22 septembre 2013,
Aux alentours de 4 heures dans la nuit de vendredi a samedi 21 septembre 2013, Nejib Abidi, Yahya Dridi, Abdallah Yahya, Slim Abida, Mahmoud Ayed, Skander Ben Abid, accompagnés de deux amies artistes et étudiantes engagées et activistes ont été arrêtés au domicile de Nejib Abidi situé dans le quartier Lafayette à Tunis. Nous n’avons réussi à obtenir que très peu d’informations. Nous savons qu’ils ont été d’abord conduits au commissariat de Bab Bhar à Tunis dans lequel ils sont restés environ douze heures et où ils ont été vus pour la dernière fois par une amie. A l’heure actuelle, nous ignorons tout du lieu où ils ont été conduits et de leur état de santé. Aucune raison officielle justifiant leur arrestation et leur détention n’a été communiquée.
NEJIB ABIDI, 29 ans, est cinéaste et président d’Asso Chaabi, ancien syndicaliste à l’UGET. Il est connu pour ses positions opposantes radicales au gouvernement de Ben Ali et a ceux qui lui ont succédé depuis le 14 janvier 2011. La veille de son arrestation, un des deux disques durs, contenant les rushs de son documentaire en préparation, a été volé à son domicile, les données d’un autre disque dur ont été effacées définitivement après formatage. Nejib est apparu publiquement pour la dernière fois lors des rassemblements de soutien à Jabeur Mejri et à Nasreddine Shili. Ce dernier est le producteur de son film.
YAHYA DRIDI, 26 ans est ingénieur du son et secrétaire général d’Asso Chaabi. Il travaille depuis longtemps avec Nejib. Ils s’étaient notamment rendus ensemble en Italie pour les besoins du tournage. Attentif aux questions de justice sociale, Yahya s’investit essentiellement sur des films engagés. Il réside entre la Tunisie et la France où il mène ses activités artistiques.
ABDALLAH YAHYA, 34 ans, est réalisateur. Son documentaire « Nous sommes ici » est sorti l’année dernière. Il met en lumière le quotidien des habitants de Jebel Jloud, quartier situé à quelques kilomètres de la capitale où sont concentrés chômage, misère économique et difficultés sociales. Son prochain film « Le Retour », en phase de réalisation finale, est également produit par Nasreddine Shili.
SLIM ABIDA, 33 ans est musicien bassiste, fondateur du groupe Jazz Oil. Il réside entre Tunis et Paris. Présent sur la scène musicale contestataire depuis plus de 10 ans, il travaille avec Nejib, Yahia et Mahmoud sur la bande son de leur prochain film.
MAHMOUD AYAD, 29 ans est pianiste. Il a travaillé avec de nombreuses personnalités de la scène alternative et contestataire en Tunisie.
SKANDER BEN ABID, 20 ans, clarinettiste et étudiant à l’ISEC, ainsi que deux amies étudiantes, artistes et activistes.
L’arrestation a eu lieu alors qu’ils étaient réunis pour travailler sur la musique du film de Nejib. Cette arrestation prouve encore une fois que le système sécuritaire et répressif mené par le gouvernement et la police est toujours en place. Le gouvernement actuel, qui doit sa mise en place à tous ces jeunes et moins jeunes qui ont surmonté leur peur et ont renversé le dictateur au cours de la Révolution n’a aucune reconnaissance envers le peuple tunisien et sa jeunesse active. Il spolie notre Révolution et bafoue nos droits. Nos amis se battent pour la liberté et la justice au quotidien. A travers un choix de vie qui vise à faire progresser notre société, ils ont un réel souci de l’autre et en particulier de leurs concitoyens, méprisés par le système.
Leur arrestation qui s’inscrit dans la lignée de celles de Jabeur Mejri, Ghazi Beji, Weld El 15, Klay BBJ, Nasreddine Shili vise à poignarder la liberté d’expression et la liberté de conscience au cœur. Ces libertés fondamentales semblaient acquises après le 14 Janvier. Certains députés avaient même garanti leur inscription dans la Constitution et le gouvernement se vantait d’avoir instauré un État de Droits. Nous sommes révoltés de constater toute cette injustice qui s’abat sur les jeunes Tunisiens révolutionnaires quand, en même temps, des membres du RDC sont remis en liberté, des criminels sortent des tribunaux avec des remises de peines, du sursis et que par-dessus tout, on ne sait toujours pas qui a tué Chokri Belaïd et Mohamed Brahmi.
Nous venons, par ce communiqué, revendiquer haut et fort :
– LA LIBÉRATION IMMÉDIATE ET SANS CONDITIONS DE NEJIB, YAHYIA, ABDELLAH, SLIM, YAHYA, MAHMOUD, SKANDER, AYA, AMAL, NASREDDINE, JABEUR, WELD EL 15, KLAY BBJ ET DE TOUS CEUX QUI SUBISSENT LA RÉPRESSION A L’ÉGARD DE LA LIBERTÉ D’EXPRESSION ET DE CONSCIENCE – L’ARRÊT DES PERSÉCUTIONS ENVERS LA JEUNESSE ET EN PARTICULIER CELLE QUI CONTINUE A LUTTER POUR LA RÉALISATION DES OBJECTIFS DE LA RÉVOLUTION, LE DÉMANTÈLEMENT DE L’APPAREIL RÉPRESSIF ET LIBERTICIDE HÉRITÉ DU RÉGIME DU 7 NOVEMBRE ET QUI REPOSE SUR LA COLLABORATION ENTRE LA POLICE ET LA JUSTICE .
PS: Les “8 de Lafayette” sont présentés au juge lundi et devraient passer en jugement mercredi. 8 autres personnes ont été arrêtées en même temps
Le moins qu’on puisse dire et de la manière la plus simple du monde est que ce régime ce gouvernement sont engagés dans une répression graduelle qui s’intensifie de jour en jour,alors
plus que jamais il faut les abattre et que chacun fasse de cet objectif sa priorité en faisant un peu
de ce qu’il peut faire .
SVP des news ???
RSF s’interroge sur les raisons de l’arrestation d’un groupe travaillant sur la réalisation d’un documentaire
Publié le mardi 8 octobre 2013.
Version imprimable de cet article Imprimerenvoyer l’article par mail envoyer
Un groupe de huit personnes travaillant sur la réalisation de Circulation, documentaire de Nejib Abidi, a été arrêté dans la nuit du 20 au 21 septembre 2013. Parmi elles :
Nejib Abidi, documentariste, auteur de Circulation, qui devait être diffusé au Human Screen Festival, et président de l’association Chaabi (porteuse d’un projet de radio communautaire à Tunis),
Yahya Dridi, ingénieur du son et secrétaire général de l’association Chaabi,
Abdallah Yahya, documentariste, auteur de Nous sommes ici et Le Retour, projeté lors du Human screen Festival.
Slim Abida, Mahmoud Ayad et Skander Ben Abid, musiciens travaillant sur la musique du documentaire de Nejib Abidi
Alors que ces personnes sont accusées de consommation de stupéfiants, Reporters sans frontières s’étonne que quatre disques durs appartenant à Nejib Abidi et Abdallah Yahya aient été confisqués par la police au cours de la perquisition sans qu’aucun procès verbal ne fasse référence à cette saisie.
Dans le cadre de leur intervention, les forces de police sont mandatées pour saisir les éléments nécessaires à la poursuite des investigations. Elles ne sont, en aucun cas, habilitées à s’emparer de disques durs qui sont, par ailleurs, des documents protégés par l’article 11 du nouveau code de la presse. Celui-ci dispose : “Les sources du journaliste lors de l’accomplissement de ses fonctions et les sources de toutes les personnes qui participent dans la préparation de l’information sont protégées. La confidentialité de ces sources ne peut être mise en cause, directement ou indirectement, qu’en cas de motif urgent lié à la sécurité de l’Etat ou à la défense nationale, et ce sous le contrôle juridictionnel ”.
“La disparition de disques durs contenant les rushs filmés par les documentaristes pose question. Quelque soit la procédure en cours, celle-ci ne permet pas de violer impunément le secret des sources et de saisir du matériel journalistique sans respecter les règles edictées par le code de procédure pénale,” a déclaré Reporters sans frontières, qui demande aux autorités judiciaires de libérer les quatre personnes placées en détention préventive et d’entamer, dans les plus brefs délais, une enquête sur la disparition des quatre disques durs.
Accusés de consommation de stupéfiants (délits prévus par la loi 52 / 1992, art 1, 2, 4 et 5), les prévenus ont été envoyés à la maison d’arrêt de Bouchoucha. Quatre d’entre eux ont été relâchés à l’issue de la période légale de garde à vue. Yahya Dridi, Abdallah Yahya, Slim Abida et Mahmoud Ayad ont quant à eux été placés en détention préventive à la prison de Mornaguia.
Face au juge d’instruction en charge de l’enquête, qui est toujours en cours, trois des avocats – Maîtres Koutheir Bouallegue, Ghazi Mrabet et Ramzi Jbebli- ont fait valoir le non-respect de la procédure à plusieurs niveaux, et souligné l’ambiguité née de la disparition de ces disques durs.
Selon Maître Ghazi Mrabet, “la disparition des rushs laisse planer un doute quant aux raisons qui ont conduit la brigade criminelle à intervenir nuitamment. La loi 52-1992 sur les stupéfiants pourrait avoir été instrumentalisée pour subtiliser des documents eux-mêmes protégés par une autre loi.”