La réponse de Tahar B.Hassine à la lettre de Aouididi parue sur le site de Perspectives sous le titre « Le problème n’est pas avec l’Islam, mais avec les accapareurs de l’Islam » forme un nouvel épisode dans la longue série nocturne de la gauche ministrable régie par TBH sous la supervision morale de son idole Charfi.

Après une introduction hors sujet et obscure où notre T.B.H dévoile à la fois son penchant à la provocation gratuite et sa mauvaise foi notoire vis-à-vis des islamistes, il nous (lecteurs) pris d’excuser son trouble qui n’était ni drôle ni désolant comme il s’y était attendu. C’était simplement une gauche gaucherie.

Ce qui était nouveau dans son texte est la relative acceptation du droit de la mouvance islamiste à l’existence. Merci pour cet acte créateur digne d’un dictateur déguisé. Car on se demande d’où lui vient-il le droit de décider sur le droit ou non de l’islamisme à l’existence. A moins qu’il ne se prenne pour un délivreur de visa politiques.

Puis, après une bonne définition du concept de l’éradication qui, selon lui, servait de moyen de propagande aux islamistes, il revenait sur les projets islamistes sans nous offrire la moindre référence sur quoi il basait ses réfutations qu’on ne peut qu’accepter.

Fidèles à la vielle lecture réductrice/généralisatrice consistant à résumer l’islamisme tunisien à Annhdha pour attaquer la mouvance en général, puis à généraliser ce qui se passe sous les Talibans ou le FIS pour l’appliquer en faveurs de leurs critiques, au détriment des islamistes tunisiens, et visé Annhdha en particulier, TBH et le reste de ses ’camarades’ sont l’otages d’une observation dévisagée de l’islam politique. Bien que la quasi-totalité du site de Perspectives soit plus orientée à la « propagande » anti islamiste qu’à la lutte contre la dictature de zaba, ils n’ont pas encore pu rejoindre les études les plus récentes sur l’hétérogénéité de l’islam politique pour rester à la pointe et accompagner l’acheminement d’un mouvement mondial/national en pleine gesticulation.

Parce que l’islamisme est le corollaire de l’islam et ce depuis l’éclatement de la Saqifa, on ne peut pas appliquer sur un tel phénomène ce qu’on applique à une quelconque idéologie politique à l’instar du marxisme et dérivés. Le phénomène religieux est un phénomène né pour s’éterniser, car son essence est une essence divine ou divinisée selon l’appréciation des uns et des autres, croyants et athées. De ce point de vue tant qu’il y aura islam il y aura islamisme, certes avec ces flux et reflux ses raz-de-marée et ses rabais ses hauts et ses bats, ses défaites et ses succès…etc.

Bref, cette partie de la gauche est condamnée par une mesure pragmatique ou principielle, à travailler avec l’islamisme pour un débat ouvert. Mais, au lieu de marchander ce front qui est en sa faveurs plus qu’à celle des islamistes, elle agit comme si elle est en position de force, ou comme si elle est en mesure-même de distribuer des laissez-passer démocratiques à un tel ou tel parti politique. Elle doit avant tout jeter les ponts d’un dialogue adulte en commençant par abandonner ces pages de propagandes anti-islamistes pour les remplacer par un programme de gauche pour qu’on puisse l’étudier, le critiquer et peut-être l’adhérer. On est Sûr qu’à part des rêves démocratiques meublés de mots qui ne dépassent pas le stade phonétique de liberté et de progrès économique, cette gauche ministrable n’a rien présenté. A l’instar des islamistes qui rêvent d’un projet islamique fantasmatique, elle manie des mots, des adjectifs et quelques slogans qui cachent ce que peuvent cacher les idéaux islamiques : ou bien autoritarisme laïc, dans son cas, ou bien une vraie démocratie. A vous de présenter vos programmes, de prouver, de démonter au lieu d’attaquer l’absence de projet chez les islamistes.

Pour ce qui est de son analyse sur les racines historiques de la naissance et de l’expansion de l’islamisme, TBH, parachute ce qui est en partie valable pour des cas comme Les Talibans, Ben Laden et le Wahhabisme sur des mouvements plus vieux que la politique d’ instrumentalisation de l’Islamisme par l’Amérique. Nous lui rappelons que la mouvance de la Confrérie des frères musulmans militait déjà avant l’arrivée des soi-disant progressistes et ce depuis le début du siècle dernier, 1928. Puis, si on se permet d’appliquer sa propre technique de parachutage, que dit notre TBH sur le Khomeynisme et l’antiaméricanisme du Hezbollah libanais ? Sont-ils aussi le fruit de l’autodestruction qu’avait imposé l’Amérique à ses propres intérêts en Iran et au Moyen-Orient ? Sa lecture est comme on vient de constater au début de la présente réponse, généralisatrice usant de l’amalgame et du mensonge comme arme ! Sinon comment expliquer cette insistance à omettre les différences radicales existant entre les différentes tendances de l’islamisme ? Comment expliquer cet amalgame entre représentants de l’islam ou ceux de l’islamisme ? Comment expliquer cette oscillation entre l’islamisme national et le mondial et vise versa ?

Concernant ces critiques d’Annhdha et de son leader Ghannouchi, je ne peux être que d’accord avec lui. Et c’est à Aouididi et les Nahdhaoui de donner la réponse. Cependant, la comparaison avec son idole Charfi me paraît non fondée puisque ce dernier ne s’était pas limité à de simples déclarations mais il les a dépassées pour mettre sa main dans la main ensanglantée de zaba et s’attabler avec lui dans un conseil ministériel, voire un conseil de guerre contre les islamistes. Et, quelles que soit les bonnes intentions de Charfi, sa stratégie était simplement inique car comme dit l’adage : «  faire un acte juste pour une cause injuste est injuste !  »

Juste après avoir critiqué l’essence de l’islamisme en se demandant pourquoi il n’y avait pas eu d’islamisme durant l’ère coloniale il revient sur ses propres paroles qu’il venait tout juste de lancer pour tomber dans l’une des ses contres exemples farceurs et très significatifs de sa structure mentale : il accuse les représentants de l’islamisme ou de l’islam (il ne précise pas) de collaborer avec l’occupant ; et pourtant il venait de nier leur existence-même ! Comment peut une chose appartenant au nèant colaborer avec une forme de l’existence ? Mais, si par “les représentants de l’islam ou de l’islamisme” il désignait les Cheikh ou les Zitounis, il s’agit là d’une toute autre histoire.

La partie la plus dangereuse du texte que ce TBH présente dans son ’article’ est celle qui contient le mensonge le plus falsificateur de l’histoire de la lutte nationale. Prétendant que les représentants de l’islamisme (ou de l’islam, car de son texte on ne sais plus de quoi il parle) tunisiens étaient des partisans de l’occupation française de la Tunisie par des avis juridiques (Fatwa) qui légitimaient selon notre TBH la naturalisation, notre auteur ne fait que s’enfoncer d’avantage dans la supercherie qui n’épargne rien pour noircir les pages les plus brillantes de la lutte anticoloniale des représentants de l’islam résistant. Sans donner la moindre preuve pour soutenir sa diffamation, il oubli la littérature marxiste, sa littérature, et surtout le rapport sur l’Algérie de Marx ainsi que ses échanges épistoliers avec Engels sur la nécessité de la colonisation française pour faire sortir l’Algérie « barbare » de son féodalisme vers l’étape capitaliste puis à la socialiste et enfin au très utopique rêve paradisiaque de la deuxième et terminale phase communiste où la lutte serait dirigée contre la nature afin de l’assujettir à la dictature du prolétariat.

Nous rappelons à TBH, dont la mémoire est peut-être gommée par la haine de l’islamisme ou de l’islam ou de leur représentants, que les hommes de la mosquée et l’école de Zeitouna étaient les premiers à avoir construis les bases de la lutte nationale et à former le premier parti national tunisien. As-tu oublié cher TBH que Abdelaziz Thailbi était un Zitouni qui a écrit des livres très islamiques entre autres sujets sur le projet de renaissance d’Al-Afghani ? As-tu oublié que le martyr Ali Bel Houane était l’un des écrivains prêchant le réformisme musulman dans son livre “La Révolution du doute ou la théorie de la connaissance chez l’Imam Al-Ghazali” ? As-tu oublié que celui qui a interdis la naturalisation en émettant une Fatwa le 31 décembre 1932 déclarant illicite la naturalisation, le lavage, la prière du défunt, l’enterrement dans un cimetière musulman et l’héritage des naturalisés était le grand mufti de Bizerte Cheikh Idriss Cherif ? As-tu oublié qui lui a demandé de déclarer cette fatwa qui a été appliquée après dans le reste de la Tunisie ? C’était aussi un homme de la zitouna, le martyr Habib Bougatfa par hasard, tué dans un bateau au large de l’Italie ! As-tu oublié le rôle central des Jeunes Scouts Musulmans ( kachafat Al-Chabab Al-Mouslim) dans la lutte nationale ? As-tu oublié qui a résisté contre la dérive autoritaire de Bourguiba ? Contre son abondant de Bizerte aux Français ? As-tu oublié qui étaient les Youssefistes ? Des Zeitouni, cher TBH, la quasi-totalité des Youssefistes étaient des zitounis originaires de Gafsa, de Bizerte et de Tunis (Bab Djedid), alors que les partisans de Bourguiba étaient les soi-disant progressistes, les francisants, les hommes du Sahel et de (Bab souika). C’est là que tu dois chercher la lutte ancienne entre ces deux quartier de Tunis, entre le Sahel d’un côté et Gafsa et Bizerte de l’autre. Et c’est là aussi que tu dois puiser les racines de la haine de Bourguiba envers la Zitouna et ses hommes. On sait très bien que pour certaines lectures ’progressistes’ de l’histoire de la lutte nationale, les Youssefistes appartiennent à l’aile traditionaliste et conservatrice de la Bourgeoisie nationale, opposés à l’aile dite progressiste regroupant, l’UGTT, les communistes et Bourguiba avec qui ils s’allièrent lors de l’abondant de Bizerte par son signature sur le traité de l’autonomie interne. On rappelle un article paru le 02.09.2002 sur le site de Perspectives sous le titre « Le mouvement ouvrier tunisien des origines jusqu’en 1957 »dans lequel l’auteur se livre à une lecture des plus marxisante d’une société arabo-musulmane en plein essor du Panarabisme : «  L’autonomie interne acquise en Juillet 1954, le Néo-Destour va se diviser en deux tendances : d’un côté les Partisans du Bureau Politique qui affirmant que l’autonomie interne est un pas important vers l’Indépendance et d’un autre côté les partisans du Secrétariat Général dirigés par BEN YOUSSEF qui soutenaient que l’autonomie interne est une duperie. De l’opposition politique le “Youssefisme” passe à l’action violente. Il a pu rallier à lui les éléments les plus traditionalistes ( aile conservatrice de la Bourgeoisie nationale, régionalistes, vieux destouriens etc… ) Un clivage social s’établit : d’un côté la petite bourgeoisie intellectuelle et le monde ouvrier et d’un autre côté des éléments conservateurs. l’U.G.T.T. n’hésita pas à s’allier à l’aile la plus progressiste de la bourgeoisie nationale : c’est à dire aux partisans du Bureau politique.  » donc à Bourguiba qui dès qu’il a fini son travail avec les Youssefistes il se retourna contre les communiste et l’UGTT. Ironie de l’histoire : le schéma se reproduit plus tard lorsqu’une partie de la gauche s’allia à Zaba contre les islamistes et pour finir par être elle-même traquée. Il paraît que les leçons de l’histoire n’ont jamais été retenues par une partie de cette gauche ’trop progressiste’. Ses alliances avec le régime en place ont toujours été néfastes et au pays et à ses propres intérêts politiques. C’est sur l’autel de telles alliances que les forces les plus opposées au régime ont été éliminées de la scène. On peut se demander pourquoi !

Mais, il paraît que la mémoire de TBH est courte, mensongère et partisane à la limite du dégoût au point de falsifier l’histoire de la Tunisie pour une place dans l’échiquier partisan tunisien. Quelle honte ! Vendre l’histoire de la Tunisie et de la lutte nationale pour gagner une voix ou un siège dans un avenir hypothétique !

Je m’excuse de ne pas pu répondre en langue arabe puisque je ne dispose d’un tel programme. J’aurais tant aimé répondre à notre cher TBH dans un arabe d’un islamy de la hamza à la yé de l’éloquence.

P.S : Que mes remarques sur les « conflits » entre Sahel, Gafsa et Bizerte ou ceux existant entre certains quartiers de la capitale ne soient pas interprétées selon la logique régionaliste pour semer une zizanie qui a déjà un actif vieux de 50 ans. Il s’agit simplement de mettre l’index sur des faits historiques qui ont été gommés par une certaine lecture de l’histoire tunisienne en faveurs du Sahel et au détriment du reste de la Tunisie. Le régionalisme est un mal qui a marginalisé et les faits de l’histoire et des régions entières du pays. Faire semblant de négliger ce constat, qui régie encore la Tunisie sous le seul règne du Sahel, sous prétexte d’une unité nationale illusoire, ne fait que perdurer l’état d’injustice actuel dont sont victimes tous les Tunisiens, les plus isolés en particulier.