La date du lancement de la campagne de vaccination en Tunisie n’a cessé de changer au fur et à mesure des déclarations contradictoires des autorités. Au mois d’août, il était même question d’un vaccin contre le Covid-19 produit localement. Hechmi Louzir, directeur de l’Institut Pasteur de Tunis, a ainsi annoncé, le 19 août 2020, que la Tunisie est en train de s’atteler à la fabrication d’un vaccin contre le coronavirus. Ce vaccin n’a jamais vu le jour. Le directeur de l’Institut Pasteur a finalement indiqué, début décembre 2020, que la Tunisie ne produira pas de vaccin.

Qu’en est-il des vaccins élaborés dans d’autres pays ? Leur réception piétine puisque les dates de leur livraison évoluent constamment. Pourtant, le ministre de la Santé, Faouzi Mehdi, a bien assuré, en octobre 2020, que la Tunisie sera parmi les trois premiers pays à obtenir le vaccin,et ce, dès décembre 2020. Mehdi se rétractera le 10 novembre 2020, et prédira un début de vaccination à partir des mois de mai ou juin 2021. Le 25 novembre 2020, le ministre de la Santé évoque une autre date d’obtention du vaccin, en l’occurrence, entre avril sinon au plus tard en mai 2021. Pourtant, Chokri Hammouda, directeur de l’Instance nationale de l’évaluation et de l’accréditation en santé, a affirmé le 2 décembre 2020, que la Tunisie aura le vaccin avant la fin du second trimestre de 2021. Des propos aussitôt contredits par ceux de Hechmi Louzir, le 15 décembre 2020, lorsqu’il a affirmé que la Tunisie devrait recevoir le premier lot de vaccin au deuxième trimestre 2021.

De son côté, le premier ministre Hichem Mechichi, a fait savoir, le 30 décembre 2020, que la vaccination débutera au début de l’année 2021. Dans une interview accordée au journal Al Charaâ Al Magharibi le 5 janvier 2021, le chef du gouvernement a avancé que la Tunisie pourrait bien recevoir les premiers lots du vaccin anti-Covid 19 avant février 2021. Deux jours plus tard, le 7 janvier, la porte-parole du ministère de la Santé, Nissaf Ben Alya, a déclaré que la vaccination des Tunisiens commencera au début du deuxième trimestre 2021. Lors d’une conférence de presse tenue le 12 janvier 2021, le ministre de la Santé a avancé pour sa part que le vaccin ne sera pas disponible avant le mois de février 2021. Un flou total règne ainsi toujours sur la date de réception des vaccins anti-Covid et le démarrage de la campagne de vaccination.

Interrogé par Nawaat, le président du comité chargé du pilotage de la vaccination anti-Covid, Hechmi Louzir, a fait savoir « qu’il n’y a aucune date précise concernant la réception du vaccin et le commencement de la vaccination parce qu’on n’a pas la date exacte de la livraison du vaccin ou de sa disponibilité en Tunisie». Et d’ajouter :

On a, en revanche, des indications. Dans le cadre du mécanisme Covax [mécanisme instauré par l’OMS et l’Alliance pour les vaccins (Gavi) pour distribuer des vaccins anti-Covid aux pays défavorisés], la Tunisie aura des vaccins début avril. Les deux millions de doses commandées auprès du laboratoire Pfizer seront disponibles au plus tard au deuxième trimestre 2021. Pour l’acquisition du vaccin anti-Covid baptisé “Sputnik V”, développé par l’institut de recherche Gamaleya, on vient de convenir avec les Russes, d’une obtention de ce vaccin une semaine après son autorisation en Tunisie. Dans ce cadre, ils ont entamé les démarches pour cette autorisation. Et on pourrait avoir une livraison de ce vaccin en février 2021. Sinon, nous sommes en train d’étudier d’autres opportunités.

Alors que de nombreux pays dans le monde sont dans une phase avancée de vaccination, la Tunisie attend encore de recevoir le vaccin. Hechmi Louzir justifie: «On ne peut pas se comparer à des pays, tels que les Etats-Unis qui a financé des laboratoires pharmaceutiques avec des milliards pour la recherche sur le vaccin ! », s’exclame-t-il. Pourtant certains autres pays, pas aussi prospères que les Etats-Unis, ont pu entamer la vaccination. D’après le directeur de l’Institut Pasteur de Tunis, parmi ces pays, certains « ont commandé les vaccins sans attendre les résultats de leur efficacité ». Et de poursuivre : « Nous suivons ce qui se fait à l’échelle de l’OMS. Il faut savoir que même l’initiative Covax de l’OMS a pris du temps pour la distribution des vaccins à cause des procédures de leur autorisation liées notamment à la vérification de leur efficience et de leur sécurité ».