Sept semaines avant le lancement solennel à Paris, les 13 et 14 juillet, de l’Union pour la Méditerranée (UPM), la Commission européenne, qui avait été chargée, lors du sommet européen des 13 et 14 mars, de réfléchir à ses modalités de fonctionnement, met en doute la possibilité pour le chef de l’Etat français d’en assurer la coprésidence pour un premier mandat de deux ans. Très critique à l’égard de la politique méditerranéenne de l’UE, Nicolas Sarkozy, qui a dû renoncer sous la pression de ses partenaires, notamment de l’Allemagne, à une grande partie de ses ambitions, souhaitait occuper ce mandat pendant le lancement de l’UPM, si possible avec le chef de l’Etat égyptien, Hosni Moubarak.

Les propositions de la Commission, qui doivent faire l’objet d’une communication mardi 20 mai à Bruxelles, réaffirment la prééminence des institutions européennes sur la politique euroméditerranéenne – processus de Barcelone -, au sein de laquelle l’Union pour la Méditerranée a été intégrée.

Dans sa communication, la Commission rappelle que la représentation extérieure de l’UE sera, dès l’entrée en vigueur le 1er janvier 2009 du traité de Lisbonne, du ressort du président du conseil européen, de celui de la Commission et du haut représentant pour les affaires étrangères. La France ne pourrait donc copiloter l’UPM que pendant sa présidence de l’UE, au second semestre 2008.

Bruxelles milite aussi pour un secrétariat de l’UPM le plus modeste possible, qui ne lui ferait pas d’ombre dans la conduite du processus de Barcelone. Elle bénéficie à ce sujet du soutien des pays du nord de l’Europe, qui, comme l’Allemagne, souhaitent une structure légère, d’une vingtaine de personnes. Au contraire, Paris plaide pour donner à cette entité un mandat élargi, afin qu’elle soit capable de piloter les projets, tout en assurant leur financement sur fonds privés si nécessaire.

QUATRE GRANDS DOMAINES D’ACTION

Pour concilier les deux approches, la Commission propose dans sa communication de créer un “comité permanent euroméditerranéen” composé des représentants à Bruxelles des Etats membres de l’UPM. Cette instance supervisera le travail du secrétariat, qui sera chargé de la conception et de la réalisation des projets. La localisation de ce dernier devra être décidée “par consensus”, précise-t-on à Bruxelles, alors que les Français ont déjà indiqué que Tunis pourrait l’accueillir.

Quatre grands domaines d’action devraient être privilégiés par la Commission, sur la douzaine envisagée par Paris : la dépollution de la Méditerranée, la protection civile, les transports et l’énergie solaire. Mais Bruxelles se garde de régler le problème du financement : “Le fait de savoir si les fonds communautaires peuvent être impliqués est une question qui ne peut trouver réponse à ce stade.” A en croire les diplomates européens, les partenaires méditerranéens ont indiqué qu'”ils ne souhaitent pas voir renforcer les investissements multilatéraux au détriment des budgets bilatéraux” qui leur sont alloués dans le cadre de la politique de voisinage.

Philippe Ricard

Source : Le Monde.fr