L’information s’est transformée en publicité et le message politique en propagande. Pour arriver à une telle conversion, il était nécessaire de transformer l’information en désinformation, c’est-à-dire faire de la sorte que la connaissance, la prise de conscience et la transmission de l’évènement réel deviennent pratiquement impossibles avec des données disponibles qui se réfèrent à une autre réalité issue de la pure falsification. Désinformer ou intoxiquer n’est pas seulement mal informer ou manipuler l’information, c’est imposer une information déterminée qui rend impossible qu’il y ait une autre information avec un contenu différent. Autrement dit s’adonner à de potentielles campagnes de Marketing médiatiques. C’est ainsi qu’agit l’administration américaine vis-à-vis de tous les évènements et du monde entier. Et ce qui est valable avec l’information l’est aussi de toutes les composantes de la politique américaine y compris la démocratie, le tout dernier slogan de la Maison Blanche. Les accumulations des mensonges et des falsifications conduisent inévitablement, et, purement et simplement à l’agression violente. Et plus l’agressé est faible et sans moyens de défense, mieux est la mise en scène de la guerre théâtrale ou de l’exhibition de puissance, puisque le risque est zéro ou presque. Depuis longtemps les américains considèrent la guerre comme une continuation de la non politique ou de l’absence de politique par d’autres moyens. C’est dans ce cadre que se déroule l’invasion américaine du monde arabe et musulman en cours. L’invasion carrément militaire et l’invasion par l’intimidation et la menace dans le seul but du pillage.
Les livres et les articles qui se publient ces derniers temps à ce sujet, celui de l’information ou la désinformation et de la non-politique ou absence de politique américaine, sont rares ceux qui n’évoquent pas le mensonge et la falsification tous azimuts à laquelle s’est adonnée l’administration américaine surtout depuis l’arrivée – ou même avant son arrivée, car le monde entier a pu suivre le ridicule du compte et recompte des bulletins de vote en 2000 – de monsieur Bush à la Maison Blanche et la suite donnée par le Tribunal Suprême de ce pays, celui qui l’a investi comme président presque par décret.
Si le « Pentagone » et ses stratèges s’occupent de la planification et de l’exécution des opérations militaires envahissant les pays, semant la mort et la destruction, le département du Marketing médiatiques – dans lequel outre les organes anciens et nouveaux qui dépendent directement de la Maison Blanche y collaborent pratiquement la totalité des médias américains et occidentaux – le FMI et la BM ne demeurent pas en reste et causent des dégâts aussi effroyables que considérables dans les populations, autant que les bombes et les missiles ou même plus. Mais en silence.
A propos du FMI – la succession à sa tête, puisque l’allemand Horst Köhler qui le dirige en ce moment sera appelé à partir de l’année prochaine pour d’autres fonctions dans son pays, il y a toute une bataille autour de deux candidats l’un français et l’autre espagnol – le directeur de la revue Foreign Policy, Moisés Naim écrit sur cette question entre autres : « Une fois le nouveau directeur entre en fonction, nous saurons seulement une chose ; c’est qu’il a été choisi à travers le processus le plus discriminatoire (ou le processus le plus dictatorial) contre la majorité des humains de la terre et que les décisions qu’il va prendre durant une décade affecteront le monde entier ».
Et on sait de quelle manière ces décisions affectent les pays du tiers-monde et particulièrement les pays arabes et musulmans. Et un peu plus loin il ajoute : « La manière dont sont désignés ces messieurs à la tête de ces deux institutions constitue une honte et une insulte au reste du monde ». Sans commentaire !
Ces deux instruments desquels on parle peu, en ces temps de massacres en Palestine, en Irak et dans le reste des pays arabes et musulmans et qui font un mal considérable sont toujours dirigés, le premier par un européen agréé par l’administration américaine, et, le deuxième carrément et toujours par un américain.
Une autre analyse faite par le professeur d’économie et directeur de Earth Institute de l’Université de Columbia (USA) Jeffrey D. Sachs révèle à quel point l’administration américaine tranche de la manière la plus dictatoriale et arbitraire au sujet de ces deux institutions dites internationales et écrit sous le titre : LA DETTE COLOSSALE EXTERIEURE AMERICAINE :
« Il y a un an les Etats-Unis d’Amérique ont voulu intimider le monde pour les appuyer dans une guerre non déclarée, affirmant que celui qui ne croit pas en l’existence des armes de destructions massives irakiennes, est soit un imbécile, soit un complice des terroristes. A présent nous savons que le Gouvernement des Etats-Unis et ses très peu nombreux alliés étaient soit des ingénus, soit des menteurs. Mais le comportement grossier de Bush se maintient encore » et d’ajouter « les banques asiatiques détiennent des bons du trésor américain qui se chiffrent à des milliards de dollars US. Le Japon a lui seul, en détient pour l’équivalent de 750 milliards en bons de trésors à court terme. La Chine, Hong Kong, les Indes, La Corée du Sud, Singapour et Taiwan détiennent ensemble pour plus d’un billion de dollars. C’est grâce aux banques asiatiques que le cours du dollar américain n’a pas encore plongé dans une chute vertigineuse ». Ceci sans parler de sa parité avec l’Euro, car en moins de deux ans il a perdu plus de 20% de sa valeur et l’effondrement continue.
Les dettes américaines ne s’arrêtent pas là, il y a aussi partout en Europe et dans le reste du monde de bons de trésor américains qui se chiffrent par billions de dollars.
Voilà de quel côté se trouvent les soucis ou les intérêts de l’administration américaine et non pas dans la recherche du bien être de la femme arabe ou musulmane ou de l’implantation de la démocratie dans la même société. Evidemment la révolte plausible et possible – contrairement à ce que d’aucuns pensent – des peuples arabes et musulmans n’arrangerait en rien LE DECLIN AMERICAIN comme a titré son article le professeur J.D. Sachs. Il est bien vrai aussi que l’Egypte et l’Arabie Saoudite constituent deux pièces importantes, mais chacun pour une raison bien différente. L’Egypte pour son poids démographique et son influence politique et l’Arabie Saoudite pour les immenses réserves pétrolières, mais aussi pour la question spirituelle liée aux lieux saints de la Mecque et de Médine.
Certains ont tendance à comparer la présence militaire américaine aujourd’hui en Irak ou en Afghanistan à celle en Allemagne et au Japon entre autres, et probablement sous autres formes dans d’autres régions arabes et musulmanes. Hors les deux premiers pays qui avaient été militairement fortement industrialisés à l’époque, étaient entrés en guerre contre les américains et les autres et ont subi la défaite. Il se peut que dans ces deux pays particulièrement s’est finalement instaurée la « culture du vaincu » qui acceptent cette présence militaire aussi indéfinie dans le temps – même si au fond les bases américaines dans ces pays se trouvent beaucoup plus assiégées qu’assiégeantes, vu les forces économiques considérables de ces deux pays. Pour ce qui nous concerne aucun pays arabe ne se trouve réellement, ni de loin, ni industrialisé et encore beaucoup moins militairement et ni en guerre ni en position d’entrer dans un conflit quelconque. Même la fameuse guerre entre l’Irak et l’Iran qui a duré huit ans était une guerre occidentale et particulièrement américaine par procuration contre l’Iran à l’époque de l’Ayatollah Khomeiny. Par conséquent ce qui se passe avec la présence militaire américaine en Irak ou ailleurs dans le monde arabe et musulman, est une présence cyniquement coloniale et ne peut être ni acceptée ni tolérée, ni même à courte durée. Tout au plus ça sera un nouveau Vietnam ou plutôt une continuation de la guerre du Vietnam, mais pour des raisons de grandes complexités d’ordre politique et économique dans grandes dimensions que l’on suppose, une telle guerre ne pourrait durer autant d’années (La guerre du Vietnam 1961-1975), à moins que les américains se lancent dans une guerre totale contre le reste du monde. Vu leur situation économique – comme évoquée plus haut – le déclin de la « superpuissance » américaine a les jours bien comptés et comme l’écrit dans son livre Emmanuel Todd « APRES L’EMPIRE », elle finira par se réduire à un pays comme tous les autres dans ses frontières de l’autre côté de l’Atlantique. A moins que Bush soit réélu pour un nouveau mandat et s’inspirant d’Hitler entraîne le monde dans une catastrophe de conséquences – sans le moindre doute – imprévisibles.
Enfin de compte l’invasion américaine – sous toutes ses formes – n’est pas la défaite. Et c’est bien sous cet angle que se lit et s’analyse la dramatique situation du monde arabe et musulman.
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