Hassen, 27 ans, est originaire du Burkina-Faso. Etudiant, il partage une maison louée à 500 dinars par mois, avec son compatriote à Bab Jazira. Pour subvenir à ses besoins, le jeune homme travaillait le soir. « Avant le début de la crise, j’arrivais à payer ma part du loyer en travaillant la nuit comme agent de sécurité rattaché à une entreprise privée. Mais depuis un moment, il n’y a plus de travail et je n’arrivais plus avec mon colocataire, ni à payer le loyer, ni même d’avoir de quoi manger », se livre-t-il à Nawaat.
Encore plus précaires
La situation de Hassen ressemble à celles de beaucoup de migrants se retrouvant du jour au lendemain sans travail. « Certains n’ont pas été payés le dernier mois donc n’ont même pas une réserve d’argent. Idem pour les femmes de ménages ou les employés dans la restauration. Elles ne travaillent plus. Et certaines ont des enfants à leur charge », nous raconte Mamadou, vice-président de l’Association des Ivoiriens en Tunisie, résident à Dar Fadhal (Soukra). Et de poursuivre : « Ces personnes craignent d’abord d’être expulsées pour non-paiement du loyer et se retrouver dans la rue. Il y a aussi un énorme besoin alimentaire et sanitaire ».
Dans certains groupes Facebook, plusieurs personnes relayent des appels à l’aide lancés au quotidien, notamment pour avoir de la nourriture. Face à cette situation humanitaire, beaucoup de citoyens et d’associations tunisiennes ou représentatives de ces communautés subsahariennes, se sont mobilisées pour venir au secours des plus précaires.
A Dar Fadhal, Mamadou contribue avec des membres de sa communauté à distribuer les aides : « Nous avons cotisé pour payer les loyers de certains. Mais nous avons reçu aussi des dons en nature de la part d’associations de migrants ou tunisiennes. Dans la zone de Dar Fadhal, nous lançons un appel aux résidents du quartier qui sont dans le besoin pour venir chercher les aides. Pour ceux qui sont un peu plus loin, nous les acheminons nous-mêmes », raconte Mamadou. Il préfère ne distribuer que des aides en nature. « On ne peut pas donner de l’argent à tout le monde. Cela ne sera ni adéquat, ni équitable pour tous », précise-t-il.
Solidarité tunisienne
Mamadou est également l’un des relais à Dar Fadhal de l’initiative facebookienne La Tunisie africaine aide les subsahariens en Tunisie qui a été lancée par trois Tunisiens. Fatma Laabidi est l’une des initiatrices de cette mobilisation tendant à venir en aide aux migrants. « On a observé dès le début de la crise que beaucoup de migrants, qui avaient l’habitude de faire des achats dans certaines zones, ont disparu. On a constaté également la détresse de personnes dans nos entourages, d’où l’idée de lancer cet appel à mobilisation. On a commencé par notre zone à l’Ariana avant de lancer des relais un peu partout », explique-t-elle.
Beaucoup de Tunisiens ont répondu présents à cet appel aux dons. « Pour les dons financiers, nous orientons les donneurs pour effectuer des virements au Croissant rouge afin que l’opération se fasse dans la légalité. Pour les dons en nature, nous collaborons avec l’ONG Tunisie Terre d’asile qui ont des données précises sur les personnes dans le besoin. Et ce sont des personnes références dans chaque zone qui chapeautent la distribution des aides », ajoute-t-elle.
Fatma Laabidi met l’accent sur la situation extrêmement précaire des personnes qui travaillaient comme femmes de ménages, dans la restauration ou encore dans le bâtiment. « Beaucoup travaillaient pour des miettes et n’avaient pas de couverture sociale. Ils sont dans une situation irrégulière et doivent payer les pénalités pour le dépassement de leurs cartes de séjour. Cette crise n’a fait qu’aggraver des situations déjà fragiles car ils n’avaient pas la possibilité d’épargner pour tenir pendant le confinement », se désole-t-elle.
A cette précarité, s’ajoute les comportements de certains Tunisiens : « Outre les menaces d’expulsions de leurs maisons, des témoignages nous ont rapportés que certains vendeurs refusaient de leur vendre de la semoule, de l’huile et du sucre subventionnés en prétextant une politique de rationnement. Certes, ces cas restent minoritaires mais non moins scandaleux », dénonce Fatma Laabidi.
D’autres Tunisiens ont fait preuve de solidarité et de compréhension. Fatma Laabidi souligne l’affluence de dons émanant des particuliers mais aussi d’entreprises et de localités. Pour Hassen et son colocataire, ce sont des Tunisiens qui ont cotisé pour payer le loyer. Et c’est la mère du propriétaire de leur maison qui se charge de leur nourriture, raconte-t-il.
Organisations et députés se mobilisent
Pour appuyer cette mobilisation, un groupe d’associations (FTDES, Centre de Tunis pour la migration et l’asile, ASF…) et de députés ont lancé un appel pour renforcer la protection des migrants. « A ce jour, malgré des initiatives de différents acteurs de la société civile, il n’existe en Tunisie aucun plan national pour informer spécifiquement ces communautés et les orienter vers les permanences d’accès aux soins de santé et autres services de prévention, indispensables pour endiguer la pandémie sur l’ensemble du territoire tunisien », lit-on dans leur communiqué.
Les signataires exhortent les autorités tunisiennes à « étudier les alternatives à la détention des réfugiés et des migrants vulnérables à la maladie bloqués dans les centres d’El Ouardia et de Ben Guerden, et ce, eu égard à un risque élevé d’être gravement malade ou de mourir en cas de contamination ». En effet, des migrants en situation irrégulière détenus dans le centre d’accueil et d’orientation d’El Ouardia ont entamé, lundi 6 avril, une grève ouverte pour dénoncer leurs conditions d’enfermement propices à la propagation du Coronavirus.
Dans ce cadre, les signataires appellent à une opération exceptionnelle de régularisation des migrants. « Cette responsabilité répond aux différents appels des organisations tunisiennes de droits humains et aux préoccupations exprimées depuis plusieurs années et à plusieurs reprises par les partenaires sociaux face à la précarité et à l’exploitation des travailleurs irréguliers en Tunisie », soulignent-ils.
Rappelons que les ministres de l’Intérieur, des Affaires Sociales et des droits de l’Homme réunis, le 7 avril, ont annoncé une batterie de mesures concernant les migrants. Tout en invitant les propriétaires de reporter le paiement des loyers des mois d’avril et de mai, ils ont décidé l’arrêt de la comptabilisation des délais légaux de séjour, notamment pour les pays exonérés du visa, à compter du 1er mars et jusqu’à la fin de la crise sanitaire en Tunisie et dans les pays d’origine des résidents. Ils ont également décidé de prolonger la durée des visas jusqu’à la fin de la crise.
Comment aider?matériellement
J’aimerais quitté ici pour la mour de dieu aidez nous svp je suis ivoirien vivant en Tunisie svp
Je vous remercie pour cet éloquent article.
Moi même étant migrant je tenais à apporter mon témoignage.
Je travaillais dans un café juste avant le début du confinement.Deux jour avant le début du confinement ,le 22 mars le gérant m’a demandé de rester à la maison tout en me promettant qu ‘il va me payer mon salaire complet le 5 avril.
J’ai attendu jusqu’au 15 avril aucune nouvelle de sa part. J’ essaie de le joindre au téléphone : il ne répond plus.
Pendant ce temps la nourriture et le minimum vital commence à me manquer. Comme le malheur ne viens jamais seul, arrive l’échéance du loyer que vous comprenez bien que je pouvais pas honoré. A partir de la les choses se sont enchaînés. Le bailleur me fait gentiment savoir que si je peux plus payer je dois quitter le Studio en me faisant comprendre que le mois de cautionnement servirai de dernier mois de loyer.
Pendant ce temps le gérant du café où je travaillais ne répond toujours pas.
Je me suis retrouvé ma femme, ma fille et moi a cherché un logement depuis le 22 avril. On se contente d’un repas par jour.
En attendant des jours meilleurs.
Je tiens à dire merci à la Tunisie tout d’abord en tant que pays hôte pour cette grande population qu’elle reçoit. Je suis une jeune migrantes resté en Tunisie dans l’espoir d’une vie meilleure après un très long périple d’événements que ne pourrais ici étayée brefs. En ce qui concerne la situation ici des migrants je dirais que la faute ne viens pas de la population elle mm car dans tous les cas une population est toujours orienté pas des lois et une politique très claire .nous avons ici tous que les politiques tunisienne se sont penchés sur le cas de migrants qu’à partir de 2016 avec des textes.le problème avec cette communauté C’est qu’elle va toujours en rang disperser vers le gouvernement pour des plaidoyés.L’association des étudiants qui lutte pour le confort de leurs pairs et les migrants économique qui sont eux plus vulnérables vu leurs statuts illégal. En ignorant toute fois que l’étudiant devient par la suis migrants économique et se retrouve la plus part du ds les rangs de la population migrantes économiques. Pour ne pas ici tiré de long en large .mon appel au gouvernement est simplement d’essayer cette méthode. Permettre au migrants de pouvoir tous faire leur carte de séjour temporaire par l’achat d’un timbre au trésor public ou à la recette des finances par une somme exigé pour une clarité puis permettre aux migrants de se rendre au poste de police avec les autres apparaisse qui puisse entré dans le dossier de demande.Et non pas seulement régulariser l’étudiant. En faisant peut-être cela les migrants pourront au moins avoir leurs droits et aussi leurs devoirs. Et nous ne serons pas toujours face à cette situation de vulnérabilité et le nom respect de la vie humaine . Il faudrait savoir que si j’avais à choisir ou vivre définitivement .Je choisirais la Tunisie .car l’on ne choisir pas ou naître mais peut choisir ou vivre. La preuve en est que je suis enceinte je suis retourné en Tunisie pour mon projet qui est suivi par une famille tunisienne et voilà Dieu voulant je suis confiné en Tunisie et je mettrais ici mon bb au monde .si les mots me les permttent c’est la Tunisie qui m’attire. Encore merci à toutes ces associations ,ONG et les particuliers mobilisé et motivés