour susciter un engagement de la part des jeunes.

Notes

[1] Giorgi F. & Lionello P., 2008. Climate change projections for the Mediterranean region. Global Planet. Change, 63: 90-104

Schilling J., Freier K. P., Hertig E. & Scheffran J., 2012. Climate change, vulnerability and adaptation in North Africa with focus on Morocco. Agr. Ecosyst. Environ., 156: 12-26

Waha K., Krummenauer L., Adams S., Aich V., Baarsch F., Coumou D., Fader M., HoffH., Jobbins G., Marcus R., Mengel M., Otto I. M., Perrette M., RochaM., Robinson A. & Schleussner C.-F., 2017. Climate change impacts in the Middle East and Northern Africa (MENA) region and their implications for vulnerable population groups. Reg. Environ. Change, 17: 1623-1638

[2] Abdmouleh M., sous presse. Des catastrophes pour nous, des profits pour eux ! Pour une justice climatique en Tunisie et au Maghreb