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Les congrès se suivent et se ressemblent à Tunis. Aligner chaises et VIP à la tribune du Palais des congrès ou encore à l’UTICA suffit-il à régler les grands débats de société ? Quand bien même elles promettent des comités de suivi, ces réunions pleines de bonnes volontés commencent à lasser.

18 et 19 juin : le « congrès violent » de lutte contre la violence

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Le côté grande pompe et solennités du Dialogue national n’a donc pas empêché, sur la forme, une reproduction quasiment à l’identique à l’occasion du congrès national contre la violence. Les heurts qui ont cette fois émaillé la « rencontre des extrêmes » ont de quoi mettre en veille pour longtemps ce type de réunions arbitrées par l’UGTT.

Peut-on reconstruire sur une plaie encore béante ? Encore à cran, les militants de la gauche radicale n’ont pas décliné l’invitation, mais à la vue d’Adel Almi, leurs slogans et leur volonté d’exclure le prédicateur fondamentaliste sont l’expression du deuil inachevé de Chokri Belaïd, figure du « présent absent ».

Les organisateurs, dont les principales ONG universalistes, annoncent « un succès ». Le seul bénéfice tangible se résume cependant au communiqué final, un texte repère pour ses signataires : l’ensemble des partis politiques participants, y compris ceux ayant boycotté le congrès durant quelques heures.

L’absence de deux des trois présidences est quant à elle venue rappeler une idée terrible pour les palais de Carthage et de la Kasbah : même en terrain ami, le syndicat des patrons, la présence d’Ennahdha et du CPR devient de plus en plus compliquée à assurer sans incidents potentiellement humiliants.

Une fête gâchée de la musique

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Le 21 juin avait cette année des airs de mini 14 janvier. Tout au long de la semaine, Me Ghazi Mrabet, avocat de Weld el 15, distille des fuites sur des vices de procédure qui sont légion dans un procès déjà scandaleux.

La colère qui ne retombe pas depuis la condamnation du rappeur lassait présager d’une mobilisation ne serait-ce que symbolique pour la fête de la musique, Avenue Habib Bourguiba.

Au rendez-vous, avec banderole géante à la clé, les partisans et amis proches d’Alaa Yaacoubi ont rapidement et gratuitement été malmenés par une police qui charge et matraque une petite foule pacifiste sans crier gare. Les plus sonores sont embarqués pour être relâchés dans la soirée.

La dimension politique du procès impose à la mouvance rap – hip hop, plutôt apolitique, de s’emparer du fait politique à sa façon, comme l’illustre la surenchère de productions rap de solidarité avec Weld el 15, encore moins tendres que Yaacoubi avec la police.

Les enjeux de la jurisprudence Weld el 15 sont également considérables pour ce corps de métier : l’affaire intervient en effet à un moment où la police nationale tente de redorer son blason souvent par la manière forte, en tentant de réaffirmer son autorité via les bonnes vieilles méthodes d’antan.

Du nouveau dans le « Sebsi gate »

Au terme d’une semaine de relatif blackout médiatique, l’affaire Chiboub – Essebsi revient sur le devant de la scène.

Darren Abderrahim Stevenson, le directeur exécutif canadien de Voyageur Oil and Gas, entreprise de forage qui s’estime lésée par l’équivalent d’une OPA hostile, est invité dans un talk-show d’Ettounsiya TV où il accrédite les éléments révélés par Nawaat ainsi que le rôle presque intact de Slim Chiboub au sein de Voyageur, malgré son exil forcé.

Le CEO est par ailleurs formel quant au fait que les documents présentés aux médias par l’ex Premier ministre Béji Caïd Essebsi (concernant une vingtaine de millions de dollars au profit de l’Etat déposés dans une banque tunisienne) ne correspondent pas au montant bien plus élevé des actions cédées par Chiboub, mais plutôt à la valeur de la licence d’exploitation elle aussi vendue.

Les déclarations de Stevenson sont accablantes pour le tandem Slaheddine Essebsi – Slim Chiboub, qu’il accuse d’avoir agi de concert jusqu’à la transaction finale en cause. Affaire à suivre.