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La Conférence des Parties (COP) sur les changements climatiques a lieu tous les ans. Elle réunit les pays signataires de la Convention des Nations Unies sur les Changements Climatiques (CNUCC). Ces pays regroupent aussi bien les pays émetteurs des gaz à effet de serre que ceux qui souffrent des impacts des changements climatiques. Il y a lieu de rappeler que les changements climatiques, causés par l’augmentation de la concentration des gaz à effet de serre dans l’atmosphère, peuvent se manifester loin des sites d’émission. Simplement parce que ces gaz sont transportés par les courants atmosphériques.

Pour ce qui est de la COP, sont également présentes les grandes entreprises (multinationales) responsables des grands dérèglements climatiques observés, notamment les entreprises du secteur pétro-gazier. Ces dernières sont soutenues par les grands Etats (dits développés) pollueurs de la planète, ainsi que par les pays producteurs de pétrole et de gaz.

Incendie de forêt, Ain Draham, 2017

Globalement, quelles que soient les raisons, ou qualificatifs utilisés, les pays affectés par les changements climatiques exigent des fonds des pays développés pour atténuer les impacts de ces bouleversements. Alors même que les pays riches tentent de payer le moins possible.

Les ONG qui prennent part aux COPs tentent de peser pour réduire les émissions des gaz à effet de serre, notamment par les pays développés. Elles sont nombreuses à lutter pour un monde sans énergie fossiles (pas d’extraction de pétrole, de gaz, de charbon et de mines). Tandis que d’autres revendiquent l’adoption d’alternatives aux énergies fossiles (recours aux énergies renouvelables, solaire, éolienne, des vagues…). Certains défendent le recours à des systèmes de production alternatifs (agroécologie, agroforesterie, agriculture de conservation…). L’appel au refroidissement de la planète passerait par la conservation des forêts tropicales en particulier, le renforcement des superficies boisées, la lutte contre l’extension des cultures industrielles (comme le colza ou les palmiers plantés pour l’extraction de l’huile de palme…).

La guerre en Ukraine a eu des conséquences sur le secteur énergétique et les choix adoptés par les pays européens. L’Allemagne par exemple, qui a annoncé la sortie du charbon en 2030, a révisé ses projections, par la remise en activité des centrales de charbon, pourtant connues pour être une des causes de la libération de gaz à effet de serre dans l’atmosphère. Dans leur quête d’indépendance à l’égard du gaz russe, les autres pays européens se sont tournés vers des industries desquelles ils s’étaient dégagés il y a quelques années, notamment le nucléaire ou le charbon…

 

Espoirs déçus

 

Les COPs ont suscité beaucoup d’espoirs chez ceux qui suivent leur évolution et les attentes des pays les plus affectés par les changements climatiques. Cependant, peu de progrès ont été enregistrés depuis l’adoption de la CNUCC. Le protocole de Kyoto par exemple, signé dans cette ville du Japon en 1997, à la COP 3, visait à réduire, entre 2008 et 2012, d’au moins 5 % par rapport au niveau de 1990 les émissions de six gaz à effet de serre : dioxyde de carbone (CO2), méthane (CH4), protoxyde d’azote (N2O) et trois groupes de gaz fluorés à l’effet de serre particulièrement important [hydrofluorocarbones (HFC), composés perfluorés (PFC) et hexafluorure de soufre (SF6)]. Une des conséquences de ce protocole est le « marché carbone » qui permet aux pays les moins polluants de vendre un « droit de pollution » aux pays ou entreprises émetteurs de gaz à effet de serre !

Jendouba. Aout, 2021. Crédit : Tarek Labidi

Finalement, après son échec, et surtout après le retrait du Canada et des Etats-Unis, le protocole de Kyoto a été remplacé en 2015 lors de la COP21 par l’Accord de Paris. Objectif affiché : limiter le réchauffement de la planète à un niveau inférieur à 2°C, avec un objectif de 1,5°C si possible par rapport au niveau préindustriel de 1750.

Force est de constater, avec l’évolution du monde, que nous avons déjà dépassé les limites de l’accord de Paris, et que les émissions de gaz à effet de serre continuent d’augmenter. En attendant, on ne compte plus les phénomènes provoqués ou exacerbés par les changements climatiques de par le monde. On relèvera à titre d’exemple :

  • Les feux de forêts en Australie qui ont eu lieu en 2019-2020 et qui ont détruit 20 millions d’hectares de végétation et provoqué la mort de milliers d’animaux,
  • Les incendies qui ont touché le sud de l’Europe, détruisant des centaines de milliers d’hectares de forêts ainsi que les infrastructures dans les zones affectées par les feux,
  • Les inondations de l’été 2022 au Pakistan, qui ont affecté des millions de personnes,
  • Les inondations au Tchad qui ont lieu actuellement, ont détruit des habitations humaines, des champs de cultures, du bétail et causé la perte de vies humaines,
  • Les sécheresses prolongées qui touchent l’Afrique du Nord ou d’autres régions autour de la Méditerranée,
  • L’immersion de zones littorales basses qui touchent particulièrement les estuaires (Asie) ou certaines îles du Pacifique (l’archipel du Vanuatu par exemple),
  • La crise de la biodiversité qui affecte un grand nombre d’espèces. Sont particulièrement touchés les Amphibiens et les espèces ayant besoin de froid pour se maintenir.

Or la COP 27 sera une nouvelle occasion pour des négociations interminables sur le climat et son évolution. Le plus frappant, c’est que la croissance économique reste considérée comme la seule option possible pour les pays développés, sans aucune remise en cause des conséquences de ce choix sur la planète. Le problème ? Cette option a des impacts très négatifs sur des populations entières, mais situées hors  des pays actuellement dominants.

Et la nouvelle donne, c’est que le bouleversement climatique impacte également le phénomène de la migration. En effet, les sécheresses prolongées et les difficultés auxquelles font face des millions de personnes dans plus d’une région du monde, notamment en Afrique subsaharienne, les poussent à migrer. Les pays d’Afrique du Nord enregistrent des arrivées de plus en plus importantes de migrants voulant atteindre l’Europe. Les barrières mises en place pour freiner ces mouvements contraignent certains d’entre eux à envisager de rester dans notre région. Face à cette situation, il n’y a pas de stratégie claire des Etats de la région pour gérer ces flux migratoires. Bref, c’est une situation qui se complique avec le temps, et la répression que subissent parfois les migrants ne résout en rien la question.

Reste à espérer que la COP soit une occasion pour mieux appréhender les enjeux liés aux changements climatiques et les meilleures stratégies à mettre en place pour les gérer. Il est encore temps de réviser nos stratégies, surtout celles relatives à la gestion des ressources en eau. Il est nécessaire de les orienter vers la satisfaction de nos besoins fondamentaux en eau potable et en alimentation. Continuer sur les mêmes voies ne nous mènera que droit au mur.

Quant à la COP 27, elle ne sera qu’une occasion supplémentaire mettant en évidence le déni des puissants face aux urgences auxquelles notre planète fait face.