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Mercredi matin à Tunis avait lieu une conférence de presse de l’ONG Human Rights Watch à l’occasion de la publication de son rapport mondial 2013. Un an après l’élection de l’ANC Human Rights Watch dresse un tableau assez sombre de la situation en Tunisie. Et l’assassinat politique le même jour de Chokri Belaid ne faisait que confirmer l’impression générale.

En présentant son rapport l’ONG expliquait être inquiète quant à « la lenteur des réformes des forces de sécurité et de la justice, l’absence d’enquêtes et de poursuites suite aux agressions physiques commises par des individus faisant apparemment partie de groupes violents ainsi que les poursuites engagées contre les délits d’expressions pacifiques ».

HRW est une ONG qui défend les droits humains. Dans son rapport elle évalue l’évolution de ceux-ci. Pour elle le texte de la Constitution en cours d’élaboration protège des droits élémentaires et des libertés fondamentales, mais comporte aussi des dispositions menaçants les droits des femmes et la liberté d’expression et de pensée.

Le résumé du rapport met en exergue deux points positifs comme le fait que le gouvernement ait pris des mesures pour que des comptes soient rendus quant aux crimes du passé ou encore que différents acteurs internationaux apportent leur soutien au pays. Mais le résumé note aussi que la réforme de la justice se fait attendre, que la liberté de la presse et la liberté d’expression ne sont toujours pas garanties, qu’il pourrait y avoir atteinte aux droits de la femme, que les questions d’orientation sexuelle et identité des genres posent problème, qu’il y a des manquements concernant le devoir d’enquêter et de mener des poursuites dans le cadre d’attaques commises par des groupes extrémistes et que les exactions contre les manifestants continuent.

Et un simple tour d’horizon de l’actualité permet d’expliquer ce point de vue.

Lenteur de la réforme de la justice

Le ministre de la Justice Nourredine Bhiri expliquait il y a peu dans les médias que la réforme était difficile à mettre en place eu niveau de la justice. Et jusqu’à présent lui même n’a pas semblé oeuvrer dans ce sens : limogeant et mutant sans ménage des juges.

Absence d’enquêtes et de poursuites suites à des agressions physiques

L’assassinat politique de Chokri Belaid a été un choc pour une grande partie de la population. Et il semble que pour la première fois les autorités publiques prennent l’affaire au sérieux.
Avant cet événement le décès de Lotfi Naguedh, président de l’Union régionale des agriculteurs  de Tataouine et coordinateur provisoire de Nidaa Tounes à Tataouine le 18 octobre 2012 à Tataouine lors d’affrontements entre partisans de deux partis politiques n’avait pas eu l’air de réellement d’inquiéter les autorités.

Les affrontements devant le local de l’UGTT en décembre dernier ont donné lieu à la mise en place d’une commission, qui, comme celle mise en place après les dérapages policiers du 9 avril n’a pas l’air de vraiment fait son travail.

Dans le même ordre d’idée les agressions contre les journalistes n’ont jamais été punies.

Des poursuites engagées contre les délits d’expression pacifiques

Les agresseurs des journalistes courent toujours et rien n’est fait pour protéger la liberté d’expression et la liberté de la presse. Les deux décrets-lois concernant les médias n’ont toujours pas été mis en application plus d’un an après leur vote. Récemment encore des journalistes et des citoyens ont eu affaire à la justice. Ainsi Olfa Riahi se retrouvait interdite de voyage après avoir révélé une affaire d’abus de biens publics de la part du ministre des Affaires étrangères.

Version abrégée en français du rapport ici.