Le ministre du Tourisme et de l’Artisanat, Mohamed Ali Toumi, prévoit 6 milliards de dinars de pertes pour le secteur cette année. Selon les indicateurs financiers publiés le 18 mai par la Banque centrale de Tunisie (BCT), les recettes touristiques ont été estimées à 1 milliard de dinars, à la date du 10 mai 2020. Cela constitue une baisse de 27% par rapport à la même période de l’année 2019. Aux termes des cinq premiers mois de l’année en cours, les recettes touristiques s’élèvent à 1.3 MD contre 1.63 durant la même période.
La Tunisie « Ready and safe »
Afin de remédier à ces pertes, le chef du gouvernement, Elyes Fakhfakh, a annoncé, dès le 24 mai, la nécessité d’une reprise du secteur dès début juillet. Le ministre du Tourisme a lancé une campagne de promotion de la destination Tunisie avec pour slogan « Ready and safe ». L’initiative est accompagnée de la publication, le 26 mai, d’un protocole sanitaire visant à assurer la protection des touristes. Par ailleurs, Toumi compte sur une campagne auprès des ambassadeurs des différents pays pour promouvoir le tourisme tunisien.
L’argument de la sécurité sanitaire est adoubé à l’échelle internationale. Une publication du magazine américain Forbes a classé, le 31 mai, la Tunisie parmi les destinations les plus prometteuses de l’après Covid-19. Quant à l’Organisation Mondiale du Tourisme (OMT), elle s’est félicitée, le 9 juin, du protocole sanitaire mis en place pour garantir la protection des touristes et du personnel du secteur. L’Algérie figure parmi les marchés les plus convoités par la Tunisie. En 2019, 3 millions sur les 9,4 millions de touristes accueillis dans le pays étaient des Algériens.
L’Algérie déconfinée
En vue de l’ouverture des frontières terrestres, maritimes et aériennes le 27 juin, le ministre du Tourisme s’attend au retour des Algériens « si la situation sanitaire en Algérie le permet », a-t-il affirmé. « Le gouvernement tunisien travaillera après la crise du Covid-19 à faciliter davantage l’entrée des Algériens en Tunisie en mobilisant les ressources nécessaires pour assurer la sécurité sanitaire des touristes Algériens et des Tunisiens », lit-on dans le communiqué qui a suivi la rencontre entre Mohamed Ali Toumi et l’ambassadeur d’Algérie à Tunis, Azouz Baâlal, le 12 mai.
Rappelons que l’Algérie a été durement touchée par la pandémie du coronavirus avec plus de 10 milles personnes contaminées et plus de 700 décès. Le gouvernement algérien a prévu un plan de déconfinement progressif à partir du 7 juin, entamé par la reprise de certains secteurs. Un déconfinement que Jabeur Ben Attouch, président de la Fédération tunisienne des agences de voyages (FTAV), espère total dès début juillet : « On compte beaucoup sur la reprise du marché algérien qui coïncide généralement avec début juillet », a-t-il déclaré à Nawaat.
Urgence sectorielle
Avec des pertes estimées à 300 millions de dinars et un plan de redressement de 50 millions de dinars, les agences de voyages sont à l’arrêt depuis fin février. « Notre situation est explosive. Alors on espère une reprise le plus rapidement possible surtout qu’on a des agences de voyages spécialisées dans le marché algérien », a-t-il ajouté, en insistant sur la nécessité de se montrer compréhensif du côté algérien comme du côté tunisien sur la nécessité de respecter le protocole sanitaire.
Concernés par un plan de sauvetage sous forme d’une ligne de crédit de 500 millions de dinars, les établissements hôteliers, touchés également par le coronavirus, espèrent aussi une reprise dès le mois de juillet. « L’impact du covid-19 sur le secteur est à relativiser au regard des craintes initiales lors du début de la crise. Aujourd’hui, on a pu dépasser la crise avec le moins de pertes humaine, d’autant plus que la Tunisie n’est pas l’unique concernée », a affirmé à Nawaat, le président de Fédération Tunisienne de l’Hôtellerie, Khaled Fakhfakh. « Les Algériens représentent trois millions de nuitées. Avec cette crise on espère atteindre 10 à 15% des chiffres de l’année dernière en travaillant sur 50% de leur capacité d’accueil conformément au protocole sanitaire émis par le gouvernement », estime-t-il.
Pour la Fédération Tunisienne de l’Hôtellerie comme pour la Fédération tunisienne des agences de voyages, la reprise du marché touristique, notamment du marché algérien dépendra des mesures prises pour faciliter l’entrée des Algériens sur notre territoire national. « On ne peut compter sur le seul marché local qui ne représente que 20% de nos recettes. Il faut miser sur le marché international. Pour cela, on ne peut rien prédire. On est encore dans une phase d’attentisme », a conclu Khaled Fakhfakh.
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