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La dernière livraison du jeune photographe Fabrice Monteiro intitulée : The Prophecy, est un cri d’alarme.

Elle met en scène ce qui ne peut plus durer avec cette « modernité » que d’aucuns veulent nous imposer et qui engendre un véritable chaos non seulement sur notre continent l’Afrique, mais aussi sur tous les continents.

Cette mort annoncée, si l’on ni prête garde, de notre civilisation humaine qui crève littéralement de ce mode de vie imposé par le capitalisme mortifère.

Cette série de photos est un véritable coup de poing. Bien sûr l’artiste esthétise son uppercut visuel. Il utilise tous les ingrédients de la création pour mieux appuyer là où ça fait mal.

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Les neufs clichés ont été réalisés à Dakar, la capitale sénégalaise, mais on peut les transposer dans toutes nos mégapoles africaines.

Que ce soit pour dénoncer la montée des eaux, que ce soit pour montrer cette monstruosité que constituent les déchets plastiques, que ce soit la pollution, que ce soit la déforestation, la liquidation de nos ressources halieutiques. N’importe quel africain peut se reconnaître dans ces images chocs.

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Son cri d’alarme peut être entendu sur les côtes tunisiennes souillées par les rejets ménagers et industriels et dont l’association SOS BIAA (4) récence quotidiennement les dégâts mortels.

Comme pour certaines caricatures, telles celles de notre ami Z du blog DEBATunisie, telles les chroniques de Nicoles Ferroni , les photos de Fabrice Monteiro valent mieux que mille discours… Elles vont à l’essentiel, sans chichi, ni maniérisme. Elles relèvent de la mise en garde prophétique.

Mais elles ont aussi une autre fonction.

A celles et ceux qui nous bassinent sur l’incapacité de l’Afrique de se représenter, les photos de Fabrice Monteiro comme ceux d’Omar Victor Diop et bien d’autres encore, nous indiquent que nous sommes en face d’une révolution picturale et esthétique mise en oeuvre par les propres enfants de ce continent.

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Et comme toute les révolutions, celle là, n’en déplaise aux “complotistes”, est le fruit d’un développement inégal et combiné.

Nous autres, africains, avons saisi les instruments les plus avancés pour nous représenter; ici c’est la photo, ailleurs c’est le cinéma, la vidéo, le théâtre ou la musique.

Nous sommes en pleine révolution à l’échelle continentale. 
Nous sommes pleinement à même d’utiliser, pour paraphraser Léon Trotsky, la Winchester de l’art après avoir épuiser les capacités de nos tirs à l’arc…. 

Et ce n’est qu’un juste retour des choses. L’art pictural contemporain a été totalement chambouler par la découverte des arts premiers Africain et Océanique.


Nous ne nous contenterons pas de reproduire l’art premier, le tir à l’arc, même si des artisans peuvent en tirer une subsistance. Nous sommes déjà à l’affût des dernières inventions et trouvailles pour nous exprimer avec les nouvelles Winchesters…
Et cela en une génération…. 
Gares à ceux qui veulent freiner notre chambardement, ils sont vaincus d’avance. Nous avons déjà gagné la bataille démographique: un milliard d’africains, alors qu’au début de la colonisation au milieu du XIXe siècle, notre continent stagnait, à cause du génocide esclavagiste, autour de 100 millions… Nous avons gagné celle de l’éducation: c’est par centaines de milliers que se comptent les diplômés maintenus au chômage à cause du “charcutage” frontalier colonial…

Rien qu’en Afrique du Nord on compte aujourd’hui pour les trois Etats : Tunisie, Algérie, Maroc : 1 300 000 chômeurs diplômés… Et la situation est similaire en Côte d’Ivoire, au Nigéria ou bien en Afrique du Sud…
Nous sommes en train de gagner la bataille de la représentation et l’auto-glorification: “African is beautiful”.

Bien sûr que le chemin est difficile et nous avançons à tâtons, en déchiffrant les hiéroglyphes de notre émancipation. Bien sûr que certains ont tendance à vouloir continuer à guerroyer avec des arc et des flèches face à des ennemis qui ont la pleine possession de la Winchester. Ils ont les yeux fixés sur un passé soit glorieux (les civilisations africaines, l’Islam africain), soit qui pèse par la dureté des oppressions subies (esclavage, colonisation). Ceux-là oublient que nous sommes aussi le fruit de cette histoire et de cette pâte dont sont faites toutes les civilisations.

Est-ce qu’il viendrait à l’esprit d’un philosophe africain de rejeter l’apport grec en soutenant que seuls nos philosophes dont les griots portent la mémoire sont dignes d’être étudier et appris?

Est-ce qu’il viendrait à l’esprit d’un scientifique de rejeter les apports des sciences modernes, par exemple en matière médicale, pour ne privilégier que nos traditionnelles concoctions et notre médecine traditionnelle dont il est impératif de sauvegarder la mémoire et la pratique?

Nous le voyons tous les jours, nous sommes dans l’obligation de nous battre contre de adversaires nationaux et internationaux.

Gagnons la bataille de la lutte contre toutes les formes de pollution et d’irrémédiable destruction de notre flore et notre faune.

Gagnons la bataille de la libération des griffes de la domination étrangère et transformant notre continent en : “Africa For Rêveurs”…. Nos artistes nous montre la voie.